31 mars 2020
C’est le 2e message téléphonique que je reçois de personnalités publiques qui collaborent à la sensibilisation de chacun aux messages et directives de la santé publique dans le but de nous convaincre du sérieux et de l’urgence de faire notre part pour limiter les désastres de la pandémie. Ce fut d’abord Bernard Derome, puis, Véronique Cloutier. Ces messages individualisés s’ajoutent aux publicités sociétales à la télévision, entre autres. On vient même de me raconter que le docteur Arruda, directeur de la santé publique du Québec diffuse lui-même des messages vocaux dans les rues de la capitale depuis une voiture. On rivalise d’imagination pour convaincre chacun de l’importance des gestes individuelles à poser.
Ce qui me touche, d’une part, ce sont les efforts et les initiatives inouïs qui sont déployés pour éviter le pire, mais, ce qui me décourage, d’autre part, c‘est l’indifférence ou le déni1 qu’un petit nombre (mais encore trop grand) d’individus qui ne consentent pas à contribuer à cette volonté publique d’‘être partie prenante à cette opération.
Évidemment, le déni1 et le refus d’obtempérer n’est pas une nouveauté. On est diabétique et le sucre n’est pas nuisible. On est cardiaque et l’on peut continuer de fumer sans conséquence. Et la liste pourrait être interminable.
Mais ici, le couteau (le virus) est à double tranchant: il agresse un individu qui, simultanément, en agresse plusieurs autres. Nous faisons donc face à un défi de responsabilité individuelle et de conscience sociale.
À une époque où l’égo est roi, c’est tout un défi et pour les autorités publiques (qui s’en acquittent fort bien) et pour les individus (qui tentent encore de s’y soustraire). À ces derniers, je ne peux résister à dire: « ne venez pas ultérieurement pleurer sur une épaule individuelle ou sociale.»
On connaît plutôt bien ce dicton: «mieux vaut prévenir que guérir». C’est ce message que l’on tente de faire comprendre et partager.
Les autorités publiques nous font confiance. Soyons à la hauteur de cette confiance.
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1Définition claire: «Le déni est l’attitude de refus de prendre en compte une partie de la réalité, vécue comme inacceptable par l’individu. En psychanalyse (Verleugnung) c’est un mécanisme de défense, par lequel le sujet refuse de reconnaître la réalité d’une perception ressentie comme menaçante et/ou traumatisante.»