Une réflexion qui s’impose

16 mai 2023

Le Devoir présente La tyrannie du divertissement de Olivier Babeau, dans un article intitulé:  Une société malade du temps libre. Une réflexion bienvenue et même nécessaire.

« Une vie moyenne, en France comme au Québec, est aujourd’hui longue de plus de 80 ans, faite de milliers de jours et d’heures. Que faisons-nous de cet «océan de temps»?

Après avoir été ensevelis sous le travail, pris dans les transports, passant d’un écran à l’autre, comment disposons-nous du temps qui nous reste, de ce qu’on appelle le temps libre? (…)»

Il est urgent d’y réfléchir.

«Nous sommes nombreux, encore, à le gaspiller devant des écrans, esclaves consentants des algorithmes et des contenus à la croissance exponentielle des plateformes numériques.»

«On a volé notre temps», constate Olivier Babeau dans (…) l’essai (.) qui se veut une «mise en garde inquiète contre un problème que personne ne veut voir. Car entre le loisir studieux des Anciens et la recherche de plaisir immédiat à travers les loisirs, il apparaît à l’essayiste que nous vivons à une époque qui est «malade du temps libre». Je ne critique pas le divertissement en lui-même, je critique la tyrannie, (…)»

Cette tyrannie, je la ressens personnellement de plus en plus tous les jours; je parlerais aussi de boycottage et de dictature dans les façons d’opérer.

«(…) en quelques dizaines d’années, la baisse du temps de travail a été rapide. Nous sommes ainsi entrés, sans vraiment nous en rendre compte, dans un monde où le travail n’occupe plus désormais la place essentielle.»

(…) il y a du travail qui est aliénant, mais le loisir n’est pas forcément émancipateur. Il peut aussi être aliénant.»

«(…) le loisir, c’est fondamental», écrit Babeau.»

«Le loisir, c’est le temps à soi, le temps libre.»

Il en distingue trois types:

«Il y a d’abord le temps pour les autres, social, familial ou amical. «Il y a ensuite le temps pour soi, (…) le loisir studieux. C’est tout le temps où vous allez être actif, vous développer, vous émanciper. Par exemple à travers la lecture, le sport, la réflexion, la méditation. Tous les moments où vous allez vous accroître, si vous voulez, vous cultiver.»

Le dernier type, (…) c’est le loisir «hors de soi», passif, celui qui vous diminue. «C’est une activité qui vous éloigne de vous-même, qui vous atrophie. (…) C’est ce que recouvre le mot «divertissement», qui a, (…) une puissance d’attraction que n’ont pas les deux autres.»

«Il ne fait aucun doute, selon lui (Babau), que les nouvelles technologies, par une série d’effets pervers, accentuent la tragédie du temps libre. (…)

«(…) il ne s’agit pas de mettre le plaisir à distance (…). Il préconise l’approche grecque, ou antique, selon laquelle le plaisir est bon s’il est discipliné, en nous offrant ainsi la meilleure qualité de plaisir. (…) Au fond, le plaisir est un super serviteur, mais un mauvais maître. (…) Il faut savoir le dompter. Parfois, ça demande une discipline de soi. (…) Au fond, il n’y a qu’un choix: résistance ou soumission.»

«Libres, écrit Olivier Babeau, nous sommes notre plus grand ennemi.» La société d’abondance qui est devenue la nôtre, où tout semble conçu pour épargner à l’individu le moindre effort — y compris celui de penser, avec les percées récentes et fulgurantes de l’intelligence artificielle —, commande désormais l’urgence de résister au «piège de la facilité». Et pour commencer, celle de résister à soi-même.»

«C’est hyper difficile, la liberté», constate l’essayiste, qui rappelle qu’autrefois les gens ne choisissaient rien dans leur vie. «Vous avez dans votre poche, aujourd’hui en permanence, une infinité de contenus, prévus pour être ceux qui sont les plus attractifs pour vous. Ceux qui vous conviennent. Quelle force il faut pour dire: je vais prendre un livre, créer quelque chose ou même rêvasser! Il est prodigieusement difficile de résister à cette tentation. On a tous ce problème-là.»

Mais Olivier Babeau, (…) croit qu’il ne faut surtout pas diaboliser les écrans. Il s’agit avant tout d’une question d’équilibre, un état qu’il est possible d’atteindre en se fixant de petites règles.» «Il nous faut développer le mode d’emploi qui n’avait pas été livré avec les technologies. «En être conscient, c’est la chose la plus importante.» «Ce qu’on appelle le temps libre (…)»

J’ose me permettre :

Le maître de l’emploi de la technologie et de notre temps, c’est nous. Et ce n’est pas le défi le moins exigeant. L’ouvrage de Olivier Babeau pourrait sans doute être d’un bénéfique accompagnement.

Source:

DESMEULES, Christian / Une société malade du temps libre / Le Devoir, Section Culture /  15 mai 2023

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