«Que sont mes amis devenues?»

25 juillet 2023

Dans Le Devoir du 24 juillet 2023, Nathalie Plaat pose cette question : «Que sont mes amis devenues?» et propose une touchante réflexion, trop rare, sur l’amitié. Elle la dit d’abord essentielle dans nos existences. Elle la développe davantage du point de vue de la perte.

«(…) dans nos vies, il arrive que des amitiés se retirent, se brisent, se cognent, se butent ou s’étiolent. Elles ne passent pas toujours l’épreuve du temps, (…).»

Pourtant,

«Si les ruptures amoureuses trouvent, dans le monde social, un écrin, une oreille, une suite de symboles et de rituels plus ou moins collectifs, les ruptures amicales, elles, sont souvent vécues dans le plus grand des silences, dans nos maisons, nos journaux, nos coeurs ou encore seulement racontées à nos psys.» L’amitié, désignée en grec par Philia, est «ce sentiment de camaraderie, d’aimer, selon Aristote, un être pour ce qu’il est et non pour ce qu’il nous apporte.»

«On parle si peu de nos pertes amicales, dans la vie adulte, parce qu’il n’y a pas toujours eu d’annonce, de message pour nous apprendre «je ne suis plus ton ami», comme à la maternelle, (…). Non, nous les grands, nous ne disons plus ces choses-là, préférant les agir seulement, en cessant d’inviter, en prenant des distances, en laissant des messages laissés longuement sans réponse. (…)» «(…) l’amitié convoque ses exigences, tout autant sinon plus que nos amours.»

«(…) quelle souffrance, (…) que celle de constater que nous ne faisons plus partie de la vie d’une personne avec qui les rires autant que les larmes avaient coulé sans embâcle, dans cette confiance, cet abandon qui nous rend toujours au plus beau de nous! (…) Devant ce constat cuisant que l’existence peut parfois prendre les allures d’un voyage fait de (…) pertes cumulées, il me semble que les pertes d’amitiés font partie des plus difficiles à accepter, (…).»

«J’ai souvent pensé que les amitiés mériteraient le même investissement radical que celui que nous offrons à nos amours, (…)».

Pourtant,

«Rares sont les amis qui font le point, mettent cartes sur table, règlent les choses en osant déballer le vrai, le vulnérable, le difficile à mettre en mots. Le retrait est souvent la meilleure manière de dire «je ne t’aime plus, mon ami» (…)».

«L’exercice d’écriture, même si ce n’est que pour nous, permet souvent de digérer un peu de ce qui peut nous tenir éveillés longuement dans nos ruminations, notre peine, notre deuil.»

C’est une conviction qui m’habite et un geste que je pratique depuis mon adolescence.

Ce texte de Nathalie Plaat est non seulement intéressant mais précieux à méditer.

SOURCE:

PLAAT, Nathalie / Que sont mes amis devenus?/ Le Devoir / Section Société / 24 juillet 2023

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