Une première dans la francophonie internationale

Le 11 mai 1990, le représentant du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Science du gouvernement du Québec procédait au lancement d’un ouvrage unique dans le contexte de la francophonie internationale: le Code de transcription de l’imprimé en braille.

***

Une première dans la francophonie internationale

Le 11 mai 1990, le représentant du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Science du gouvernement du Québec procédait au lancement d’un ouvrage unique dans le contexte de la francophonie internationale: le Code de transcription de l’imprimé en braille.

Cet ouvrage rend implicitement hommage au génie de Louis Braille, à son audace, à son sens de l’innovation et à son désir de contribuer à l’éducation et à l’épanouissement des aveugles.

En effet, ce document fait la preuve que le système de lecture et d’écriture de Louis Braille (dont la version définitive a été publiée en 1837 sous le titre: Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points à l’usage des aveugles et disposés pour eux) recèle un potentiel extraordinaire d’adaptation aux besoins, exigences et pratiques de notre époque.

La gestation de l’idée d’un code pour standardiser le traitement des ouvrages de langue française lors de leur transcription en braille, l’élaboration, la réalisation et la diffusion du Code de transcription  de l’imprimé en braille prouvent bien, s’il en est besoin, que le visionnaire Louis Braille a, une fois de plus, gagné son pari. C’est d’ailleurs dans le plus grand respect de l’essence de son système et de sa volonté de doter les aveugles d’un outil performant que ce code a été développé.

«C’est la prise de conscience, par des individus et par des organismes, du besoin de généraliser une façon de faire lors de la transcription en braille qui a permis d’aboutir à la publication du Code de transcription de l’imprimé en braille, code marqué au sceau de l’innovation, puisqu’un tel outil de référence, spécifique aux ouvrages de langue française n’a jamais été disponible avant ce jour.»¹

C’est en 1985 que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science met sur pied le Comité consultatif sur les normes du Braille Littéraire. Depuis cette date, le Ministère soutient et encadre les travaux du Comité par l’intermédiaire de personnalités dynamiques qui en assument successivement la présidence: Messieurs Fernand Paquettte et Yvan Pelchat.

Le premier tome du Code est donc le fruit du travail de réflexion, de recherche et de consultation des membres de ce Comité. «(…) cristalliser des ‹façons de faire› susceptibles d’apporter, dans une perspective de continuité, des solutions à des problèmes maintes fois rencontrés par les utilisateurs du Braille, mais aussi par les transcripteurs»², telle a été et telle demeure la vision adoptée et partagée par les membres dudit Comité.

L’instruction des aveugles n’est pas une pratique récente. Ce qui l’est davantage, c’est la philosophie d’intégration des aveugles aux structures générales de la société, aux institutions (éducatives entre autres) fréquentées par l’ensemble de la population. Aussi longtemps que le mode d’accès à l’information était unique (le Braille) pour tous les élèves dans une même classe par exemple, l’interprétation des conventions du système se faisait, dans une très large mesure, par transmission orale. Mais, depuis que la situation d’apprentissage s’est modifiée et que le Braille est, en classe d’abord, constamment en intercommunication avec l’imprimé et ses utilisateurs, des besoins nouveaux se sont rapidement imposés, besoins que la fréquentation des études universitaires avaient antérieurement révélés. Dès lors, pour que la communication soit efficace, l’information complète, la normalisation est devenue impérieuse tout comme la recherche de solutions originales aux nouvelles réalités et aux nouveaux besoins.

Pourtant, au-delà des composantes fondamentales du système Braille, aucun document de langue française n’avait encore statué sur le traitement du texte imprimé lors de sa transcription en braille. Le Code de transcription de l’imprimé en braille représente donc un produit et un outil novateurs à cet égard. Il normalise, d’une part, un très grand nombre de pratiques des usagers du Braille, et, d’autre part, de nouvelles façons de faire.

«Standardiser les règles de transcription en braille, exploiter la sophistication potentielle du Braille, non pour lui-même, mais au service des gens pour qui il a été conçu, pour qui il demeure un outil exceptionnel d’autonomie croissante, tels sont les objectifs qui soutiennent l’élaboration du Code de transcription de l’imprimé en braille.»³

Le premier tome de ce Code définit des normes:

Pour le format des volumes;

Pour le traitement:

        • Des différents caractères d’impression;
        • Des pages préliminaires;
        • Des catégories de titres;
        • De la pagination;
        • Des colonnes;
        • Des tableaux;
        • Des encadrés.

Mais, bien sûr, le Code expose d’abord le système Braille: ses caractères et ses symboles, ainsi que leurs modalités d’application.

Avec le Code de transcription de l’imprimé en braille, les aveugles de la communauté francophone internationale disposent d’«un instrument privilégié (et unique) de référence pour la transcription en braille de documents en langue française.»4

Pour élargir l’accès aux documents en braille, pour susciter des habitudes communes de production, habitudes nécessaires à une bonne compréhension des textes et à leur circulation et, peut-être, pour  générer de nouvelles collaborations, il faut souhaiter que le Code de transcription de l’imprimé en braille ait le rayonnement qu’il mérite.

Nicole Trudeau Ph.D.

—-

NOTES:

1.GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Code de transcription de l’imprimé en braille, 1989, p. 3.

2.Ibid, p. 1.

3.Ibid, p. 4.

4.Ibid, p. 4.

—-

Article publié dans:

Institut Louis-Braille, Institut Nazareth / «Conventum 1991, album souvenir», pp. 24-26, pp. braille 45-50 / Nicole Trudeau Ph.D. / Une première dans la francophonie internationale.

—-

Sur des sujets apparentés:

Texte de présentation de Nicole Trudeau lors du lancement du code de transcription de l’imprimé en braille le 11 mai dernier (1990)

Code de transcription de l’imprimé en braille tome 1 Lancement à Paris le 1er octobre 1991

Pourquoi parler du braille en 2023?

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *