Une lecture exigeante

19 octobre 2024

«Que notre joie demeure est un roman d’une puissance rare; l’écriture est riche, inventive, sensuelle; les personnages sont fascinants, attachants, complexes; le plaisir de la lecture intense; des images, des émotions et des mots demeurent avec nous longtemps après que l’on a refermé les pages et la couverture tendre. Je suis impressionné par le talent d’un si jeune auteur. À lire absolument. Je vais marcher tranquillement vers une librairie pour découvrir les autres livres de Kevin Lambert.»

Ainsi s’exprime l’un des lecteurs cité sur le site de Babelio. Et il n’est pas le seul à pareillement apprécier.
Peu de choses à ajouter!

C’est une œuvre que je trouve très dense, pas facile à traverser ni à assimiler. Le regard, la pensée et l’analyse de l’auteur impressionnent de bout en bout; la maîtrise de l’écriture et l’ampleur des connaissances, également.

J’ai été particulièrement sensible aux moments de douceur que l’on retrouve aux pages 315-323 lorsque Céline, la personnalité dominante de ce roman, lit à deux enfants un conte qui fait partie de son grimoire.

«Dans un pays de déserts et de montagnes le vent du désert soufflait sur la crête des montagnes.

Un garçon marchait face au vent sur un sentier sinueux.

Les bourrasques de sable l’aveuglait. Il fermait les yeux, puis continuait son chemin.

Il savait que cette route était parfois gardée par des brigands détroussant les voyageurs.

L’enfant portait une lourde charge, un grand panier débordant de pêches mûres. Trois silhouettes de trois frères apparurent bientôt à l’horizon. Des enfants, comme lui, connus dans tout le village pour leurs méfaits et leurs larcins.

Les trois frères bloquaient la route.

L’enfant demanda grâce, car la journée était venteuse et la route était longue.

Les trois frères s’écartèrent, mais l’un d’eux allongea son pied et l’enfant trébucha.

Des pêches rouges et juteuses  s’échappèrent du panier comme des rats chassés de leur nid.

Elles roulèrent dans le sable et se cabossèrent sous les pieds des voleurs.

Ils attrapèrent quelques fruits, puis s’enfuirent.

L’enfant pouvait entendre leurs rires  résonner dans la vallée en ramassant les fruits éparpillés. (…)».

—-
SOURCE:

LAMBERT, Kevin / Que notre joie demeure / Éliotrope / Montréal / 2022

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *