Un geste d’appréciation du Musée des Beaux-Arts de Montréal auprès duquel j’interviens depuis plusieurs décennies pour que l’institution accueille les visiteurs non-voyants et malvoyants et pour que les guides soient sensibiliser à la façon «de donner à voir» à ceux qui désirent entrer en contact, en communion avec l’art visuel. Ce geste d’appréciation a pour nom un moulage d’une main de Rodin.
Un cadeau touchant qui demeure une présence émouvante
J’ai toujours été touchée par la main, par tout ce qu’une main exprime et révèle: qu’il s’agisse du contact lors d’une poignée de main, qu’il s’agisse d’une main sculptée, moulée ou peinte.
Sans le savoir, Iris1 et Jean-Luc2 ont rejoint quelque chose de très signifiant et de très sensible chez moi en m’offrant cette «main» de Rodin.
Ils m’ont dit, par ce geste symbolique, qu’ils ont compris
que la main qui le désire «donne à voir»,
que la main qui touche, découvre, parfois au-delà du regard,
et que la main qui est touchée se révèle, se raconte.
Ce cadeau, cette «main» de Rodin était porteuse de cette pensée:«Le projet commun qui nous tient à coeur» est celui d’offrir aux personnes non-voyantes et mal voyantes des visites qui leur permettent de goûter l’art visuel en le leur présentant d’une façon qui les rejoint. Et ce projet a pris vit en janvier 2015.
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Informations accompagnant le moulage
«Des petites choses, mi-grandeur, et il n’en jetait jamais une seule… Elles étaient rangées dans des tiroirs plats… Il me les montrait et nous en prenions une ou deux qui étaient particulièrement réussies et je me le rappelle avec une petite main dans chacune des siennes, me disant avec un grand sourire: ce qu’elles sont bonnes» ( Sir Gerald Kelly)
«Modelées par dizaines, ces mains, toujours agiles et vivantes, sont dotées d’un pouvoir expressif étonnamment fort grâce auquel elles sont rapidement devenues autonomes: traduites en bronze et en marbre, agrandies, investies d’une dimension symboliste dans La Cathédrale ou La Main de Dieu, elles aboutirent tout naturellement à une prise d’empreinte de la main de l’artiste, quelques semaines avant sa mort: un petit torse féminin entre les doigts, celle-ci demeure l’emblème émouvant du travail de Rodin»
Nicole Trudeau Ph.D.
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NOTES:
1Iris Amizlev, responsable des programmes éducatifs – Guides bénévoles, Département de l’éducation et de l’action culturelle, Musée des Beaux-Arts de Montréal.
2Jean-Luc Murray, directeur du Département de l’éducation et de l’action culturelle, Musée des Beaux-Arts de Montréal.
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