Retour dans l’univers de Nancy Huston

2 avril 2021

Le roman de Nancy Huston Lèvres de pierre embarque son lecteur sur deux vagues et le conduit avec un souffle continu, d’une part, de l’enfance timorée et humiliée de Sâr (qui deviendra Pol pot), du Cambodge à Paris puis au Cambodge, et d’autre part, de l’enfance blessée Dorit (future écrivaine canadienne), de Calgary à Paris en passant par les USA.

C’est un parallèle plus qu’étonnant, imprévisible, qui dérange, fait mal, met les projecteurs autant vers l’extérieur que vers l’intérieur. Deux grands tableaux se font écho.

C’est un voyage passionnant dans des univers géographiques, historiques, culturels, sociaux, politiques, mais aussi personnels, qui élargit les perspectives de façon redoutable.

J’ai lu ce livre avec avidité malgré des pages qui me sont insupportables comme l’est, malheureusement trop de fois la réalité.

À la fin de l’Épilogue on retrouve ce parallèle plus que troublant :

«Il (Pol Pot) trouve qu’il n’a pas grand chose à se reprocher car ses intentions étaient bonnes. Il n’a jamais oeuvré que pour le bien de son pays. «Regardez-moi, dira-t-il en souriant (…) quelques mois avant sa mort. Ai-je l’air d’un homme violent?» (p. 229)

 «(…) elle (Dorit) continuera à torturer et à tuer dans ses livres… et à sourire, au-dehors, comme si de rien n’était. »  (p. 129)

Le texte en 4e de couverture schématise bien et le propos et le parcours : voir

L’oeuvre de Nancy Huston n’est pas reposante, mais elle est dense, riche et sollicitante. On sort rarement indemne de ses lectures.

Source :

HUSTON, Nancy / Lèvres de pierre / Paris/Montréal, Leméac/Actes Sud, 2018 / 235 pages

 

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