15 avril 2025
Suzanne G. Chartrand, fille de Michel Chartrand et de Simone Monet-Chartrand, témoigne de l’ampleur de l’engagement de son père que l’on limite trop souvent à son action syndicale. Elle nous esquisse une rétrospective de son parcours hors normes.
«Oui, vieux frère, tu as été un ardent syndicaliste, mais tu demeures un cœur vaillant de la trempe des Menaud»,
ainsi présente-t-elle son père.
«Au cours de sa vie professionnelle, il n’a été l’employé d’une instance syndicale que pendant dix ans (…). En somme, sur presque 50 ans, il en travailla 19 dans le mouvement syndical.»
«Avant son engagement syndical, il avait travaillé comme typographe, puis en 1959, (…) il est retourné à son métier et a fondé son imprimerie Les Presses sociales, qui imprimait Vigneault, Charlebois, des conventions collectives et des revues de gauche (…). Il a travaillé en imprimerie durant 14 ans. Il a toujours eu un profond respect pour les artisans des métiers manuels et honni ceux qui les méprisaient.»
«Dès les années 1940, il s’est impliqué dans le mouvement coopératif, (…) son dernier emploi, de 1978 à 1987, fut d’être responsable du recrutement pour la Caisse d’économie solidaire Desjardins à Montréal.»
Il a œuvré en politique fondant des parties et s’y présentant comme candidat.
«La santé et la sécurité au travail deviendront une préoccupation et une lutte incessantes.»
«Un autre engagement important fut envers la solidarité internationale des travailleurs et des peuples.»
«Il fut sans aucun doute la personne qui a éveillé le plus le mouvement syndical et populaire québécois à la nécessaire solidarité envers les damnés de la terre partout dans le monde. Avec sa femme, Simonne Monet, il a milité sans relâche pour la paix dans le monde et pour la défense des prisonniers politiques au Québec et ailleurs.»
«Ses engagements lui ont valu sept incarcérations sous Duplessis et quatre mois de prison en vertu de la Loi sur les mesures de guerre d’octobre 1970 (…)».
«Voilà pour l’essentiel ses combats, mais ils ne rendent pas compte de toute son humanité. Loin de là. Il fut un mari, un père, un grand-père aimant, tendre, chaleureux, souvent rigolo, que tous ont aimé et admiré. C’était aussi un amoureux des arbres, de la nature, de la poésie, de la danse contemporaine et de la musique classique, en particulier de Beethoven. Cet extrait d’un poème de Pierre Perrault le décrit bien: «Grand cœur solidaire /Le poing tendu, le juron juste /La peur de rien, l’envie de tout».
«Il me manque beaucoup»,
Confie Suzanne G. Chartrand,
«mais je garde l’espoir qu’il servira d’inspiration aux jeunes générations qui ont d’immenses défis à relever.»
Un rappel capital, un engagement exemplaire dont nous avons impérieusement besoin.
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SOURCE:
CHARTRAND, Suzanne G. / Il y a 15 ans mourrait Michel Chartrand, cœur solidaire des exploités / Le Devoir / Section: Idées / 12 avril 2025