Une réflexion que je partage

21 avril 2024

«Choisir, c’est décider; décider, c’est exister et l’assumer»

Une pensée à laquelle j’adhère et un livre que je veux lire, telles sont les deux raisons qui me motivent à attirer l’attention sur cet article de Marco Jean dans Le Devoir du 20 avril 2024: Mourir ou s’effacer, les Québécois et la peur.

À partir d’une citation de Milan Kundera, Marco Jean établit un parallèle avec le Québec.

«Pour liquider les peuples […], on commence par leur enlever la mémoire. […] Et la langue? Pourquoi nous l’enlèverait-on? Ce ne sera plus qu’un folklore qui mourra tôt ou tard de mort naturelle. […]»

«En ce moment, on reproche de tous les côtés au chef du Parti Québécois (PQ) ses propos au sujet du mépris et des sévices subis par les Canadiens français. (…) on dit que cela date. (…) il faudrait tourner la page, le ressentiment n’étant plus de mise. (…) les injustices du passé, même lointain, devraient être régulièrement rappelées, sauf celles dont ont été victimes les francophones du Canada.»

«On dit également qu’il n’y aurait plus de place pour les discours de peur dans l’espace public politique. Or, on parle constamment de peur: peur d’un conflit nucléaire, peur de la montée du mercure, du niveau de la mer, de l’inflation et de l’extrême droite, peur de l’endettement des jeunes et des ménages, peur pour nos enfants devenus trop anxieux, etc. Cette objection est d’autant plus ironique qu’elle provient de ceux-là mêmes qui depuis des décennies usent de la peur pour tranquilliser les Québécois.»

«(…) Paul St-Pierre Plamondon a raison d’évoquer les menaces actuelles et réelles pour le peuple québécois, tant au point de vue culturel (…) qu’au point de vue politique (…) Puisqu’il est question ici de conséquences existentielles. En abordant ces sujets, PSPP ressort les vieux démons qui, au fond, n’ont jamais quitté son peuple. Ne nous y trompons pas: il n’y a rien de fortuit dans tout cela. Avec, notamment, le fils qui s’évertue, à Ottawa, à parachever l’oeuvre du père, le peuple québécois entre dans une phase de son histoire où il «peut voir de près devant lui l’image de sa mort, comme une possibilité tout à fait concrète». Ne pouvant se résoudre à pleinement exister non plus qu’à complètement disparaître, le peuple québécois a cru pouvoir être politiquement autonome et demeurer lui-même au sein de la fédération canadienne. Mais l’illusion, révélée dans toute sa splendeur par les échecs du gouvernement caquiste, a fait son temps. Il se heurte maintenant à la réalité, que PSPP ne fait que nommer. Rappeler que l’heure des choix qui approche dérange. Le réflexe est alors de tirer sur le messager. (…)»

«(…) la mort fait peur aux Québécois. Exister aussi. Reste donc à voir ce qu’ils redoutent le plus.»

Normal que ce regard frontal dérange,  trouble et provoque. Fermer les yeux, et surtout l’esprit, est plus reposant.

Sources:

JEAN, Marco / Les Québécois et la peur / Le Devoir/ Section Éditorial / 20 avril 2024

 KUNDERA, Milan / Le livre de la peur et de l’oubli / Gallimard / Paris 1987 / 365 pages

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