Je confie ici mes impressions et sentiments vécus lors d’un séjour de plein air en grande nature en hiver dans un climat de mémorable copinage et entraide.
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La Forêt Montmorency – réminiscences
Mon récent séjour à la Forêt-Momorency, en plus d’une expérience intensive de plein air, a été, une fois de plus, un révélateur de vraies et touchantes richesses de l’être humain.
Les copains de ski de fond ont sans doute observé que je n’ai ni le tonus ni la technique d’une sportive, mais ils ont peut-être remarqué que j’ai une bonne dose de détermination et de goût du défi. Cependant, consciente du potentiel supérieur de la majorité des membres et surtout des guides, je demeure très souvent discrète et même hésitante à m’inscrire dans une randonnée que je peux percevoir téméraire.
Mais à la Forêt Montmorency, grâce à l’attitude de Nicole Bissonnette, j’ai pu entreprendre et compléter deux parcours qui me tentaient, bien sûr, mais que je ne croyais pas être à ma portée.
Si j’ai accepté de prendre le départ du parcours de 16 km hors-piste, c’est-à-dire, sans sillons tracés, c’est que Nicole m’a dit quelque chose du genre: on peut l’essayer et si c’est trop difficile, on reviendra.
Quelle intuition!
Par ce commentaire, elle abolissait toute pression et, de la sorte, renforçait ma confiance en atténuant mes doutes. Je redoutais la longueur du trajet hors-piste mais, par-dessus tout, j’appréhendais le fait de devoir faire corriger ma direction à toutes les trente secondes. L’accompagnement d’un guide m’est incontournable en de pareilles circonstances, alors que je suis plutôt (comme bien d’autres membres d’ailleurs) de nature à prendre l’initiative, «à guider…»
Tout au long de ce parcours hors-piste, j’ai même découvert des trucs pour tenter de corriger moi-même ma direction de temps à autre: par exemple, rechercher les surfaces plus dures aussitôt que je m’engage sur des surfaces plus poudreuses, etc. Ce sont de petites satisfactions de cette nature qui contribuent à faire d’un tel parcours complété une expérience de plein air enrichissante en plus d’être tonifiante.
Rassurée par ce défi relevé grâce à Nicole, le lendemain, j’ai envie de m’engager sur les sillons menant de la Forêt Montmorency au Camp-Mercier; on parle ici d’une distance de plus de 20 km. C’est encore Nicole qui accepte de faire équipe avec moi. Je suis un peu mal à l’aise pour elle, mais elle a une telle capacité de s’adapter, de respecter avec détente le potentiel et les limites de l’autre, que je finis par accepter de composer avec mes propres limites…
Je suis ravie d’avoir pu, grâce à elle, vivre cette expérience d’endurance.
Au cours de cette même randonnée, je dois aussi à Daniel Roy un coup de chapeau! Il a décidé de fermer le peloton de skieurs et a refusé à de multiples reprises de me céder ce rôle. Il a maintenu cette position de manière à ne mettre aucune pression sur moi, c’est-à-dire, en conservant une bonne distance entre nous.
Je remercie aussi Hélène Bouchard avec qui j’ai fait une journée de ski de fond et Marie-Claire Wong qui m’a accompagnée pour une longue marche sportive par un temps des dieux.
La puissance relaxante de la nature et de son silence, lorsque l’on s’y expose, la délicatesse de coeur et la générosité discrète des êtres humains constituent de précieux facteurs de mieux-être pour moi. Puisse-t-il en avoir été de même pour chacun de ceux qui ont vécu ce séjour à la Forêt Montmorency.
Nicole Trudeau
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Article publié dans:
Sport en vue (Bulletin de l’Association des sports pour aveugles de Montréal) / 2002 / Trudeau, Nicole / La Forêt Montmorency -réminiscences