Le braille dans la francophonie Quand? Comment? Et Pourquoi?

Le coup d’envoi des travaux de recherche vers la normalisation du braille en français au Québec date de 1985. Rapidement, le dossier s’inscrit dans le cadre de la coopération internationale.  L’importance et l’urgence de rationaliser et d’harmoniser les pratiques de transcription sous-tendent le projet.

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Le braille dans la francophonie Quand? Comment? Et Pourquoi?

Quand et comment ? 

En 1985-1986, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Science affecte monsieur Paul-Henri Buteau à l’élaboration de normes devant régir la transcription d’ouvrages littéraires en braille. Cinq fascicules traitant de sujets tels que les folios, l’indicateur de changement de pages, le format des volumes, les titres et sous-titres, etc. sont d’abord déposés, puis soumis à un comité consultatif lors de deux séances de travail.

Depuis janvier 1987, et jusqu’au 31 décembre, c’est la Commission Scolaire Régionale de Chambly qui libère madame Nicole Trudeau pour poursuivre le travail amorcé, pour le porter à l’attention du comité consultatif national, puis d’une table de concertation de niveau international et surtout pour mettre son expertise au service de la préparation des documents à présenter et à discuter au prochain Sommet de la Francophonie.

C’est dans le cadre de la coopération internationale que se développe la concertation à l’Intérieur de la francophonie. À ce jour, deux missions sont  autorisées à ce niveau. Cela veut dire que des membres du comité du Québec, comité composé de mesdames Collette Dubuisson et Nicole Trudeau et de messieurs Fernand Paquette, André Vincent et Paul-Henri Buteau, se rendront en France pour rencontrer les européens impliqués dans le dossier. Cela veut également dire que des représentants de la France viendront au Québec avant la fin de la présente année.

Lors de la deuxième rencontre du comité consultatif national, rencontre tenue à Montréal, le 19 juin 1986, une proposition a été présentée et adoptée, proposition voulant que le dossier du braille figure à l’ordre du jour du Sommet de la Francophonie, sommet qui se tiendra à Québec au début de l’automne prochain. D’importantes représentations se font toujours pour qu’une telle proposition ait des suites et pour que le braille dans la francophonie fasse l’objet d’une concertation à long terme débouchant sur des consensus. À mi-chemin entre la première mission vers l’Europe à la fin du printemps et le Sommet de la Francophonie, une troisième rencontre du comité du Québec avec un comité consultatif aura lieu.

Pourquoi ?

Il faut avoir peu consulté les divers documents transcrits en braille pour observer les différences au niveau de la présentation du contenu, de l’utilisation des abréviations, de l’emploi de certains symboles tels que la majuscule, etc. Il faut avoir encore moins mis en parallèle un document en braille et le document en imprimé courant correspondant pour découvrir l’écart, souvent regrettable, entre l’une et l’autre version. Les différences se situent moins au niveau du texte proprement dit qu’au niveau de sa présentation, de sa disposition, de sa précision typographique, etc.

Cet état de fait ne condamne en rien les gens qui ont investi le meilleur d’eux-mêmes au service des aveugles, souvent dans un isolement total et sans aucun soutien technique, technologique et financier. Mais cet état de fait démontre l’importance et l’urgence de rationnaliser efforts et énergies de toute nature.

Voilà pourquoi, me semble-t-il, il faut saluer avec intérêt et enthousiasme la  concientisation des personnes et des organismes qui permettent de poursuivre les travaux et la démarche d’établissement de normes relatives au braille littéraire, normes que l’on souhaite identiques dans l’ensemble de la francophonie, initialement pour le matériel didactique.

L’objectif du travail engagé pour généraliser «une façon de faire» va bien au-delà du simple goût du changement! Que l’on songe à l’Index de l’abrégé orthographique français étendu qui n’a pas été revu  depuis la version de 1955!

Une mise à jour ne s’impose-t-elle pas dans ce cas? Que l’on songe également à l’inexistence d’un code regroupant les normes à suivre lors de la transcription en braille de divers types d’ouvrages! Une innovation n’est-elle pas souhaitable et pressante à cet égard ?

L’imprimé courant, avec lequel les usagers du braille doivent de plus en plus composer, adapte son image et sa personnalité aux sujets et aux clientèles qu’il sert. Bien sûr, la majorité des artifices de l’imprimé courant ne changent pas l’essentiel du contenu, cependant ils contribuent, dans le matériel didactique entre autres, à appuyer des démarches méthodologiques, des approches pédagogiques, des analyses de contenu, etc.

Le braille, en tant que technique, doit relever un défi d’efficacité, de précision et d’adaptation, non seulement à l’interne, c’est-à-dire dans les communications entre utilisateurs, mais aussi, et surtout, dans les communications entre utilisateurs du braille et utilisateurs de l’imprimé courant.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est le concept de l’intégration, le refus de la marginalisation qui semblent redonner au braille ses lettres de noblesse, qui exigent de lui une efficacité accrue et qui sollicitent les utilisateurs de cette technique à l’enrichissement de l’un de leurs outils privilégiés, à la créativité et au renouvellement.

Nicole Trudeau Ph.D.

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Article publié dans :

«INFO-DOC»  Bulletin du centre de documentation de l’Institut Nazareth et Louis-Braille  avec la collaboration  de l’École Jacques-Ouellette / Printemps 1987, vol. 3 Numéro 2, pp. 3-7 / Nicole Trudeau Ph.D. Éditorialiste invitée / Le braille dans la francophonie Quand? Comment? et pourquoi?

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