6 août 2024
Oui, un texte émouvant à lire et à assimiler que celui de Isabelle Morin : Lettre à mon corps.
Isabelle Morin se regarde dans un miroir pendant un essayage de maillots de bain. Ces réflexions sont touchantes, lucides et assumées. Un baume à lire en ces temps où sont rares celles (et probablement ceux) insatisfaits de leur corps.
«Je suis seule, je te regarde, toi, ce corps qui a le privilège des années, marqué de mes deux grossesses heureuses, des abus sympathiques de bonne bouffe et d’alcool, de soirées trop tardives, de rayons ravageurs, mais enivrants du soleil!»
«Mon corps, je te compare, sans le vouloir, sans le désirer, comme une fracture entre la cinquantaine et la vingtaine, entre les normes de beauté et la réalité. Je t’aime pourtant, je te suis reconnaissante pour ce que tu es et surtout pour ce que tu me permets de faire: aimer, savourer, jouir, prendre dans mes bras ceux que j’aime, enseigner, faire du sport, pagayer, cuisiner, bref, vivre! Pourtant, le regard que je te porte manque d’empathie, de bienveillance.
(…) Je te demande pardon pour tous les jugements que je te porte, les mots disgracieux et durs que je t’adresse parfois. Tu m’es pourtant si fidèle et tu es bon avec moi.
«Cher corps, au sortir de cette boutique, j’ai fait le choix d’un maillot qui ne te cache pas, qui laisse paraître les bourrelets, les vergetures et tout ce qui fait de toi toi, même un peu gênée. Pour toi, pour moi, pour les femmes et les plus jeunes. Sororité et fierté dans la diversité.»
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Source:
MORIN, Isabelle / Lettre à Mon corps /Le Devoir / Section Éditorial – Lettre / 6 août 2024