18 décembre 2024
Le titre étonne, pique la curiosité: Des fois, j’ai peur.
Salomé Corbo avait d’abord choisi de parler de son amour pour le temps des fêtes
«À la manière d’une mère Noël résolument moderne et dynamique. Mais, voilà, la peur «m’a pognée à la gorge» et Noël s’est vu relégué aux sujets de second ordre. En fait, la peur et l’impuissance se sont entrechoquées pour former une énorme boule de pâte à biscuits pas cuite dans mon ventre.»
«(…) Cette peur est née d’une nouvelle effroyable que j’ai apprise la semaine dernière.»
«(…) quelqu’un de cher allait affronter un parcours du combattant véritablement effrayant.»
«J’ai été profondément bouleversée.»
«(…) la maladie ne fonctionne pas au mérite et peut frapper les âmes les plus belles et les plus pures que l’on connaisse. »
«(…) je n’ai pensé qu’à cette personne formidable et à ce qu’elle devait ressentir.»
«(…) nos moments les plus mémorables m’ont submergée comme une vague déferlante. Grâce aux souvenirs de nos voyages, de nos projets et de nos folles aventures, j’ai pris la mesure de sa force et de son courage. Je suis convaincue de sa résilience et de celle et de ceux qui seront à son chevet, mais je ne peux pas m’empêcher d’être envahie d’appréhension. (…) Mais, précisément parce que je suis incapable de soulager sa détresse ou sa douleur autrement qu’en lui disant tout mon amour (…), cette impuissance exacerbe ma peur.»
«Alors, pour réduire ma sécrétion de cortisol, pour ralentir mon rythme cardiaque, pour calmer mes pensées obsédantes et pour me concentrer sur l’espoir et le beau, j’ai finalement choisi de mettre de la musique de Noël à tue-tête. Pour combattre cette peur qui nous paralyse, cette impuissance qui rend fous, j’ai pétri la pâte et fait cuire une centaine de petits biscuits en pain d’épices. Embaumer la cuisine et décorer des étoiles avec de la glace royale sont les seuls moyens que j’ai trouvés pour laisser la peur me traverser et continuer son chemin.»
«Finalement, c’est peut-être ça, une chronique de Noël.»
Je dirais: c’est ça aussi, «une chronique de Noël»,
Car Noël ne nous met à l’abri de rien.
Ceux qui ont vécu une semblable tragédie comprennent sans doute ce sursaut de vie, cette rage contre la réalité implacable.
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Source:
CORBO, Salomé / Des fois, j’ai peur / Le Devoir / Section: Idées / 18 décembre 2024