Des dessins de Hartmann à la musique de Moussorgsky puis de Ravel

Modeste Moussorgski (1839-1882) a composé en 1874 une magistrale oeuvre pour piano: Les tableaux d’une exposition. J’ai choisi de replacer cette oeuvre dans le contexte socioculturel de la Russie du XIXe siècle lors d’une conférence présentée à l’Association T. X. Renaud en 1990. Le texte est enrichi par des illustrations sonores et visuelles.

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Des dessins de Hartmann à la musique de Moussorgsky puis de Ravel

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C’est à la suite de la mort de l’un de ses grands amis, le peintre, architecte et décorateur de théâtre, Viktor Hartmann et de l’exposition de ses oeuvres en 1873 que Moussorgski a signé cette oeuvre pour piano. Maurice Ravel a orchestré cette partition en 1922.

D1 – Forteresse Pierre et Paul / Saint-Pétersbourg (vue aérienne)

L’impressionnante ville, nommée Saint-Pétersbourg lors de sa fondation par Pierre Le Grand en 1703, renommée Pétrograd plus de deux siècles plus tard, soit en 1914, et devenue Léningrad quelques jours après la mort de Lénine en 1924, a toujours été un lieu d’effervessence sociale et culturelle. À peine dix ans après sa fondation, elle devient résidence impériale et ce n’est qu’en 1930 que Moscou reprend ses droits de capitale du pays.

Avec Moussorgski, le personnage central de notre rencontre, c’est

D2 – Cathédrale Saint-Isaac / Saint-Pétersbourg (vue aérienne)

Saint-Pétersbourg du XIXe siècle qui constituera notre environnement historique.

D3 – Monument à Pierre Premier (la nuit) / toile de Vassili Surikov 1870

Pierre Le Grand a sollicité les forces vives de l’Europe occidentale pour ouvrir sa fenêtre sur l’Europe, pour bâtir sa ville et organiser la vie culturelle. Le credo esthétique initial, imposé puis progressivement implanté, fut celui de l’Europe occidentale. Rappelons simplement que c’est l’architecte français, Alexandre Leblond, qui élabore le plan général de Saint-Pétersbourg.

La vie artistique des XVIIIe et XIXe siècles foisonne de noms italiens, français et allemands (ceux des architectes et décorateurs Bartolomeo Rastrelli, Domenico Trezzini, Antonio Rinaldi, Valentin de La Mothe, ceux des sculpteurs Vitali, Étienne Maurice Falconet, et autres) et les russes de bonne famille et de belle éducation parlent au moins l’une de ces langues.

Moussorgski, né dans la campagne russe d’une mère issue de l’une des plus vieilles familles du pays, celle des princes Smolenski, et d’un père propriétaire terrien, étudie, dès l’âge de dix ans, d’abord

D4 – Lycée allemand de Saint-Pétersbourg

au Lycée allemand de Saint-Pétersbourg puis

D5 – École de cavalerie Saint-Nicolas de Saint-Pétersbourg

à l’École des Porte-Enseignes de la Garde, école de formation militaire. À travers cette éducation européenne, il développe une parfaite maîtrise de l’allemand et du français.

C’est au moment où il vient d’être promu

D6 – Photo de Modeste Moussorgski en jeune militaire

officier d’infanterie de la Garde des Préobrajenski en 1856, qu’a lieu sa première rencontre avec Alexandre Borodine. Moussorgski a alors 17 ans. Voici en quels termes Borodine parle de notre jeune officier:

«Moussorgski (…) avait quelque chose de gamin dans toute sa personne, mais d’un gamin extrêmement distingué: (…) Ses manières étaient d’une incomparable élégance aristocratique. Il était extraordinairement bien élevé, plein de tact et de réserve, un être tout à fait rare, (…) Il émaillait son discours de locutions françaises. Rien n’égalait sa courtoisie. (…) Toutes les dames lui faisaient la cour. Il se mettait au piano (…) jouait des fragments de La Traviata et de Il Trovatore (…)»1

Un bouillonnement culturel national couvait, en Russie comme dans tant d’autres pays d’Europe au XIXe siècle. Ce bouillon de culture, riche des traditions du milieu, fit éclater les formes et les styles qui s’étaient généralisés. Un nouveau mode d’expression intégrant l’héritage culturel redécouvert apparaît et oppose progressivement un contrepoids à l’académisme devenant de plus en plus contraignant et débouchant trop souvent sur des réalisations artistiques vides de sens. Moussorgski, né en 1839, sera plongé au coeur de ce bouleversement artistique, en épousera complètement l’esprit et en immortalisera l’une des expressions les plus saisissantes dans son opéra: Boris Godounov.

Cette volonté, ou plutôt, ce besoin d’échapper à l’académisme, à la tutelle italienne et allemande, de replonger aux sources, à l’essentiel de l’âme russe, est alors partagé par bon nombre d’artistes: musiciens, mais aussi peintres, écrivains et poètes. De cet idéal commun est né, dans le milieu musical, le groupe désormais connu sous le nom, Groupe des cinq, et, dans le milieu des peintres, la Société des expositions artistiques ambulantes.

Le noyau du Groupe des cinq est initialement constitué, en 1857, par

Mili Balakerev (1837-1910)

D7 – Photo de Mili Balakerev

Modeste Moussorgski (1839-1881)

D8 – Photo de Modeste Moussorgski

César Cui (1824-1891)

D9 – Photo de César Cui

 

Il est complété, en 1861, par

Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)

D10 – Portrait de Rimsky-Korsakov / toile de Ilia Répine

et, en 1862, par

Alexandre Borodine (1833-1887)

D11 – Photo d’Alexandre Borodine

C’est alors que, sous la plume de César Cui,

D12 – Photo du Groupe des cinq

le Groupe diffuse ses idées dans la presse de Saint-Pétersbourg sous la forme d’un manifeste très concis articulé en quatre points:

    1. «La nouvelle école veut que la musique dramatique ait une valeur propre de musique absolue, indépendamment du texte qu’elle accompagne. Un des traits caractéristiques de cette école est de s’insurger contre la vulgarité et la banalité.
    2. La musique vocale, au théâtre, doit se trouver en parfait accord avec la signification du texte chanté.
    3. Les formes de la musique lyrique ne sont nullement déterminées par les moules traditionnels de la routine: elles doivent naître librement, spontanément, de la situation dramatique et des exigences particulières du texte.
    4. Il est essentiel, fondamental, de traduire musicalement et avec un maximum de relief le caractère et le type des divers personnages. Ne jamais commettre d’anachronisme dans les œuvres de caractère historique. Restituer fidèlement la couleur locale.»2

Le Groupe des cinq n’est pas de nature exclusivement esthétique; ses préoccupations sont aussi d’ordre religieux, philosophique et social. En cela, le Groupe s’inscrit dans la tradition des mouvements d’avant-garde et s’oppose aux doctrines plus ou moins traditionnalistes des autres écoles nationales. Il appartenait à la petite bourgeoisie révoltée dont les membres du Groupe des cinq constituaient un microcosme, de faire en sorte que la musique communique avec le plus grand nombre, c’est-à-dire avec le peuple. Face à l’aristocratie braquée sur la tradition occidentale, le Groupe des cinq va contribuer au développement d’une conscience collective du peuple russe. Ainsi, il va s’opposer au Conservatoire Rimsky-Korsakov de Saint-Pétersbourg, Conservatoire officiel, fondé par Anton Rubinstein en 1862, et mettre sur pieds, un contre conservatoire: École musicale gratuite.

D13- Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg,

Tous issus de la classe moyenne, les membres du Groupe des cinq conjuguent, comme c’était la coutume à l’époque, un autre métier à celui de musicien: Borodine était chimiste et médecin militaire, César Cui, ingénieur et professeur de fortification, Moussorgski, militaire puis employé dans l’administration, Rimski-Korsakov, impliqué d’abord dans la marine. Pendant plus de dix ans, les membres du Groupe travaillent ensemble, complètent mutuellement leurs oeuvres; certains partagent même le gîte. Balakerev, autodidacte et disciple de Glinka, est l’esthéticien tyranique du Groupe et Vladimir Stasov en est le porte-parole.

Avant le Groupe des cinq, Glinka avait voulu, en 1830, doter son pays d’un opéra national; pourtant, dans son écriture, il n’a jamais vraiment rompu avec l’école italienne. C’est en 1870 que le Groupe commence à se défaire; il éclate en 1872, alors que Moussorgski connaît sa plus riche période créatrice.

D14 – Portrait de Mikhail Glinka /  toile de Ilia Répine

Bien que non musicien, Vladimir Stasov fut le parain spirituel, le guide du Groupe des cinq. 

D15 – Portrait de Vladimir Stasov / toile de Ilia Répine 1883

À proprement parler, il faisait partie du Groupe car, dans une large mesure, il a déterminé toutes ses tendances. Mais, c’est sur Moussorgski que l’influence constante de Stasov fut la plus considérable, autrement plus considérable que celle des musiciens Glinka, Dargomijski et Balakerev. Stasov dirigeait les lectures de Moussorgski, ses goûts et sa vie même. Moussorgski l’appelait plaisamment le «généralissime», voulant rendre hommage à sa situation, à son âge, à son érudition.

Curieuse personnalité que celle de cet archéologue remarquable! que celle de cet homme taillé en force, tonitruant, tout d’une pièce, sectaire, rigide, opiniâtre! Mais plus curieuse encore est son esthétique! Stasov ne conçoit l’existence qu’en fonction des services rendus au peuple et à la société. Le concept d’art lui est suspect à cause de son manque d’utilité pratique. Mais Stasov n’en avait pas moins un amour profond de l’art, et particulièrement de la musique.

Mais un autre personnage influença profondément, et de façon définitive, Moussorgski: c’est la ville de Moscou. Il découvre cette ville en 1859 et en parle en ces termes dans une lettre à son maître Mili Balakerev:

“(…) Je vais vous décrire mes impressions. Déjà, tandis que je m’en approchais, je fus frappé par son originalité. Des clochers et des coupoles émanent véritablement un souffle des temps anciens. (…)
le Kremlin, le merveilleux Kremlin! Je m’en approchai avec un sentiment involontaire de piété.

D16 – Kremlin / Moscou

La Place Rouge, qui a été le témoin de tant de désordres mémorables, est quelque peu gâchée par la Cour des Marchands.

D17 – Place Rouge / Moscou

La cathédrale Saint-Basile et les murs du Kremlin font cependant oublier ce défaut: ce sont les temps anciens dans ce qu’ils ont de plus sacré. La cathédrale Saint-Basile m’a fait une impression si agréable et en même temps si étrange qu’il m’a semblé qu’un boïar allait passer devant avec son long sarrau et sa grande chapka. (…) D’une façon générale, Moscou m’a transporté dans un autre monde — le monde du passé, un monde sale, certes, mais qui, je ne sais pourquoi, me touche agréablement — et elle m’a fait une bonne impression. Voulez-vous que je vous dise? Autrefois je me sentais cosmopolite, mais à présent quelque chose renaît en moi. Tout ce qui est russe me devient proche, et cela me contrarierait sérieusement si l’on se permettait maintenant de traiter la Russie cavalièrement. On dirait que je commence à l’aimer. (…)»3

D18 – Cathédrale  Saint-Basile (Basile-le-Bienvenue) / Moscou

Tout le génie de Moussorgski tient désormais dans ce regard qu’il porte sur son pays. Dépassant les séductions du folklorisme, il va, plus que tout autre, trouver, dans les profondeurs de sa conscience russe, le secret du geste sobre et immédiatement efficace.

L’esthétique de Moussorgski n’est pas le beau en soi, encore moins l’habile, mais le vrai. Pour lui, l’art est un moyen de converser avec les hommes, il n’est pas un but. Moussorgski est dit «réaliste».

En matière d’art, le réalisme réside, non pas dans le choix des sujets, ni même dans la vision que l’artiste en a, mais dans la manière d’exercer cette vision. Le réaliste est donc l’artiste qui, préoccupé de l’exacte vérité, se contente d’avoir dit ce qu’il sent sans vouloir rien y ajouter. Il fait un usage presque exclusif de ses facultés d’observation et de notation.  Il ne s’attarde jamais à commenter son émotion. En somme, le réalisme esthétique réside dans la façon dont l’artiste met au premier plan son sujet plutôt que les mouvements de son être intime, dans la cause plutôt que dans les résultats de son émotion. Réaliste, la musique de Moussorgski l’est également, parce qu’elle donne, avec une énergie peu commune, l’impression directe et comme immédiate de la réalité. L’art de Moussorgski transcrit plus qu’il ne transforme ou ne transfigure.

De par sa vision et son génie, Moussorgski, membre du Groupe des cinq, est isolé dans le monde musical de son temps. Il appartient à la famille spirituelle de l’écrivain Fiodor Dostoïevski et des peintres Vassili Sourikov et Ilia Répine.

D19 – Portrait de Fiodor Dostoievski / toile de Vassili Perov

Répine et Sourikov sont deux figures dominantes de la Société des expositions artistiques ambulantes, le plus grand regroupement de peintres réalistes de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

La Société, active de 1870 à 1923, réunit les grands talents de l’art progressiste en Russie. Ses membres, voulant que leur art soit connu et compris comme une force active dans la lutte pour le progrès social et le bonheur du peuple, s’efforcent de révéler leurs oeuvres à un large public. Pour atteindre ce but, ils organisent, à Saint-Pétersbourg et à Moscou, des expositions qui, ensuite, voyagent dans toutes les plus grandes villes du pays. C’est de ce caractère itinérant de leurs expositions qu’est venue l’appellation d’«ambulants». La première exposition de la Société a lieu en novembre 1871. Elle est reprise l’année suivante à Moscou. Au cours des 53 années de son existence, la Société des expositions artistiques ambulantes monte et fait voyager 48 expositions.

La naissance de la Société des expositions artistiques ambulantes est le résultat logique de l’évolution sociale et culturelle de la Russie et s’avère une forme de protestation contre les abus du régime autocratique dans les domaines politique, social et artistique.

Les exigences de l’esthétique d’avant-garde, esthétique qui insuffle de nouvelles forces à l’art et encourage l’épanouissement du réalisme critique dans les différents domaines de l’art russe, sont nées de la théorie du philosophe, critique et révolutionnaire démocrate, Nikolaï Tchernychevski. Cette théorie, exposée en 1855, vise à accorder à l’art la tâche de représenter la vie avec fidélité et réalisme; à expliquer les phénomènes en se fondant sur un système idéologique démocratique; à porter un jugement sur la réalité. En donnant un tableau fidèle de la vie en Russie, les tenants de l’esthétique réaliste s’efforcent d’attirer l’attention du public sur les contradictions du régime et sur les abus sociaux.

À cette époque encore, l’Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg

D20 – Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg

continue de régner en maître sur la vie artistique et de veiller jalousement à ce que soient appliqués les principes d’une esthétique pseudo-classique. L’Académie ne donne son approbation qu’à des genres et à des sujets bien déterminés: scènes de l’écriture, sujets antiques et mythologiques, thème de l’histoire occidentale, portraits de parade. Même les événements et les personnages de l’histoire nationale doivent être traités à la manière antique.

Comme le Conservatoire de musique, l’Académie impériale des Beaux-Arts est ouvertement contestée en 1863. Elle est alors prise à partie et le siège d’une manifestation de ses étudiants, manifestation connue dans l’histoire sous le nom de Révolte des 14. L’initiateur de cette manifestation est le peintre Ivan Kramskoï. N’ayant pu être favorablement entendus, les 14 quittent l’Académie se sachant alors désormais privés de diplômes, d’ateliers et de commandes.

À l’initiative de Kramskï, les 14 constituent la Corporation des peintres de Saint-Pétersbourg, corporation désignée par ARTEL. Les peintres membres de l’ARTEL, comme les musiciens du Groupe des cinq à la même époque, travaillent ensembles, exécutent conjointement des commandes, lisent et discutent les nouveautés littéraires, parlent d’art. Ces deux regroupements d’artistes, exactement contemporains, ne sauraient s’ignorer. L’ARTEL n’a qu’une brève existence, mais son rôle est énorme dans la vie culturelle du pays puisque, en refusant la tutelle de l’Académie impériale, elle pose un geste de pionnier. C’est la Société des expositions artistiques ambulantes qui reprend le flambeau à compter de 1870. L’activité créatrice de cette dernière, alimentée et soutenue par la théorie de Tchernychevski, marque un renouvellement fondamental dans la vie culturelle russe et a une grande résonnance sociale.

Le mérite des Ambulants est d’avoir opposé leur art réaliste, pénétré d’un esprit essentiellement national et novateur, à la fade peinture de salon prônée par l‘Académie impériale des beaux-arts. Leurs toiles représentent la vie, la lutte et les espoirs des couches laborieuses, surtout celle de la paysanerie qui compte alors la majorité de la population. Elles mettent en scène les héros de leur temps: le paysan, l’ouvrier, l’intellectuel, le révolutionnaire. Les Ambulants s’adressent à leur public dans une langue simple, accessible, irréprochable du point de vue artistique, pour lui parler des problèmes cruciaux qui ne laissent personne indifférent. Leurs toiles ont une extraordinaire puissance d’évocation. L’oeuvre des Ambulants constitue une véritable encyclopédie de la vie russe à l’époque de la réforme. Cette encyclopédie renferme, entre autres, des portraits.

Regardons tout d’abord celui du poète Nikolaï Nekrasov peint par Ivan KramsoÏ. Nekrasov fut l’un des poètes les plus populaires du XIXe siècle; il a essentiellement chanté la misère du peuple.

D21 – Portrait de Nikolaï Nekrasov, 1821-1877 / toile de Ivan Kramskoï

Quant au peintre qui signe ce portrait, Ivan Kramskoï, c’est une figure de proue dans la transformation de l’expression picturale pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Ivan Kramskoï fut, tour à tour, impliqué dans la Révolte des 14 contre l’Académie impériale des Beaux-Arts, leader de l’ARTEL et fondateur de la Société des expositions artistiques ambulantes.

Voici le portrait de Léon Tolstoï peint par Nikolaï Gay en 1884. Il s’agit bien du romancier, conteur et auteur dramatique Léon Tolstoï, né en 1828 et mort en 1910, immortalisé par ses fresques littéraires: Guerre et paix et Anna Karénine.

D22 – Portrait de Léon Tolstoï, toile de Nikolaï Gay / 1884

Le peintre, Nikolaï Gay, est d’origine ukrénienne. Il fut l’un des organisateurs de la Société des expositions artistiques ambulantes et participa à la première exposition en 1871.

De nouveau Léon Tolstoï, mais cette fois vu et interprété, trois ans plus tard, par le peintre Ilia Répine, figure centrale de la peinture russe de la fin du XIXe siècle.

D23 – Portrait de Léon Tolstoï / toile de Repine (1886)

Après le poète et l’écrivain, voici les musiciens:

Tout d’abord, Anton Rubinstein, pianiste, compositeur et fondateur du Conservatoire de musique de Saint-Pétersbourg. Ce portrait est l’oeuvre de Ilia Répine.

D24 – Portrait de Anton Rubinstein / toile de Ilia Répine

Puis, Piotr Ilich Tchaikovski, portrait réalisé par Irina Kouznetsov. Tchakovski s’est toujours tenu à l’écart du Groupe des cinq dont il ne partageait absolument pas l’esthétique.

D25 – Portrait de Piotr Ilich TchaikovskI / toile de Irina Kouznetsov

En plus des portraits, Irina Kouznetsov a signé des paysages et des toiles dites « de genre ». Il fut l’un des fondateurs de l’association des peintres de la Russie du Sud.

Un dernier portrait, celui de Pavel Trétiakov, peint également par Ilia Répine. Trétiakov, fondateur d’une célèbre galerie qui porte d’ailleurs son nom à Moscou, était un collectionneur et mécène. En faisant systématiquement l’acquisition des toiles des peintres de la Société des expositions artistiques ambulantes, Tretiakov a accordé, sans relâche, un soutien, entre autres financier, aux membres de la Société.

D26 – Portrait de Pavel Tretiakov / toile de Ilia Répine

Cette encyclopédie renferme également des scènes de la vie quotidienne dont voici quelques reflets:

Paysan craintif de Ilia Répine, peintre dont nous avons déjà vu plusieurs portraits.

D27 – Paysan craintif / toile de Ilia Répine

L’enfant malade du peintre letton Karlis Huns, fondateur de l’École réaliste lettonnienne. Il fut un ouvrier de la première heure de la Société des expositions artistiques ambulantes, puisqu’il participa à leur première exposition en 1871. Il peignit aussi des paysages et des portraits et réalisa des dessins et des aquarelles.

D28 – L’enfant malade / toile de Karlis Huns 1869

La famille du peintre Sergueï Ivanov. Cette toile représente la perception de Ivanov de la vie de la Russie patriarcale. Il traita ce sujet à plusieurs occasions et élabora plus d’une cinquantaine d’essais et d’études préliminaires illustrant les étapes du développement de son concept.

D29 – La famille / toile de Sergueï Ivanov

La mort d’un paysan migrant toujours de Ivanov, représente une scène de la vie quotidienne, scène douloureuse:

D30 – La mort d’un paysan migrant / toile de Sergueï Ivanov

Pauvres ramassant du charbon dans une mine abandonnée / toile de Nikolaï Kassatkine

D31 – Pauvres ramassant du charbon dans une mine abandonnée / toile de Nikolaï Kassatkine

La plus part des toiles de Nikolaï Kassatkine sont consacrées au labeur et à la lutte des travailleurs.

Ouvriers déjeunant est une toile du peintre Sergueï Vinogradov. Il a également peint des paysages et des portraits.

D32 – Ouvriers déjeunant / toile de Sergueï Vidogradov

Au même titre que Gay, Kramskoï et Répine, Vladimir Makovski qui signa cette toile:

Réunion nocturne, déploya beaucoup d’énergie comme organisateur au sein de la Société des exposition artistiques ambulantes. Il y exposa dès 1872.

D33 – Réunion nocturne / toile de Vladimir Makovski

Minute de détente est une toile peinte par la seule femme de la Société des ambulants: Antonina Rjevskaïa. Elle peignit principalement des tableaux de genre, mais aussi des portraits et des natures mortes.

D34 – Minute de détente / toile de Antonina Rjevskaïa

Rêverie du passé  toile de Vassili Maksimov

D35 – Rêverie du passé / toile de Vassili Maksimov

Enfin, l’encyclopédie des Ambulants regroupe des toiles historiques; nous en avons retenu trois, dont les deux premières sont de Répine:

Les Cosaques de zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie. Le sujet de cette toile provient de l’histoire ukrénienne du XVIIe siècle.

D36 – Les Cosaques de zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie / toile de Ilia Répine 1881

Ivan le terrible et son fils le 16 novembre 1581. C’est avec un réalisme implacable que l’artiste fixe le moment où, dans une crise de fureur, le tzar Ivan IV vient de tuer son fils et où le tyran est la proie d’affreux tourments. La critique progressiste acclama cette nouvelle toile tandis que les milieux conservateurs s’en détournèrent avec aversion.

D37 – Ivan le Terrible et son fils le 16 novembre 1581 / toile de Ilia Répine 1585

Pierre Premier interrogeant son fils, le tzarévitch Alexis Peterhof, toile réalisée par Nikolaï Gay et présentée à la première exposition de la Société des expositions artistiques ambulantes. Dans le conflit opposant père et fils, réforme et conservatisme, Pierre Premier fait le sacrifice de ses sentiments paternels au nom de l’avenir de la Russie. La façon originale dont le peintre traite ce sujet historique a exercé une influence notoire sur l’évolution de la peinture d’histoire en Russie.

D38 – Pierre Premier interrogeant son fils, le tzarévitch Alexis Peterhof / toile de Nikolaï Gay 1871

Cette brève visite de la galerie des peintres de la Société des expositions artistiques ambulantes nous place au centre de la vie artistique en Russie à la fin du XIXe siècle. Le parrain spirituel du Groupe des cinq, Vladimir Stasov, se porte à la défense de la Société et de ses membres, comme il se porte à la défense des musiciens du Groupe des cinq, et joue un grand rôle dans l’affermissement de la nouvelle tendance réaliste dans l’art russe.

La période la plus florissante de la Société des expositions artistiques ambulantes est la première décennie de son existence, soit les années 1870-1880. Il n’en fut pas de même du Groupe des cinq proprement dit dont le début de la décennie marque la fin de sa brève existence. Mais, pour Moussorgski, cette période porte le sceau de grands moments artistiques. Ne citons, à cet égard, que l’achèvement et la représentation publique (tant de fois refusée) de son opéra Boris Godounov et la composition de son oeuvre majeure pour piano: Les tableaux d’une exposition. Ces deux grands événements se produisent en 1874, l’un en février et l’autre en juin.

Modeste Moussorgski, connu comme pianiste virtuose et souvent comparé à Anton Rubinstein, a peu écrit pour le piano.

D39 – Dessin de Modeste Moussorgski et Anton Rubinstein

Outre la fresque de 1874, une quinzaine d’oeuvres brèves jalonnent sa production créatrice pour cet instrument. De toute évidence, son domaine de prédilection était la voix: mélodies et oeuvres pour la scène. Mais, sous le choc de la mort de l’un des ses grands amis, Viktor Hartmann, il nous livre cette oeuvre magistrale pour le piano que constitue Les tableaux d’une exposition.

D40 – Photo de Viktor Hartmann

À la suite du décès de cet ami survenu le 23 juillet 1873, le parrain et guide de Moussorgski, Vladimir Stasov, organise une exposition commémorative de l’oeuvre de Viktor Hartmann, peintre, architecte et décorateur de théâtre. Cette exposition est présentée à Saint-Pétersbourg en février 1874. Elle compte plus de 400 oeuvres: plans d’architecture, aquarelles, dessins de théâtre, pièces d’artisanat, bijoux. Hartmann ayant beaucoup voyagé au cours de sa brève existence (1834-1873), il séjourna, entre autres, en France, en Italie, en Allemagne, en Pologne, plusieurs de ces oeuvres en portent la marque.

Moussorgski visite cette exposition qui déclenche chez lui un puissant geste créateur. Il écrit rapidement:

“Hartmann bouillonne, comme bouillonnait Boris: les sons et les idées planent dans l’air – je les gobe et je m’en gouinfre, et à peine si j’ai le temps de les griffonner sur le papier. (…) les transitions sont bonnes (en forme de promenade). (…) On devine ma personne dans les interludes. Pour l’instant je trouve cela réussi. (…)”4 écrivait Moussorgski. En moins de trois semaines, l’oeuvre est complétée. Mousorgski la dédie à Vladimir Stasov en ces termes: “À la mémoire de notre cher Viktor”.5

Stasov écrira la préface de la première édition desTableaux d’une exposition en 1886, soit cinq ans après la mort du musicien.

D41 – Couverture de la première édition 1886 des Tableaux d’une exposition

On a souvent fait remarquer le décalage existant entre les dessins et objets ayant réellement figurés à l’exposition et la vision qu’en propose Moussorgski. De fait, à de nombreuses reprises, le compositeur est parti de suggestions pour brosser des tableaux correspondant à ses fascinations et à ses archétypes: scènes populaires, univers des enfants, fantasmagories, obsession de la mort, attachement à la grandeur épique de la Russie. Mais Moussorgski n’entendait pas tant dépeindre les émotions qu’il ressentait en contemplant les tableaux que mettre en musique, aussi fidèlement que possible, l’atmosphère, les attitudes et les scènes qu’ils évoquent.

Jusqu’à un certain point, et sur le plan de la forme, on peut rapprocher les Tableaux d’une exposition de certains cycles schumaniens: ne s’agit-il pas ici de juxtaposition de miniatures caractéristiques dont l’ensemble constitue un ouvrage d’ampleur considérable? Mais cette oeuvre porte tous les traits essentiels du réalisme radical, tel que le réclamait Moussorgski: style expressif, dense et explosif, humour et bizarrerie, minutieuse description naturaliste, atmosphère démoniaque et fantastique, sauvagerie et impulsivité russe, pesante mélancolie.

Des 400 pièces de l’exposition Moussorgski nous en restitue dix ponctuées par des interludes. De façon épisodique, le guide nous fait passer d’un tableau à l’autre par une image musicale qu’il appelle Promenade. Moussorgski nous suggère lui-même de voir, en cette image sonore, sa propre personne allant d’un tableau à l’autre. Voici donc un montage sonore de la Promenade telle qu’elle est entendue avant les tableaux suivants:

Extrait musical 1: Promenade (début de l’oeuvre)

Extrait musical 2: Promenade (qui conduit au Vieux château)

Extrait musical 3: Promenade (qui conduit aux Jardins des Tuileries)

Extrait musical 4: Promenade (qui conduit au Ballet des poussins dans leurs coques)

Extrait musical 5: Promenade (qui conduit au Marché de Limoges)

Moussorgski a écrit uniquement la partition pour piano. La version pour orchestre de ces promenades que nous allons entendre est celle de Maurice Ravel:

D42 – Photo de Maurice Ravel

Extrait musical 6: Orchestration: Maurice Ravel / Promenade (début de l’oeuvre)

Extrait musical 7: Orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit au Vieux château)

Extrait musical 8: Orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit aux Jardins des Tuileries)

Extrait musical 9: Orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit au Ballet des poussins dans leurs coques)

C’est à la demande du chef d’orchestre Serge Koussevitzky que Maurice Ravel, en 1922, fit l’orchestration de cette oeuvre. Mais il n’était pas le premier à élargir la palette sonore de l’oeuvre de Moussorgski. La première tentative en ce sens fut partiellement réalisée, en 1891, par Mikhail Touchmalov. Citons encore: les orchestrations de Léopold Stokovski et du pianiste et chef d’orchestre Vladimir Ashkenazi, les transcriptions pour ensemble de cuivres, orchestre d’harmonie et même pour orgue. C’est dire la puissance évocatrice de l’oeuvre et son attrait pictural.

Dans la galerie de Moussorgski, considérons le 2e tableau: Le vieux château. «Le mouvement est construit d’après une aquarelle de Hartmann qu’il avait peinte quand il étudiait l’architecture en Italie. Dans les souvenirs de Stassov, le dessin représentait au fond un vieux château, avec au premier plan un troubadour avec un luth (peut-être là pour donner les dimensions du château). Dans le catalogue de l’exposition on ne trouve pas de trace de cette production.»6

Musicalement, on y accède par la Promenade. L’atmosphère de stabilité et de permanence est ici créée par une basse immuable, une pédale, à laquelle se greffe une complainte qui peut rappeler celle d’un troubadour.

Extrait musical 10a: Le vieux château

Extrait musical 10b: Orchestration: Vladimir Ashkenazi : Le vieux château

Mais non, ce n’est pas l’orchestration de Ravel que nous venons d’entendre mais bien celle de Vladimir Ashkenazi qui confie la complainte au cor anglais alors que Ravel a retenu le saxophone pour cette même mélodie.

Dans le tableau intitulé Bydlo les basses installent un rythme traînant et obsédant, un ostinato qui ponctue la marche lourde et régulière d’un véritable mécanisme vivant auquel se superpose un chant ample, grave et robuste inspiré de la tradition populaire slave. Bydlo est un terme polonais qui désigne le bétail. On peut deviner, par cette musique, un Moussorgski exalté au spectacle du travail et de la misère du peuple russe, un peuple en marche, qui semble prendre conscience de sa force écrasante, mais s’appaise dans la résignation. Les tableaux de Illarion Prianichnikov et celui de Ilia Répine ne sont pas moins éloquents.

D43 – Paysans revenant du marché / toile de Illarion Prianichnikov 1872

 

D44 – Les haleurs de la Volga / toile de Ilia Répine (1870-1873)

 

Extrait musical 11a: Bydlo

Extrait musical 11b: Orchestration: Maurice Ravel / Bydlo

L’humour succède aux préoccupations de nature sociale avec le tableau intitulé:

D45 – Ballet des poussins dans leurs coques / dessin de Hartmann

Viktor Hartmann, dessinateur de théâtre, avait dessiné les décors et les costumes pour le ballet intitulé: Trilby, ballet dansé par des élèves de l’École impériale de ballet à Saint-Pétersbourg en 1871. La musique évoque donc avec amusement les pépiements des poussins et leur démarche maladroite en petits pas. Une fois de plus, c’est la Promenade qui nous conduira de Bydlo au Ballet. C’est la première fois qu’elle est entendue en mineur. Son harmonisation fine crée une ambiance énigmatique.

Extrait musical 12a: Ballet des poussins dans leurs coques

Extrait musical 12b: Orchestration: Maurice Ravel / Ballet des poussins dans leurs coques

Les deux derniers tableaux: La cabane sur des pattes de poule et La grande porte de Kiev, puisent dans le fond national de l’auteur: le folklore et l’histoire de la Russie.

D46 – La cabane sur des pattes de poule / dessin de Viktor Hartmann

Le dessin de Hartmann représente ici une horloge en forme de cabane sur des pattes de poule, c’est la cabane de Baba-Yaga, sorcière légendaire dont les exploits terrifiants ont troublé le sommeil de tous les enfants.

D47 – Baba-Yaga – sorcière sur son balai / dessin de Viktor Hartmann
D48 – Baba-Yaga – dans sa maison, filant / dessin de Viktor Hartmann
D49 – Baba-Yaga – la maison sur des pattes de poules / dessin de Viktor Hartmann

Moussorgski n’écrit-il pas dans son autobiographie: «Ma nourrice (…) m’a fait connaître de près des contes russes. Parfois, j’en passais des nuits blanches. Il m’en venait surtout le goût d’improviser au piano, à une époque où je n’avais même pas la moindre idée des principes du jeu de l’instrument.»7

Extrait musical 13a: La cabane sur des pattes de poule

Extrait musical 13b: Orchestration: Maurice Ravel / La cabane sur des pattes de poule

D50 – La grande porte de Kiev / dessin de Viktor Hartmann

La grande porte de Kiev est le dernier tableau de l’oeuvre.

«Le dessin d’Hartmann représente son projet de construction d’une porte d’entrée pour la ville, de style russe ancien massif, avec une coupole en forme de casques. Ce projet d’inspiration patriotique illustre son affirmation nationaliste.»8

C’est le plus développé des tableaux. Il constitue une éclatante et majestueuse conclusion. Ce tableau se veut une glorification de la grandeur légendaire du peuple russe. On remarquera l’image musicale de la Promenade, mais ici intégrée à toutes les composantes du tableau. Nous n’écouterons La grande porte de Kiev que dans la version orchestrale de Maurice Ravel.

Extrait musical 14: Orchestration: Maurice Ravel  / La grande porte de Kiev

Moussorgski est un être qui a traversé une existence difficile, tant sur le plan personnel, matériel que professionnel, y compris, musical. La perte de sa mère en 1865 a constitué un véritable drame pour lui. Et puis, sa santé a été mise à très rude épreuve avant même l’âge de 20 ans. Les profondes déceptions qui jalonnent son activité créatrice ont brisé cet être non reconnu de son vivant et souvent sous estimé.

C’est à 42 ans que

D51 – Photo de Modeste Moussorgski en jeune militaire

Modeste Moussorgski meurt à Saint-Pétersbourg dans une misère physique et morale totale. Le peintre Ilia Répine fait

D52 – Modeste Moussorgski / toile de Ilia Répine 1881

le portrait de cet homme quelques mois avant sa mort. Quel contraste avec le jeune Moussorgski de 17 ans! Il n’y a pourtant que 25 ans qui séparent les deux personnages!

C’est en contemplant ce portrait, en prenant connaissance de l’hommage que Claude Debussy rend à Moussorgski et en écoutant un dernier tableau, le 8e de l’oeuvre:

D53 – Catacombes / dessin de Viktor Hartmann

Catacombes, que nous quitterons Moussorgski et la Russie de la fin du XIXe siècle.

«Personne n’a parlé à ce qu’il y a de meilleur en nous avec un accent plus tendre et plus profond; il est unique et le demeurera par son art sans procédé, sans formule décevante. Jamais une sensibilité plus raffinée s’est traduite par des moyens aussi simples».9

Extrait musical 15: Catacombes

Nicole Trudeau Ph.D.
Invitée par l’Association culturelle T. X. Renaud le 10 juin 1990

Notes

MARNAT, Marcel / Moussorgski / Paris, Seuil, coll. «Solfèges», 1962 / p. 177

2 HOFMANN, Michel-R. / La musique russe des origines à nos jours / Buchet-Chastel, 1968 / pp. 104-105

3 MOUSSORGSKI, Modeste / Correspondance / Paris, Fayard 2001 / pp. 50-51

4 MOUSSORGSKI, Modeste / Correspondance / Paris, Fayard 2001 / p. 330

5 Cette mention figure sur la page de garde de la partition originale des Tableaux d’une exposition.

6 Le vieux château

7 CALVOCORESSI, Michel-Dimitri / Moussorgsky / Paris, Félix Alcan / 1908 / pp. 10-11

8 La grande porte de Kiev

9 DEBUSSY, Claude /  Monsieur croche antidilettante / Paris, Librairies Dorbon-aîné; Nouvelle Revue française (Les Bibliophiles Fantaisistes), 1921  / p. 37

Bibliographie

CALVOCORESSI, M[ichel]-D[imitri] / Moussorgsky / Paris, Félix Alcan, 1908 / 238 p.

DEBUSSY, Claude / Monsieur Croche, antidilettante / Paris, Librairies Dorbon-aîné; Nouvelle revue française, (Les Bibliophiles Fantaisistes), 1921

LEBEDEV, Andrei / Les Ambulants: Société des Expositions Artistiques Ambulantes (1870-1923) / Association Démocratique de Peintres Réalistes Russes. Fin du XIXe– Début du XXe Siècle / Leningrad, Éditions d’art Aurore, 1977, (édition revue) 1982

MARNAT, Marcel / Moussorgski / Paris, Seuil, Coll. «Solfèges», 1962 / 192 p.

Modeste Moussorgski et le drame musical russe / Notice autobiographique, lettres, souvenirs de contemporains / Moscou, Radouga, 1987, 387 p.

MOUSSORGSKI, Modeste / Correspondance / Paris, Fayard, 2001 / 528 p.

TRANCHEFORT, François-René et al. / Guide de la musique de piano et de clavecin / Paris, Fayard, 1987 / 886 p.

UNNAMED / Russia: The Land, The People: Russian Painting, 1850-1910 / Editeur : Univ of Washington Pr, 1987

VIGNAL, Marc (dir.) / Larousse de la musique / Paris, Librairie Larousse, 1982, tome 2, 1803 p.

Projections : liste des diapositives

D1- Forteresse Pierre et Paul / Saint-Pétersbourg (vue aérienne)

D2- Cathédrale Saint-Isaac / Saint-Pétersbourg (vue aérienne)

D3- Monument à Pierre Premier (la nuit) / toile de Vassili Surikov 1870

D4- Lycée allemand de Saint-Pétersbourg

D5- École de cavalerie Nicolas de Saint-Pétersbourg

D6- Photo de Modeste Moussorgski en jeune militaire

D7- Photo de Mili Balakerev

D8- Photo de Modeste Moussorgski

D9- Photo de César Cui

D10- Portrait de Nikolaï Rimsky-Korsakov / toile de Ilia Répine

D11- Photo de Alexandre Borodine

D12- Photo du Groupe des cinq

D13- Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg

D14- Portrait de Mikhail Glinka / toile de Ilia Répine

D15- Portrait de Vladimir Stasov / toile de Ilia Répine 1883

D16- Kremlin / Moscou

D17- Place rouge  / Moscou

D18- Cathédrale Saint-Basile (Saint-Basile-le-Bienvenue) / Moscou

D19- Portrait de Fiodor DostoÏevski / toile de Vassili Perov

D20- Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg

D21- Portrait de Nikolaï Nekrasov (1821-1877) / toile de Ivan Kramskoï

D22- Portrait de Léon Tolstoï / toile de Nikolaï Gay 1884

D23- Portrait de Léon Tolstoï / toile de Ilia Répine 1887

D24- Portrait de Anton Rubinstein / toile de Ilia Répine

D25- Portrait de Piotr TchaikovskI / toile de Nikolaï Kouznetsov

D26- Portrait de Pavel Tretiakov / toile de Ilia Répine

D27- Le paysan craintif / toile de Ilia Répine

D28- L’enfant malade / toile de Karlis Huns 1869

D29- La famille / toile de Segueï Ivanov

D30- La mort d’un paysan / toile de Segueï Ivanov 1889

D31- Pauvres ramassant du charbon / toile de Nikolaï Kassatkine

D32- Ouvriers déjeunant / toile de Sergeï Vinogradov

D33- Réunion nocturne / toile de Vladimir Makovski 1875

D34- Minute de détente / toile de Antonina Rjevskaïa

D35- Rêverie du passé / toile de Vassili Maksimov

D36- Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie / toile de Ilia Répine 1881

D37- Ivan le Terrible et son fils le 16 novembre 1581  / toile de Ilia Répine 1885

D38- Pierre Premier interrogeant son fils, le tzarévitch Alexis Peterhof / toile de Nikolaï Gay 1871

D39- Dessin de Modeste Moussorgski et Anton Rubinstein

D40- Photo de Viktor Hartmann

D41- Couverture de la première édition 1886 des Tableaux d’une exposition

D42- Photo de Maurice Ravel

D43- Paysans revenant du marché / toile de Illarion Prianichnikov 1872

D44- Les haleurs de la Volga / toile de Ilia Répine (1870-1873)

D45- Ballet des poussins dans leurs coques / dessin de Viktor Hartmann

D46- Cabane sur des pattes de poules / dessin de Viktor Hartmannn

D47- Baba-Yaga – sorcière sur son balai / dessin de Viktor Hartmann

D48- – Baba-Yaga – dans sa maison, filant / dessin de Viktor Hartmann

D49- Baba-Yaga – la maison sur des pattes de poules / dessin de Viktor Hartmann

D50- La grande porte de Kiev / dessin de Viktor Hartmann

D51- Photo de Modeste Moussorgski en jeune militaire

D52- Portrait de Modeste Moussorgski  / toile de Ilia Répine 1881

D53- Catacombes / dessin de Viktor Hartmann

Extraits musicaux:

Liste des extraits musicaux intégrés dans la conférence

Extrait musical 1
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Promenade (début de l’oeuvre)

Extrait musical 2
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Promenade (qui conduit au Vieux chateau)

Extrait musical 3
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Promenade (qui conduit aux Jardins des Tuileries)

Extrait musical 4
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Promenade (qui conduit au Ballet des poussins dans leurs coques)

Extrait musical 5
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Promenade (qui conduit au Marché de Limoges)

Extrait musical 6
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Promenade (début de l’oeuvre)

Extrait musical 7
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit au Vieux chateau)

Extrait musical 8
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit aux Jardins des Tuileries)

Extrait musical 9
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Promenade (qui conduit au Ballet des poussins dans leurs coques)

Extrait musical 10a
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Le vieux château

Extrait musical 10b
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Vladimir Ashkenazi (Philharmonia orchestra) / Le vieux château

Extrait musical 11a
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Bydlo

Extrait musical 11b
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Bydlo

Extrait musical 12a
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Ballet des poussins dans leurs coques

Extrait musical 12b
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Ballet des poussins dans leurs coques

Extrait musical 13a
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Cabane sur des pattes de poules

Extrait musical 13b
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / Cabane sur des pattes de poules

Extrait musical 14
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / orchestration: Maurice Ravel / La grande porte de Kiev.

Extrait musical 15
MOUSSORGSKI, Modeste / Les tableaux d’une exposition / Catacombes

Source :

Des dessins de Hartmannn à la musique de Moussorgski puis de Ravel / conférence présentée par Nicole Trudeau Ph.D. / Montréal le 10 juin 1990 pour l’Association T. X. Renaud
(Cette conférence n’a pas été publiée)

Informations complémentaires:

Des projections visuelles et des extraits musicaux illustrent le propos.

Un certain nombre de  photos proviennent du site Wikipédia.

3 réponses sur “Des dessins de Hartmann à la musique de Moussorgsky puis de Ravel”

  1. Excellente conférence. Merci Madame! Je note toutefois un oubli (de taille): le marché de Limoges. Sans doute est-ce volontaire de votre part, puisque – tout comme « Le vieux château » que vous évoquez- ce tableau ne figure pas dans le catalogue de l’exposition. Au point qu’il est permis de s’interroger: ce tableau a-t-il même simplement existé ou n’est-il que le fruit de l’imagination de Moussorgski? Qu’en pensez-vous ?
    PS: il est cependant certain que Hartmann a voyagé en France et même très probablement à Limoges, ce qui a priori plaiderait légèrement en faveur de l’existence de ce tableau…

    1. Merci Nancy de faire écho à cette conférence qui m’a été inspirée par un voyage en URSS d’alors, quelques années auparavant.

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