5 juillet 2023
Boucar Diouf a écrit Ce que la vie doit à la mort : Quand la matriarche de famille tire sa révérence à la suite du décès de sa mère. Son traitement est original, très personnalisé, coloré de ses origines sénégalaises et de sa formation de biologiste.
Il développe sa pensée sur la mort par des parallèles: l’humain / l’animal / le végétal, la naissance / la mort, le train et la gare / l’arrivée et le départ, etc. De la sorte, il va au-delà de sa propre douleur, élargit et éclaire nos réflexions sur cette réalité incontournable.
Le texte est ponctué d’encadrés qui illustrent les parallèles avec les éléphants, parallèles qui étonnent, au départ, mais qui appuient bien les propos.
«Si je mêle mort humaine et disparition de matriarche d’éléphants (…), c‘est parce que, du côté de son père, maman se réclamait du clan de l’éléphant. Le plus gros pachyderme fait partie lointainement du totem de sa famille.» (p. 17)
«La vie humaine, (…) est une promenade sur un globe, un chemin où le point de départ et le point d’arrivée se confondent. Aussi, même si on a l’impression de s’éloigner en vieillissant, la nature nous ramène vers cette boucle à boucler. Pendant que la naissance et la mort se superposent, la vieillesse avancée revient vers l’enfance dans toute sa vulnérabilité. C’est aussi pour cette raison qu’accompagner les mourants comme on couve un bébé est si essentiel.» (pp. 40-41)
Intégrer cette image nous amènerait sans doute à ne plus opposer ces pôles et à harmoniser et humaniser nos comportements.
Aux pages 46-47, Le TGV de la vie, Boucar Diouf raconte de façon touchante ses visites auprès de personnes en fin de vie qui sollicitaient sa présence.
«Quand la mort fauche de jeunes personnes, une question hurle dans notre tête: «Pourquoi lui?» (…) Cette question, (…) est sans réponse (…) Un biologiste comparait l’existence humaine concernant l’injustice de la mort des jeunes à une promenade sur un terrain où il pleut des briques, et la probabilité d‘être tué par l’une d’elles est présente à tout âge.» (p. 51.
«Abandonner les tombes abritant nos défunts est un sacrilège pour beaucoup de sociétés humaines. Le cimetière est un territoire entre deux univers, et le chemin qui permet d’y entrer symbolise un cordon ombilical qui unit le monde des vivants à celui des trépassés.» (p. 58)
Réflexion apaisante:
«Tant qu’un humain restera dans le coeur des vivants, son étoile continuera à briller longtemps après son départ.» (p. 120)
—
Source:
DIOUF, Boucar / Ce que la vie doit à la mort: Quand la matriarche de famille tire sa révérence /Anjou, Éditions La presse / 2022 / 149 pages