Atelier présenté dans le cadre du Symposium sur la déficience auditive et sur la déficience visuelle.
L’atelier ambitionne de sensibiliser à l’accès à l’image par le toucher en exposant les questionnements à la base de la recherche en cours à l’Université du Québec à Montréal, en présentant la démarche, l’évolution et les ambitions du projet.
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Accès au matériel graphique par le toucher – Atelier présenté dans le cadre du Symposium sur la déficience auditive et sur la déficience visuelle.
Plan de déroulement de l’atelier
Présentation
Titre
Distinctions entre le braille et le graphisme tactile
L’image pour le non-voyant
Quelques données historiques
Le projet global de recherche sur la normalisation du braille
Le projet spécifique de recherche sur la normalisation du graphisme tactile
Les expérimentations
Les problèmes et défis de la recherche
Graphtact : son potentiel, ses limites
L’analyse et l’interprétation de l’image visuelle et sa transposition tactile
Présentation
L’atelier ambitionne d’introduire à l’accès à l’image par le toucher en exposant les questionnements à la base de la recherche en cours à l’Université du Québec à Montréal, en présentant sa démarche, son évolution et ses ambitions.
Au nombre des questionnements qui aiguillonnent le travail, citons :
Pourquoi donner accès à l’image aux aveugles?
Comment transposer une image visuelle en image tactile?
Comment produire le matériel pictural tactile?
Pourquoi chercher à normaliser une telle production? Etc.
Titre
Le titre de l’atelier, Accès au matériel graphique par le toucher, exprime clairement l’ambition du projet de recherche, soit de permettre aux élèves non-voyants de procéder à leurs apprentissages en classe avec le matériel scolaire utilisé, soit les manuels qui regorgent d’images.
Distinction entre le braille et le graphisme tactile
Tout matériel destiné à être exploré par le toucher répond parfaitement à l’appellation générale « matériel tactile ». Sous cette appellation générale, il me paraît de plus en plus important d’établir une distinction entre le braille (versus le matériel visuel de nature alphabétique et numérique destiné à être lu) et le graphisme tactile (versus le matériel de communication autre que alphabétique et numérique).
Le braille
Le braille est traditionnellement défini comme « le système de lecture et d’écriture développé essentiellement en fonction d’une perception tactile »1.
Le braille est un système « Ensemble de pratiques, de méthodes (…) formant à la fois une construction théorique et une méthode pratique »2, fortement structuré dont l’unité constitutive, la cellule, régit tous les aspects. La composante de base de la cellule est le point. C’est donc l’agencement des points à l’intérieur du cadre de la cellule, points tactilement identifiables, qui a permis de définir 64 caractères distincts.
Gardons bien en mémoire que le système alphabétique et numérique braille peut reproduire fidèlement le matériel de même nature en imprimé sans reproduire graphiquement la même image. La graphie de l’alphabet visuel et la graphie de l’alphabet braille sont fondamentalement différentes. Les deux alphabets communiquent pourtant exactement le même message.3
Le graphisme tactile
Toute réalisation tactile non textuelle, donc qui n’a pas comme unité constitutive la cellule braille, ne devrait pas se référer, dans son appellation, en tout cas, au braille. Le système braille existe. Il est connu, répandu et reconnu. La technologie de pointe a même adoptée sa structure fondamentale, la cellule, y compris ses proportions.4 Par contre, le système de représentation tactile de l’image et de son décodage n’existe pas. Il est à bâtir. Voilà pourquoi je réserve le mot « braille » aux environnements dont chaque caractère a une signification autonome (environnement littéraire, musical, mathématique, etc.), alors que je désigne tout matériel imagé, graphique, non textuel, décodable par le toucher, par des expressions telles que « graphisme tactile », « image tactile » etc. Je recommande qu’une telle distinction entre le braille et le graphisme tactile se généralise. Je recommande parallèlement d’oublier l’expression « braille graphique ». Cette expression est confuse et même, me semble-t-il, porteuse d’une antithèse.
L’image pour le non-voyant
Pourquoi donner accès à l’image aux aveugles? Voilà une question qui crée souvent un certain malaise. Des échanges passionnants pourraient se développer autour de cette interrogation. Cependant, restons à un niveau très pragmatique, directement lié à notre environnement professionnel: éducatif et pédagogique.
Des chercheurs tels que Nolan et Morris ont observé, lors d’études qui remontent au début des années 1960, que les enfants aveugles ont un bagage déficient des concepts géographiques de base. Les chercheurs attribuent cette déficience au manque d’apprentissage de la lecture du matériel tactile.
L’aveugle a donc besoin de prendre contact avec l’image afin de connaître, d’assimiler et d’intégrer diverses réalités, diverses représentations de l’univers. Pour lui, l’accès à l’image passe par le canal du toucher pour déclencher une perception de l’image, soit, une interprétation de l’objet ou de l’espace touchés. L’image tactile vient donc enrichir le bagage de représentation mentale de l’individu. Elle contribue parallèlement à son éducation sensorielle.
Pour être décodables par le toucher, les images doivent être de grande qualité au niveau de la lisibilité. Cela implique :
le respect des caractéristiques tactiles,
la clarté du format,
la précision de l’information communiquée,
la standardisation de la production.
Le matériel didactique étant de plus en plus élaboré à partir d’une approche visuelle, les jeunes handicapés visuels étant en situation d’intégration scolaire, l’image en relief n’est plus un souhait, elle est une nécessité.
Pour faire un premier pas dans le domaine de l’image, du graphisme pour les non-voyants, il faut d’abord accepter de considérer des aspects tels que:
la représentation de l’image sous une forme autre que visuelle,
son apport dans l’univers de la non-voyance,
la représentation mentale de l’image chez le non-voyant,
le potentiel d’éveil, de développement et d’enrichissement de cette représentation,
les différences entre l’approche visuelle et l’approche tactile de l’image, leurs caractéristiques perceptuelles.
Quelques données historiques
Le braille n’a vu le jour qu’au XIXe siècle. Mais n’oublions pas que la première tentative pour créer un langage tactile fut l’embossage des caractères tels qu’ils apparaissaient dans l’imprimé. Après un très long cheminement sur cette voie, le système braille est né, s’est développé et répandu.
Il est intéressant de constater que nous semblons engagés, initialement du moins, dans une démarche apparentée avec la représentation tactile de l’image. Comme les variables de l’image sont infiniment plus nombreuses que celles de l’alphabet romain, la route vers l’élaboration d’un système de traitement de l’image s’annonce longue et sans doute très difficile.
Les méthodes de production de dessins en relief vont du tracé en relief sur une simple planche à dessin aux logiciels graphiques. Entre ces extrêmes, Poly Edman5 décrit plus d’une quinzaine de procédés dont le collage, le thermoformage et le microcapsule paper sont sans doute les plus connus. Deux technologies ont marqué la production du graphisme tactile au cours des 30 dernières années. Le thermoformage dont la première machine fut construite en 1962; elle rendit possible la reproduction précise de matrices de lignes en relief. Le Catgrad System inventé par John Gill en 1972, premier système de dessin tactile assisté par ordinateur. Si la première technologie est toujours en usage, la seconde a été assez rapidement abandonnée après avoir permis de réaliser des matrices de haute qualité.
Des expérimentations faites par divers chercheurs n’ont pas encore abouti à des consensus quant à la confection du matériel tactile, sauf le fait que le tracé convexe permet un meilleur décodage que le tracé concave. Par conséquent, aucune règle strictement définie n’existe pour guider la production de graphiques tactiles non textuel. Au cours de la dernière décennie, des guides de production ont vu le jour mais, comme le précise le chercheur Murphy,6 il ne s’agit là que de guides ne pouvant garantir la qualité du matériel.
Le projet global de recherche sur la normalisation du braille
Au début des années 1980, le ministère de l’Éducation du Québec commence à financer la production de matériel en braille, d’abord pour les étudiants du niveau universitaire, puis, progressivement, pour les élèves des niveaux primaire et secondaire. La production accrue de documents didactiques en braille révèle une carence : l’absence d’uniformité dans les modalités du traitement du texte imprimé lors de sa transcription en braille. De cette constatation naît le besoin de standardisation.
En 1985, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la science s’implique dans le processus de normalisation et commence à subventionner des projets de recherche qui conduisent en 1989, à la publication du premier tome du Code de transcription de l’imprimé en braille. Cet ouvrage, instrument unique de références en langue française, est officiellement lancé au Québec en mai 1990 et en France en octobre 1991.
Dès lors s’est engagée une étape d’implantation et de formation des transcripteurs et des utilisateurs, ainsi qu’une révision en vue d’une seconde édition de l’ouvrage.
Avec le premier tome, le Code de transcription de l’imprimé en braille n’a pas couvert l’ensemble des éléments à normaliser pour assurer un maximum de précision et de qualité lors de la transcription en braille. C’est pourquoi, depuis janvier 1990, nous sommes engagées dans la phase II du processus de normalisation du braille. Au nombre des éléments à standardiser, il y a, entre autres, les notes et références, la couleur et le graphisme tactile. C’est le graphisme tactile qui mobilise présentement toutes les énergies.
Le projet spécifique de recherche sur la normalisation du graphisme tactile
L’objectif ultime du projet global de recherche en est un de normalisation. Le graphisme tactile est donc l’un des sujets qui doit satisfaire à cet objectif. Pour bien saisir la problématique de la normalisation du graphisme tactile, il peut être utile de lui opposer celle de la normalisation du braille.
Cette dernière consiste à définir, au moyen de conventions, les conditions de la pratique du braille dans différents cadres d’opérations, cadres tantôt analogues à ceux de l’imprimé, tantôt nécessitant une adaptation. La normalisation du braille se fait à partir d’un système déjà fortement structuré. En fait, ce n’est pas le braille qui fait véritablement l’objet de normalisation, mais essentiellement le format dans lequel on doit l’insérer. À cela s’ajoute, bien sûr, la recherche de solutions à des réalités auxquelles Louis Braille n’a pas été confronté lors de la conception de son système.
La normalisation du graphisme tactile pose un problème d’une tout autre envergure. Le système à partir duquel une image peut être tactilement décodée n’existe pas.
Rappelons que le graphisme tactile désigne toute représentation sur une surface d’une image permettant un décodage par le toucher. Cette représentation doit être constituée, à la base, de composantes offrant sinon un jeu de reliefs du moins un relief.
Au nombre des éléments de la problématique du graphisme tactile, ne citons que:
l’importance du ou des reliefs,
leur gradation,
la distance minimum entre les lignes et les points,
la pertinence de représenter le volume et la perspective,
les limites du décodage tactile (complexité de l’image),
les critères de l’analyse de l’image en vue de la reproduction et de l’adaptation en mode tactile,
l’équipement qui générera adéquatement le matériel tactile.
Les objectifs du projet sont:
établir des normes pour la production du matériel graphique en mode de décodage tactile;
constituer une banque informatisée d’éléments graphiques répondant aux normes définies.
Au nombre des éléments à considérer dans la problématique du graphisme tactile, j’ai mentionné l’équipement qui générera adéquatement le matériel tactile. Dans le cadre du projet, j’ai expérimenté l’imprimante braille, l’imprimante Pixelmaster (imprimante à jet d’encre solide) et je collabore au développement de Graphtact, une table traçante avec reliefs qui permet d’expérimenter et suscite de l’espoir. Le prototype Graphtact
Les expérimentations
Dans le cadre du projet de recherche, nous avons déjà réalisé trois expérimentations auprès de groupes de jeunes en milieu scolaire: juin 1991, mai 1992 et juin 1992.
L’objectif commun aux trois expérimentations: observer et mesurer les réactions des sujets au matériel tactile soumis.
Pour chacune des expérimentations, le matériel soumis à l’examen des sujets était constitué de séries de figures en relief produites à l’aide de l’imprimante à jet d’encre solide PixelMaster. L’examen de chaque figure était piloté par une succession de questions. Chacune de ces expérimentations était encadrée par un protocole minutieux de déroulement.
Les critères de sélection des sujets étaient les suivants:
être actuellement aux études soit au 2e cycle du niveau primaire soit au 1er ou au 2e cycle du niveau secondaire soit au niveau collégial;
n’avoir aucun autre handicap que la cécité;
utiliser le braille comme mode régulier de travail (lecture et écriture) depuis au moins deux ans.
Première expérimentation Tactile Graphics in Braille texts (en français)
Objectif: Vérifier l’habileté à différencier tactilement les divers reliefs des lignes horizontales, verticales et obliques.
Les paramètres alors évalués étaient : le relief, le papier, les droites et leurs angles.
25 sujets ont participé à cette expérimentation en provenance de 11 institutions scolaires québécoises.
Le matériel d’expérimentation était constitué de 42 figures dont chacune était composée d’un groupe de 3 lignes en relief.
Cette expérimentation a été élaborée à partir de 5 hypothèses:
(a) le relief minimum produit par l’imprimante PixelMaster (0,045 mm) est tarctilement reconnaissable;
b) plus le relief est accentué, plus la reconnaissance tactile est rapide;
c) l’orientation des lignes n’interfère pas avec la perception du relief;
d) il est possible de distinguer les 3 niveaux de relief de lignes réalisables avec l’imprimante PixelMaster;
e) la qualité du papier influence la perception tactile du relief des lignes: sur papier satiné la perception tactile est plus facile et, par conséquent plus rapide.
Quelques résultats à retenir:
Le relief minimum (0,045 mm) est tactilement reconnaissable.
Les trois niveaux de relief de lignes (0,045 mm 0,085 mm 0,225 mm) sont perçus.
L’hypothèse qui veut que plus le relief est élevé, plus la reconnaissance est rapide, a été infirmée.
La composition linéaire de relief minimum est reconnue le plus rapidement.
Les taux moyens de réussite avoisinent 95%.
Le taux moyen d’erreurs par sujet est peu élevé; les erreurs sont concentrées chez quelques sujets.
Deuxième expérimentation
Objectif: vérifier l’habileté à différencier tactilement trois formes géométriques: le cercle, le carré et le triangle équilatéral.
Les paramètres observés sont: le relief, les formes géométriques de base: le carré, le cercle et le triangle de tailles différentes.
36 sujets ont participé à cette expérimentation en provenance de 18 institutions scolaires québécoises.
Le matériel d’expérimentation était constitué de 45 figures dont chacune était composée soit de une soit de deux soit de trois formes géométriques en relief.
Quelques résultats à retenir: l’identification de la forme a été réussie à 98,63% : cercle 100% triangle 99,1% carré 96,8%.
Temps moyen d’identification d’une forme: 3,93 secondes.
Parmi les formes, le carré a occasionné le plus haut taux d’erreurs. Cause pressentie: contrainte mécanique de l’imprimante.
La reconnaissance de l’homogénéité ou de l’hétérogénéité des reliefs en présence est de 90,74%. Temps moyen de réponse: 6,22 secondes.
Les plus petites formes sont identifiées le plus rapidement.
Un phénomène intrinsèque d’apprentissage est observé via l’accélération du temps de réponse.
Le relief n’influence que ponctuellement l’identification de la forme.
L’identification d’une forme sur la base de son emplacement (ou de sa taille) est réussie au delà de 98%.
Le repérage de l’emplacement d’une forme sur la base de son relief est de 86,65%.
Une moyenne de 4,56 secondes a été consacrée à l’identification de la position de la forme ayant un relief spécifique.
Troisième expérimentation
Objectif: vérifier l’habileté à différencier tactilement des textures de surface.
Les paramètres observés sont: les textures (six), les surfaces texturées (trois), le relief.
39 sujets ont participé à cette expérimentation en provenance de 19 institutions scolaires québécoises.
Le matériel était constitué de 39 figures dont chacune est composée de surfaces texturées: soit d’un ensemble de huit carrés, soit d’un carré, soit d’un cercle.
Quelques résultats à retenir:
La reconnaissance de l’homogénéité ou de l’hétérogénéité des textures présentées simultanément est de 95,3%.
L’identification correcte du nombre de textures présentes est de 50%; le pointage de chacune est de 46%.
Plus grand est le nombre de textures présentes, plus difficile est l’estimation exacte du nombre. La sous-estimation est beaucoup plus fréquente que sa surestimation.
Plus accentué est le relief, meilleure est l’estimation du nombre de textures.
Les problèmes et défis de la recherche
Selon Murphy, nous avons encore besoin de trois choses pour produire des graphiques tactiles utiles:
des lignes directrices pour le tracé de graphiques signifiants et efficaces;
des lignes directrices pour aider les éducateurs à enseigner aux enfants comment utiliser le matériel graphique tactile;
des systèmes qui assurent la création de graphiques tactiles de grande qualité.
Notre projet vise à satisfaire deux de ces trois besoins.
Fondamentalement, cinq domaines d’études devront être impliqués dans la recherche et le développement du graphisme tactile: la psychologie, l’éducation, la cartographie, l’ingénierie et les sciences informatiques.
À cause de la carence des données relatives au processus de perception tactile, à cause de la non disponibilité d’équipement permettant une production à la fois satisfaisante et performante pour la réalisation d’images tactiles, à cause aussi du trop petit nombre de chercheurs qui gravitent autour de ce champ très spécialisé dans diverses disciplines, il faut être patient mais aussi confiant.
Les besoins de recherche sont immenses:
disposer de systèmes de références sensoriels;
ancrer des méthodes d’analyse visuelle, de présentation, d’adaptation et de lecture tactile de l’image;
élaborer des pédagogies nécessaires à la formation des lecteurs, des producteurs et des éducateurs, etc.
Voilà pourquoi il faut souhaiter un élargissement du champ de recherche.
Lorsque nous parlons du futur du graphisme tactile, explique Murphy, nous pensons fondamentalement à deux objectifs: l’avenir du « langage » et l’avenir des méthodes de production. L’avenir du « langage » proviendra des travaux en psychologie et en éducation au cours des prochaines décennies. Il est envisageable que le langage du graphisme tactile sera, un jour, aussi stable que d’autres. L’avenir des méthodes de production émergera des travaux d’ingénierie qui rencontreront les besoins de production du milieu de la recherche. Ce processus d’évolution engendrera des règles semblables à celles qui régissent toute langue. De telles règles permettront la création de systèmes de production performants et faciles à utiliser.
Graphtact: son potentiel, ses limites
Non satisfait du potentiel graphique de l’imprimante braille, et abandonné par les producteurs de l’imprimante PixelMaster, le projet de recherche s’est adjoint une équipe technique de développement. C’est ainsi qu’est né Graphtact. Le prototype Graphtact
Minimalement, ce que je demande à Graphtact, c’est de retrouver les forces de l’imprimante à jet d’encre solide Pixelmaster Tactile Graphics in Braille Texts, Tactile Graphics in Braille Texts (en français) et de pallier ses limites dans le sens suivant :
Étendre la gamme des reliefs au delà de 0,225 mm (actuellement, les trois reliefs sont les suivants : 0,06 mm, ,15 mm, ,27 mm);
Générer des lignes continues de texture homogène;
Conserver le relief d’une ligne indépendamment de sa largeur;
Utiliser le papier braille avec ses caractéristiques d’épaisseur, de rigidité et de taille.
L’analyse et l’interprétation de l’image visuelle et sa transposition tactile
À cette étape, je désire vous faire expérimenter l’analyse d’images, étape préparatoire à la planification d’une réalisation tactile de la même image.
Mais d’abord il faut bien établir et intégrer la différence fondamentale entre le décodage visuel et le décodage tactile de l’image. Le décodage visuel est initialement global, puis, au besoin, analytique. Le décodage tactile est progressif. L’image se construit par éléments successifs. Le processus du décodage tactile peut faire penser à la réalisation d’un casse-tête dont on ne connaît pas le thème ou le sujet. Cette différence incontournable d’approche perceptuelle impose une méthodologie spécifique que nous allons éprouvée.
Quelques conseils:
Si le contraste élémentaire est important dans toutes présentations graphiques, il l’est certainement encore davantage dans les dessins tactiles.
L’image tactile ne peut être lue comme la compilation d’éléments qui sont saisis comme un ensemble puis analysés séparément, mais comme une compilation d’éléments qui, après un examen soigneux, permet l’émergence d’une conception globale.
Parce que nous connaissons si peu au sujet des limites de la perception tactile, il est souvent suggéré que la densité de l’information soit minimum dans le design des diagrammes tactiles. Pour l’instant, c’est une règle raisonnable à suivre. Nous devons aussi nous rappeler que les lecteurs aveugles de cartes et de graphiques sont à la fois non entraînés et non expérimentés.
Sans égard aux méthodes de production, la cohérence du tracé est toujours entre les mains de celui qui confectionne le matériel.
Ne pas abuser des agrandissements (le balayage est alors plus long).
Être vigilant avec les logiciels d’agrandissement d’images; il n’est pas toujours nécessaire, par exemple qu’une flèche sur un plan cartésien soit aussi agrandie que le plan lui-même. etc.
Respecter le potentiel (y compris les limites) de l’acuité du toucher.
Prioriser la compréhension du contenu.
Réaliser que les lecteurs aveugles ne peuvent comprendre la perspective et la 3e dimension de la même façon que les voyants.
Les défis imposés par les manuels scolaires en usage: quelques illustrations
La suite de l’atelier est consacrée à l’examen et à l’analyse de quelques pages de manuels scolaires dans le but de soumettre les participants à la prise de conscience des défis à relever pour trouver les meilleures solutions pour que les enfants non-voyants intégrés dans une classe puissent accomplir les tâches demandées à l’aide du matériel tactile judicieusement adapté.
Tenter, en examinant les pages soumises, de faire l’inventaire des composantes visuelles présentes, de les mettre en relation avec les objectifs pédagogiques spécifiques visés, de départager les éléments visuels essentiels des éléments non essentiels à la tâche pédagogique demandée, d’esquisser des propositions d’adaptation.
FLG1, 4e édition, mathématique au primaire avec résolution de problèmes, 1ère année / Montréal, Les Éditions HRW ltée, 1990, p. 14.
Croisières mathématiques 1, tome I / Montréal, Guérin, 1993, p. 36
Croisières mathématiques 1, tome I / Montréal, Guérin, 1993, p. 37
Croisières mathématiques 1, tome II / Montréal, Guérin, 1993, p. 8.
Mathématique soleil 5, option II tome I / Montréal, Guérin, page 180
Mathématique soleil 5, option II tome I / Montréal, Guérin, page 205
Espoir
À la suite de ce trop bref regard analytique de quelques-unes des pages de manuels de mathématiques à partir desquels l’apprentissage s’organise au quotidien au sein des classes fréquentées par tous les élèves, y compris les élèves non-voyants, j’espère avoir suscité la prise de conscience de l’ampleur du défi que pose l’adaptation tactile des manuels conçus dans une optique de pédagogie par l’image. J’espère également avoir démontré l’importance d’une normalisation à élaborer, à implanter et à généraliser.
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Nicole Trudeau Ph.D.
Agente de recherche
Chargée de l’ensemble du projet de recherche sur la normalisation du braille et du graphisme tactile
Université du Québec à Montréal
Texte non publié présenté dans le cadre du Symposium sur la déficience auditive et sur la déficience visuelle, Longueuil, 18-20 octobre 1994 / Atelier 20: Accès au matériel graphique par le toucher, présenté et animé par Nicole Trudeau Ph.D. le 19 octobre.
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Notes:
1 Gouvernement du Québec, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science, Code de transcription de l’imprimé en braille tome 1 / dépôt légal quatrième trimestre 1989, ISBN 2‑550‑20270‑8, p. 6.
2 Petit Robert, 1988.
3 Murfy, Paul / The Microcomputer and Tactual Graphics / in Closing the Gap, 8 3 (August Septembre) 1989, pp. 14-15, pp.36-37.
4 Mesures moyennes:
diamètre du point Braille 1.52 mm
hauteur du point braille 0.43 mm
distance interpoints 2.28 mm
distance intercellules 4.07 mm
distance interlignes 5.59 mm
Mousty, Philippe / La lecture de l’écriture braille: patrons d’exploration et fonctions des mains / Thèse de doctorat, Université libre de Bruxelles, 1986.
5 Edman, Polly K. / Tactile Graphics / New York: American Foundation for the Blind, 1992. xv, 525 p.
6 Schiff et Folke / Tactile Perception: a Sourcebook, The Aids and Appliences Review publié par Carroll Center for the Blind.
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Publications de Nicole Trudeau Ph.D. sur le braille et sur le graphisme tactile
INFO-RAAQ Bulletin du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec(RAAQ) / Vol. VI, no 7, novembre 1984, pp. 4-6 / Nicole Trudeau Ph.D. / Transcription braille au Québec, réaction à la lettre de Monsieur Normand Giroux.
Publié également dans : Carrefour braille / Publication en braille / vol. 16 no 9 novembre 1984, feuillet 6. / Nicole Trudeau Ph.D. / Transcription braille au Québec, réaction à la lettre de Monsieur Normand Giroux.
INFO-DOC Bulletin du centre de documentation de l’Institut Nazareth et Louis-Braille avec la collaboration de l’École Jacques-Ouellette / Printemps 1987, Volume 3, Numéro 1, pp. 3-6 / Nicole Trudeau Ph.D. éditorialiste invitée / Un défi pour le braille ou pour ses amis et ses utilisateurs ?
INFO-DOC Bulletin du centre de documentation de l’Institut Nazareth et Louis-Braille avec la collaboration de l’École Jacques-Ouellette / Printemps 1987. Volume 3 Numéro 2, pp. 3-7 / Nicole Trudeau Ph.D. Éditorialiste invitée / Le braille dans la francophonie Quand? Comment ? et Pourquoi?
Gouvernement du Québec, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science, Direction générale de l’enseignement et de la recherche universitaire, Normes relatives au braille littéraire: Modalités d’utilisation de certains symboles (Fascicule XI); Les tableaux (Fascicule X); Les colonnes (Fascicule IX); Les encadrés (Fascicule VIII); Le point (Fascicule VII); Les différents caractères d’impression (Fascicule VI); 1987-1989.
Gouvernement du Québec, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science / Code de transcription de l’imprimé en braille tome 1 / dépôt légal quatrième trimestre 1989, / ISBN 2‑550‑20270‑8 / 375 pages.
INFO-RAAQ Bulletin du regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 12, no 4, juillet-août 1990 pp. 15-17; édition en braille, pp. 22-26 / Volet Éducation / Texte de présentation de Nicole Trudeau lors du lancement du Code de transcription de l’imprimé en braille le 11 mai dernier.
World Congress on Technology Conference Proceedings / 1-5 decembre, 1991, Arlington Virginia / vol. 4 pp. 382-400 / Nicole Trudeau Ph.D. et Colette Dubuisson Ph.D. / Tactile Graphics in Braille Texts / Tactile Graphics in Braille Texts (en français) / (Texte non publié mais qui a inspiré la communication en anglais présentée au World Congress on Technology 1-5 décembre 1991, Arlington Virginia).
Institut Louis-Braille, Institut Nazareth / Conventum 1991, album souvenir / pp. 24-26 / Édition en braille pp. 45-50 / Nicole Trudeau Ph.D. / Une première dans la francophonie internationale.
INFO-RAAQ Bulletin du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 14, no. 5: Septembre – Octobre 1992 pp. 16-20 / Nicole Trudeau Ph.D. / Une volonté d’accroître la précision du contenu.
INFO-RAAQ Bulletin du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 14, no. 5 / septembre – octobre 1992, pp. 14-16 / Volet éducation / Nicole Trudeau Ph.D. / Le braille et l’intégration.
INFO-DOC Bulletin du Centre d’information typhlophilique de l’Institut Nazareth et Louis-Braille avec la collaboration de l’École Jacques-Ouellette / Vol. 6, no 1, 3e trimestre 1992, pp. 114-118 / Nicole Trudeau Ph.D. / Code de transcription de l’imprimé en braille, tome 1 lancement à Paris le 1er octobre 1991 à la résidence du délégué général du Québec à Paris, Monsieur André Dufour, et en présence de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Science du Gouvernement du Québec, Madame Lucienne Robillard.
INFO-RAAQ Bulletin du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 14, no. 6, Novembre – Décembre 1992 pp. 22-26; édition en braille pp. 23-29 / Nicole Trudeau Ph.D. / Au service de la navigation tactile.
INFO-RAAQ Bulletin du regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 15 no 1, janvier-février 1993 / pp. 26-28 / édition en braille pp. 29-32 / Nicole Trudeau Ph.D. /Au service de la navigation tactile (suite).
RÉADAPTATION, no 396, janvier 1993, pp. 30-32 / Nicole Trudeau Ph.D. / Vers la normalisation du graphisme tactile.
Le curseur Le journal d’information de Visuaide 2000 / Février 1993 vol. 1 no 3, édition en braille pp. 2-8 / Nicole Trudeau Ph.D. / La normalisation du graphisme tactile.
INFO-RAAQ Bulletin du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) / Vol. 15, no. 3, mai – juin 1993 / Volet Éducation, pp. 9-12, édition en braille: pp. 9-13 / Nicole Trudeau Ph.D. / Les abréviations: leurs fonctions et traitements.
INFO-DOC Bulletin du centre d’information typhlophilique de l’Institut Nazareth et Louis-Braille avec la collaboration de l’École Jacques-Ouellette / Vol. 6, no 2, 3e trimestre 1993, pp. 61-63 / Nicole Trudeau Ph.D. / Sommaire de l’ouvrage: Edman, PoLy K. Tactile Graphics.
Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ) / Actes du colloque scientifique international: Élargir les horizons: perspectives scientifiques sur l’intégration sociale / 18-20 novembre 1992, Montréal, Québec / Éditions Multimondes, juin 1994, pp. 887-900 / Nicole Trudeau Ph.D. / La décennie de la réappropriation du braille par les aveugles et de la revalorisation du sens du toucher.
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Sur des sujets apparentés:
De l’imprimante braille à Graphtact
From the Braille Printer to Graphtact
Technological Tools and Challanges in the Tactile Adaptation of Images
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Analyse de l’image visuelle, étape incontournable avant son adaptation tactile
De l’image visuelle vers l’image tactile
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