L’oreille, une voie royale

Pour accueillir la musique, pour entrer en communication, en communion avec elle, il faut d’abord se concentrer sur le son. Lapalissade ? Peut-être pas autant qu’il n’y paraît! Nous vivons dans un monde où la sollicitation, la pression et souvent même la suprématie de l’image sont de plus en plus envahissantes.

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L’oreille, une voie royale

Pour accueillir la musique, pour entrer en communication, en communion avec elle, il faut d’abord se concentrer sur le son.

Lapalissade ? Peut-être pas autant qu’il n’y paraît!

Nous vivons dans un monde où la sollicitation, la pression et souvent même la suprématie de l’image, donc de l’œil, sont de plus en plus envahissantes. L’appel à plusieurs modes de perception simultanés constitue potentiellement un enrichissement, mais il peut aussi engendrer distraction et dispersion.

Le matériau de la création musicale est le son dont le capteur est l’oreille. Le créateur de l’œuvre permet à l’auditeur qui s’y expose une recréation dans le temps. Pour accéder à l’œuvre, pour s’en imprégner, pour vibrer en harmonie avec le discours sonore, pour se laisser toucher par les multiples éléments qui en nourrissent et structurent le contenu, des attitudes spécifiques sont à adopter et des aptitudes à développer. On peut parler ici de la concentration sur le son, de l’acuité de l’oreille, de l’attention soutenue, de la disponibilité émotionnelle, etc. C’est d’abord par ces voies que nous accédons à la connaissance, à l’émotion et au plaisir esthétique.

Ayant été non seulement initiée mais plongée dans l’univers musical dès mon entrée à l’école, la musique m’a habitée dès ce jour. Pendant plus de 20 ans, période intensive de mes études, j’ai approfondi les connaissances, développé les habiletés et affiné les antennes sensorielles qui m’ont permis de m’épanouir dans cet univers du son. La musique est devenue ma meilleure amie, celle que je fréquentais plusieurs heures par jour, celle qui hantait continuellement ma pensée, mes rêves, mes ambitions, mon appétit de découvrir.

L’apprentissage du langage musical et de son écriture, la formation de l’oreille, la maîtrise des instruments (piano, violon et orgue), l’exécution, l’écoute et l’analyse des œuvres, l’initiation à l’histoire de la musique, la fréquentation des concerts ont été pour moi autant de portes d’entrée, de voies d’accès à l’extraordinaire univers du son où l’on éprouve et exprime toute la gamme des émotions.

Ainsi habitée par la musique, elle ne m’a jamais quittée puisque, par la suite, c’est la passion de la faire découvrir aux autres, de l’offrir aux jeunes qui m’a occupée et animée professionnellement.

Ce n’est pas le lieu de discourir sur la valeur éducative de la formation musicale pour tous, mais c’est le lieu de témoigner que j’y ai trouvé et y trouve toujours une présence, une compagne, une amie imparable qui absorbe, épouse et reflète mes états d’âme les plus divers au fil du temps.

Nicole Trudeau Ph.D.

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Article publié dans :

Le Bulletin de l’APM (Archives Passe-mémoire), vol. VI, no 1, printemps 2016 / L’oreille, une voie royale

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