9 septembre 2024
Un bref instant de splendeur est un roman paru en 2021 d’un jeune auteur qui s’est mérité de célèbres récompenses: Ocean Vuong.
L’idée d’écrire à sa mère qui ne pourra jamais le lire est originale et lui permet un percutant retour sur son existence des plus perturbée et perturbante.
«La première fois que tu m’as frappé je devais avoir quatre ans (…).» (p. 18)
«La fois où j’ai essayé de t’apprendre à lire (…)» (p. 18)
«Et puis la fois avec la télécommande. Une ecchymose zébrée sur mon avant-bras, qui me ferais mentir à mes enseignants. (…)» (p. 18)
«La fois où tu m’as jeté la boîte de Lego à la tête. Le sang en pointillé sur le parquet. (…).» (p. 19)
«La fois avec le bidon de lait. Le récipient qui explose sur l’os de mon épaule, (…)» (p.22)
«La fois avec le couteau de cuisine – celui que tu as pris, puis reposé, tremblante, en disant à voix basse: «Va-t’en. Va-t-en.» (p. 23)
«La fois où, à treize ans, j’ai fini par dire stop. Ta main en l’air, ma pommette brulante du premier coup. «Stop, Maman. arrête de faire ça. S’il te plaît. (…)». (p. 26)
«La fois où (…) tu as dit de but en blanc:» Je ne suis pas un monstre. Je suis une mère.» (p. 27)
«Tu es une mère, maman. Tu es également un monstre. Mais j’en suis un aussi – et c’est pour ça que je ne peux me détourner de toi. (…)» (p. 30)
J’ai engagé cette lecture à deux reprises et j’ai réussi à la compléter. Je n’y ai pas trouvé ce «bref instant de splendeur» si ce n’est ce geste d’écriture que l’on aurait pu penser improbable.
Les réalités sont si souvent odieusement cruelles que m’y plonger m’est parfois insoutenable. Reste que plusieurs images se sont imprimées en moi.
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Source:
VUONG, Ocean / Un bref instant de splendeur / Gallimard / Paris 2021 / 304 pages / Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marguerite Cappelle / Titre original: On earth we’re briefly gorgeous / copyright de l’original 2019