29 juin 2021
En traversant, avec le guide Harari, Sapiens, une brève histoire de l’hmanité, j’ai souligné des phrases qui ont particulièrement attiré mon attention. J’en reproduis un certain nombre ici avec l’intention d’y revenir. Le choix est aléatoire et intuitif.
À la section La Révolution cognitive (pp. 1-98) on lit que
«le fourrageur moyen avait une connaissance plus large, plus profonde et plus variée de son environnement immédiat que la plupart de ses descendants modernes. (…)» (p. 66)
À la section La Révolution agricole (pp. 98-191) il est dit que
«Rien ne prouve que les hommes soient devenus plus intelligents au fil du temps. Les fourrageurs connaissaient les secrets de la nature bien avant la Révolution agricole puisque leur survie dépendait d’une connaissance intime des animaux qu’ils chassaient ou des plantes qu’ils cueillaient.» (p. 103)
À la sous-section Vrais croyants (p. 138) Harari explique la différence entre l’ordre naturel et l’ordre imaginaire.
«Un ordrte naturel est un ordre stable.» « (…) un ordre imaginaire court toujours le danger de s’effondrer, parce qu’il dépend de mythes et que les mythes se dissipent dès que les gens cessent d’y croire.» (pp. 138-139)
C’est à la sous-section suivante Les murs de la prison qu’on en apprend davantage sur l’ordre imaginaire.
«Trois grands facteurs empêchent les gens de comprendre que l’ordre qui régit leur vie n’existe que dans l’imagination:
- L’ordre imaginaire est incorporé au monde matériel (…) (p. 141)
- L’ordre imaginaire façonne nos désirs (…) (p. 142)
- L’ordre imaginaire est intersubjectif (…)» (p. 144)
À la section 7 Surcharge mémorielle (p. 147) on apprend comment les sociétés en sont arrivées à l’écriture.
Ce sont les sumériens qui y parvinrent «en mêlant deux types de signes, pressés sur des tablettes d’argile. Un type de signes représentait les chiffres. (…) L’autre type de signes représentait des hommes, des animaux, des marchandises, des territoires, des dates, (…).» (p. 151)
À la section 9 La flèche de l’histoire (p. 195) des parallèles brefs mais éclairants, comme celui-ci, sont présentés:
«De même que la culture médiévale ne parvint jamais à concilier chevalerie et christianisme, de même le monde moderne ne réussit pas à faire cadrer liberté et égalité. Mais ce n’est pas un défaut ni une faute. Ces contradictions sont un aspect indissociable de toute culture humaine.» (p. 197)
«Percevoir le sens de l’histoire est en fait une question de point de vue. Si nous considérons l’histoire à vol d’oiseau, (…) il est difficile de dire si elle avance vers plus d’unité ou de diversité. (…) Mieux vaut plutôt adopter le point de vue d’un satellite espion, (…) De là, les choses deviennent claires comme de l’eau de roche; l’histoire progresse implacablement vers l’unité.» (p. 199)
«Le Ier millénaire avant notre ère vit l’apparition de trois ordres potentiellement universels, (…) Le premier ordre universel à apparaître était économique: l’ordre monétaire; le deuxième orde était politique: l’ordre impérial; et le troisième religieux: l’ordre des religions universelles telles que le bouddhisme, le christianisme et l’islam.» (p. 204)
À la section 10 L’odeur de l’argent p. 207 on nous explique que
«(…) la monnaie n’est pas une réalité matérielle, mais une construction psychologique. Elle opère en tansformant la matière en esprit.» (p. 215)
«La monnaie est donc un système de confiance mutuelle, et pas n’importe lequel: la monnaie est le système de confiance mutuelle le plus universel et le plus efficace qui ait jamais été imaginé.» (p. 215)
«La première monaie connue de l’histoire – le grain d’orge en est un bon exemple. Elle est apparue à Sumer environ 3000 ans avant notre ère, à la même époque, au même endroit et dans les même circonstances que l’écriture.» (p. 216)
À la section 11 Visions impériales, (p. 220) on nous rappelle que
«Depuis l’an 200 avant notre ère, environ, la plupart des hommes ont vécu dans des empires. Il paraît probable qu’à l’avenir aussi la plupart des hommes vivront dans un empire. Cette fois, cependant, l’empire sera réellement global. La vision impériale d’une puissance dominant le monde entier pourrait être imminente.» (p. 245)
À la section 12 La loi de la religion (p. 247) on nous explique que
«De nos jours, la religion est souvent considérée comme une source de discrimination, de désaccord et de désunion. En vérité, pourtant, elle a été le troisième grand unificateur de l’humanité avec la monnaie et les empires. Les ordres sociaux et les hiérarchies étant toujours imaginaires, tous sont fragiles, et le sont d’autant plus que la société est vaste. Le rôle historique crucial de la religion a été de donner une légitimité surhumaine à ces structures fragiles. (…) La religion peut donc se définir comme un système de normes et de valeurs humaines fondé sur la croyance en l’existence d’un ordre surhumain. Cette définition implique deux critères distincts:
- a) Les religions supposent qu’il existe un ordre surhumain, qui n’est pas le produit des caprices ou des accord des hommes. (…)
- b) (…) la religion instaure des normes et des valeurs qui engagent. (…)» (p. 248)
«Pour unir sous son égide un vaste territoire peuplé de groupes humains disparates, une religion doit posséder deux autres qualités. (…) elle doit être universelle et missionnaire.» (pp. 248-149)
«Les trois cents dernières années sont souvent décrites comme une époque de sécularisme croissant, où les religions n’ont cessé de perdre de l’importance. C’est largement vrai si nous parlons des religions théistes. Mais si nous prenons en considération les religions de la loi naturelle, la modernité est une époque de ferveur religieuse intense, d’efforts missionnaires sans précédent et de guerres de religion parmi les plus sanglantes de l’histoire.» (p. 267)
À la section 13 Le secret de la réussite (p. 279)) on commente l’histoire
«(…) pourquoi étudier l’histoire? à la différence de la physique ou de l’économie, l’histoire n’est pas le moyen de faire des prédictions exactes. Ce n’est pas pour connaître le futur que nous étudions l’histoire, mais pour élargir nos horizons, comprendre que notre situation actuelle n’est ni naturelle ni inévitable et que, de ce fait, les possibilités qui nous sont ouvertes sont bien plus nombreuses que nous ne l’imaginons.» (p. 284)
«Il n’est aucune preuve que l’histoire travaille aux bénéfices des humains (…)» (p. 284)
«(…) la dynamique de l’histoire n’est pas vouée à renforcer le bien-être humain. On a aucune raison de penser que les cultures qui ont le mieux réussi dans l’histoire soient nécessairement les meilleures pour l’homo sapiens.» (p. 287)
«L’histoire avance d’un embranchement à l’autre, choisissant pour quelque mystérieuse raison de suivre d’abord une voie, puis une autre. (…)» (p. 284)
À la section 14 La découverte de l’ignorance (p. 291) on apprend que
«Les hommes se sont efforcés de comprendre l’univers au moins depuis la révolution cognitive. (…) Mais, à trois égards critiques, la science moderne diffère des traditions précédentes en matière de savoir: 1. L’empressement à s’avouer ignorants. (…)
- La place centrale de l’observation et des mathématiques. (… 3). L’acquisition de nouveaux pouvoirs. (…)» (pp. 295-296)
«Jusqu’à la Révolution scientifique, la plupart des cultures humaines ne croyaient pas au progrès. Pour elles, l’âge d’or appartenait au passé. (…) Le strict respect de la sagesse scéculaire pourrait peut-être ramener au bon vieux temps, (…) Mais il semblait impossible que le savoir-faire humain pût triompher des problèmes fondamentaux du monde. (…) Si même Mahomet, Jésus, Bouddha et Confucius – qui savaient tout ce qu’il y avait à savoir – n’avaient pu abolir la famine, la maladie, la misère et la guerre, comment pouvait-on espérer y parvenir?» (p. 310-311)
À la section 16 Le credo capitaliste (p. 357) proclame que
«Si le crédit est une chose aussi merveilleuse, pourquoi personne n’y a pensé plus tôt? Bien sûr que si, on y a pensé. (…) Le problème des époques antérieures n’est pas que personne n’en ait eu l’idée ou n’avait jamais çu s’en servir. Il était que les gens étaient rarement disposés à accorder beaucoup de crédit parce qu’ils avaient peine à croire que le futur vaudrait mieux que le présent. Ils croyaient généralement que le passé était meilleur que leur propre époque, et que l’avenir serait pire, ou au mieux largement pareil. (…)» (p. 361)
«Si cela ne vous frappe pas par son originalité, c’est que nous vivons tous dans un mode capitaliste qui tient le raisonnement de Smith pour acquis. (…) Pourtant l’idée de Smith selon laquelle la pulsion égoïste qui pousse l’homme à accroître ses profits est la base de la richesse collective est l’une des idées les plus révolutionnaires de l’histoire humaine: révolutionnaire non pas simplement dans une perspective économique, mais plus encore dans une perspective morale et politique. Ce que dit Smith, au fond, c’est qu’il est bien d’être cupide et qu’en m’enrichissant je profite à tout le monde, pas simplement à moi. L’égoIsme est altruiste.» (p. 365)
«Sous sa forme extrême, cependant, croire à la liberté du marché c’est être aussi naïf que croire au Père Noël.» (p. 384)
À la section 17 Les rouages de l’industrie (p. 391) nous montrent, entre autres que
«(…) la Révolution indusstrielle fut avant toute chose la Seconde Révolution agricole.» (p. 400)
«Aujourd’hui, aux États-Unis, 2% seulement de la population gagne sa vie dans l’agriculture mais ces 2% suffisent non seulement à nourrir toute la population américaine, mais aussi à exporter des excédents verrs le reste du monde» (p. 405)
À la section 18 Une révolution permanente (p. 411) est décrite
«Avant la révolution industrielle, la vie quotidienne de la plupart des hommes se déroulait dans trois cadres anciens : la famile nucléaire, la famille élargie et la communauté intime locale.» (p. 417)
«Les choses ont changé du tout au tout au cours des deux derniers siècles.» (p. 420)
«Des millions d’années d’évolution nous ont modelés pour vivre et penser en membres d’une communauté. Il aura suffi de deux petits siècles pour faire de nous des individus aliénés.» (p. 423)
«La menace d’un holocauste nucléaire favorise le pacifisme; quand le pacifisme progresse, la guerre recule et le commerce fleurit; et le commerce augmente à la fois les profits de la paix et les coûts de la guerre. Avec le temps, cette boucle de rétroaction crée un autre obstacle à la guerre, qui peut se révéler en fin de compte d’une suprême importance. La toile toujours plus serrée des connexions internationales érode l’indépendance de la plupart des pays, amenuisant les chances que l’un d’eux lâche unilatéralement sa meute.» (p. 438)
«Pour satisfaire les optimistes aussi bien que les pessimistes, nous pouvons conclure que notre époque est au seuil du ciel et de l’enfer, passant nerveusement de la porte de l’un à l’antichambre de l’autre. L’histoire n’a pas encore décidé où elle finira, et une ribambelle de coïncidences pourrait encore nous propulser dans l’une ou l’autre direction.» (p. 439)
À la section 19 Et ils vécurent heureux (p. 441) explique-t-on
«Les 500 dernières années ont connu une série époustouflante de révolutions. (…) Sommes-nous pour autant plus heureux? (.) questions que posent rarement les historiens. (…) Ce sont pourtant les questions les plus importantes qu’on puisse poser à l’histoire.» (p. 441-442).
«Suivant la définition généralement acceptée, le bonheur est «le bien-être subjectif». Dans cette optique, le bonheur est une chose que je ressens en moi, un sentiment de plaisir immédiat ou de contentement à long terme du cours que suit ma vie.» (p. 446)
À la section 20 La fin d’Homo Sapiens (p. 467) la vision de de Yuval Noah Harrari
«De nos jours, notre régime de sélection naturelle vieux de quatre milliards d’années est confronté à un défi entièrement différent. Dans les laboratoires du monde entier, les recherches manipulent des êtres vivants. Ils brisent en toute impunité les lois de la sélection naturelle.» (p. 469)
«À l’heure où j’écris ces lignes, le remplacement de la sélection naturelle par un dessin intelligent pourrait se produire de trois façons: par le génie biologique, le génie cyborg (les cyborgs sont des êtres qui mêlent parties organiques et non organiques) ou le génie de la vie inorganique.» (p. 469)
«(…) le monde de 2014 est déjà un monde où la culture se libère des fers de la biologie. Notre capacité de manipuler le monde qui nous entoure, mais aussi l’intérieur de nos corps et de nos esprits, progresse à une vitesse époustouflante. (…)» (p. 483)
«(…) nos héritiers seront pareils à des dieux.» (p. 485)
Ces paroles n’introduisent-elles pas cet autre titre de Yuval Noah HARARI : Homo deus : une brève histoire du futur, livre qui est déjà en attente sur les rayons de ma bibliothèque.
SOURCE :
HARARI, Yuval Noah, / Sapiens Une brève histoire de l’humanité / Paris, Albin Michel, 2015 / traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat / 501 pages