16 avril 2022
Après avoir été privé de La passion selon Saint-Jean de Bach en février et de L’Enfance du Christ de Berlioz en décembre dernier, c’est La passion selon Saint-Mathieu de Bach qui me ramène à La maison symphonique de Montréal.
Cette oeuvre magistrale, sacrée, certes, mais aussi profondément dramatique, oeuvre mobilisant coeurs, orchestre, solistes et organiste, nous plonge dans toutes les couches de la complexité humaine (L’amour, la haine, la violence, la traîtrise, le mépris, le mensonge, la souffrance, la douleur, la révolte, le désespoir etc. avec une plénitude bouleversante. Le public a fait corps avec les artistes en les écoutant dans le silence et le recueillement, ce qui ajoute à l’émotion individuelle et collective.
Pour l’auditrice que je fus, toujours abasourdie mais aussi éblouie par la puissance du génie du créateur qu’est Jean-Sébastien Bach, le grand inspirateur de cette soirée fut l’Évangéliste interprété par le ténor Julian Pregardien qui conjugue à une voix magnifique, un contrôle vocale indéfectible, une sensibilité qui va au coeur et un impressionnant sens dramatique qui inspire et propulse l’interprétation d’ensemble. L’ovation reçue exprimait bien l’émotion partagée.
Les coeurs, acteurs majeurs de ce drame, (après un début sans engagement), ont magnifiquement charpenté l’interprétation.
Ce monument pathétique se termine étonnamment dans un climat de bouleversante sérénité qui peut nous permettre d’espérer.
Dans son article publié dans La presse, Emmanuel Bernier, a cette réflexion tellement juste:
«L’énergie d’un artiste de scène est quelque chose d’étrange, qui vient naturellement à certains (Yannick Nézet-Séguin et Bernard Labadie, par exemple), mais plus difficilement pour d’autres, qui doivent batailler davantage pour atteindre cet état de grâce presque surnaturel, qui seule peut faire advenir la magie.»
Si le chef ne faisait pas partie de cette élite, j’ajouterais l’évangéliste à la courte liste d’élus mentionnés.