L’Halloween ne stimule pas que les enfants. Cette fête touche aussi les enfants que nous avons été. Cette petite histoire relie le présent au passé qui, émotivement, n’est pas si éloigné.
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Un beau matin, au levé, je lis ce message dont l’objet est:
«Toi et Jacky…»
Bonjour Nicole,
Te voici avec le plus beau sourire qu’il soit, vêtue d’une robe achetée au Village des Valeurs, section Halloween, payée 3,99$. Une robe défraîchie, décousue à plusieurs endroits à laquelle était ajoutée une crinoline déchirée. Une robe que j’ai rafistolée du mieux que j’ai pu et que je compte ajouter à ma garde-robe de costumes d’Halloween.
En 1962, la première dame des États-Unis portait une magnifique robe gold, et, 60 ans plus tard une grande dame de Saint-Lambert porte fièrement elle aussi une « magnifique » robeGold.
Ta joie, ton émerveillement étaient palpables lorsque tu as revêtu la robe, trouvé le bon collier, les bonnes chaussures et ajusté ta coiffure. Ce fût un beau moment.
N’hésite pas à partager cette photo … oui, oui c’est une belle photo.»
Émue, je relis le message.
Je me suis prêtée à ce jeu de déguisement avec candeur et enthousiasme et ce qu’en a fait Louise a soulevé une bouffée d’émotions et de souvenirs.
Pourquoi?
Parce que, pendant 15 ans de pensionnat, je portais obligatoirement un uniforme. Pour échapper à cette contrainte, , je m’évadais dans le monde de la mode, particulièrement lors des séances à la chapelle; je visualisais des tenues vestimentaires, j’en inventais, j’en créais, j’en rêvais.. C’était sans doute un manque, une frustration que je tentais de soulager.
Lorsque, le samedi et les jours de concerts , on pouvait troquer l’uniforme pour une tenue personnelle dite «en couleur», je me sentais fière. Je me souviens encore de plusieurs vêtements que je portais, souvent des vêtements cousus par ma mère.
D’aussi loin que je me souvienne, la mode, le beau vêtement m’intéressent, me plaisent, me rassurent.
Oui, me rassure! N’étant pas de ces femmes dont le physique frappe, séduit, j’avais et j’ai toujours sans doute besoin de soigner cette «ride sur le cœur.»
C’est ce que le jeu de l’Halloween avec cette photo et ces gentilles paroles ont provoqué chez moi, une opération curative
Il en a été de même, quelques jours plus tard, lors d’une rencontre impromptue, lorsqu’on ma dit:
«Vous êtes lumineuse».
Touchée! Étonnée! Rassurée!
Jamais je n’aurais pensé, ni même imaginé, me retrouver en parallèle avec la jeune Jacky. Fantaisie de Louise qui a jonglé autour d’une robe sans probablement se douter réveiller des fantasmes de mon enfance.
Oui l’émotion a été vive! D’autant que la blessure est demeurée profonde.
Le doute initial demeure… Il en faut peu pour le réveiller ou pour l’atténuer.
VOIR:
Texte publié dans Billets d’humeur 8 décembre 2023