26 juillet 2019
Perturbé par la domestique de la maison paternelle, l’un des personnages de l’étonnant roman de Nancy Huston, Danse noire, réagit comme suit :
« – Oh! Un homme assis devant une feuille de papier à sa table de travail est en train d’écrire, (…) même si l’on ne voit pas sa plume courir follement à travers la page et se retremper toutes les trois secondes dans l’encrier. (…) Une partie importante du travail d’écriture – à vrai dire, la partie la plus importante – se déroule avant que la plume ne s’approche du papier, à l’intérieur du cerveau… Oui, toute la fournaise aussi brûlante qu’énigmatique, où se fondent et fusionnent les métaux spirituels. À travers une série de réactions chimiques, ceux-ci engendrent des formes frustres et flottantes, que l’artiste jette ensuite dans la réalité… Là, elles se cristalisent miraculeusement en des oeuvres d’art qui nous sembleront aussi immuables et incontournables que si elles avaient toujours existé. » p. 114-115.
Quelle formidable image de la création!
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HUSTON, Nancy / Danse noire / Arles/Montréal : Actes-Sud/Leméac,2013 / 351 pages.