Lettre à un passionné du plein air et à un dévoué collaborateur de Sport en vue

Gérald Cousineau, chroniqueur régulier imaginatif et humoristique du bulletin de l’Association des sports pour aveugles de Montréal (ASAM) me confie sa tribune pour une chronique thématique: hiver/neige/ski de fond, chronique  que j’utilise pour m’adresser à lui.

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Lettre à un passionné du plein air et à un dévoué collaborateur de Sport en vue1

Sensible à votre courtoisie, cher passionné, je me rends à votre supplique et tente de vous soulager d’une page de labeur dont vous êtes le seul à ressentir les affres. Ingrats, sans doute, vos lecteurs ne font que rire ou sourire en vous lisant.

Tout en me laissant entière liberté dans le traitement (peut-être le regretterez-vous), le sujet est imposé: hiver/neige/ski.

– On peut sortir un professeur d’une classe, d’une école même, mais non le pédagogue du professeur né! –

Un petit jeu-questionnaire, cher ami!

Êtes-vous de ceux qui se plaignent beaucoup plus de la chaleur que du froid?

Êtes-vous aussi au nombre des plus frileux à l’intérieur?

Bravo! comme moi, vous répondez OUI aux deux questions et, comme moi, vous vous sentez plus stimulé l’hiver. Enfin, un allié!

Ne croyez-vous donc pas, cher ami, que ce qu’il y a de merveilleux avec l’hiver nordique, c’est que paralysant de froid à l’état inactif, vous vous retrouvez en sueur à l’état actif et surtout lorsque vous obéissez aux directives des fondeurs expérimentés de l’ASAM ou que vous êtes stimulé par des membres qui vous doublent fièrement sur les pistes?

Est-ce l’unique raison pour laquelle, cher passionné, vous rêvez d’hiver même sur votre tandem? Je soupçonne que non. Voilà pourquoi je m’arroge le droit de sonder votre cœur. L’examen me révèle d’autres raisons pour lesquelles vous souffrez d’anxiété en guettant l’accumulation de neige qui tarde trop souvent.

Votre dévotion à l’hiver et au ski de fond ne tient-elle pas aussi au plaisir

– de vivre l’illusion de foncer sans retenue (ou presque) dans l’espace en faisant vôtres les consignes d’un pilote aussi vigilant qu’invisible?

– de goûter la plénitude du calme dont les bois nous gâtent?

– de percevoir ou d’imaginer le décor?

– d’être à l’affût des multiples frissonnements et craquements de l’environnement immédiat?

Si je me suis trop avancée dans l’introspection d’autrui, vous saurez bien me le rendre… Mais après tout, il n’y a là que belles impressions et bonnes sensations, n’est-ce pas?

En somme, acceptez que je vous dise et reconnaissez, cher passionné à qui j’ai donné congé d’une page, que vous êtes un fougueux amateur de plein air doué d’une tête bien remplie et d’une plume incisive. Je salue aussi en vous un verbo-moteur en lointain devenir.

Chapeau! Gérald!

Nicole Trudeau

Note:

1 La lettre s’adresse à Gérald Cousineau, chroniqueur assidu de
Sport en vue.

Article publié dans:

Sport en vue (Bulletin de l’Association des sports pour aveugles de Montréal) / novembre 2000 / Trudeau, Nicole / Lettre à un passionné du plein-air et à un dévoué collaborateur de Sport en vue

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