Premier bain de soleil sur ma terrasse

21 mars 2020

Il fut un temps où m’asseoir sur ma galerie sans escalier extérieur, donc, sans possibilité de rejoindre le sol pour y circuler librement, créait en moi le sentiment d’être en prison.

Heureusement, il n’en est plus ainsi. Pourtant, la situation actuellement est beaucoup plus contraignante: défense de sortir de l’appartement, de la maison. Mais, il y a la terrasse!

Par un magnifique soleil de début de printemps, j’y installe une chaise et m’y assois enveloppée dans une lourde couverture. Je profite de cette réconfortante chaleur et d’un environnement ouvert sans avoir les pieds au sol et sans angoisse. J’écoute le flux et le reflux de la circulation, généralement agressant. Mais, aujourd’hui, le rythme est différent, il y a même des instants de silence qui me permettent d’entendre les oiseaux qui sont de retour et je rédige dans ma tête ce que je suis entrain d’écrire. Plus de sentiment de prison. Au contraire, la conscience de la chance que j’ai d’être confinée dans un lieu qui me permet un tel confort.

Le confinement demandé et justifié, une fois accepté, a ses bénéfices :

– Il permet de réinventer une façon de penser et de vivre: au lieu d’obéir impulsivement aux sollicitations extérieures, il invite à considérer et répondre à des sollicitations intérieures (matérielles, intellectuelles et émotives).

– Il requestionne le sens du mot «priorité», ce qui aide à dédramatiser toutes les annulations et les interdits.

– Parce que les choix sont restreints dans beaucoup de cas, il peut générer du calme et apaiser la fébrilité et l’agitation.

– Il amène à relativiser les choses: frustrant d’être confiné dans un lieu généralement confortable et sécuritaire, alors qu’il est dramatique d’être forcé de vivre dans des conditions presque inhumaines comme des camps de réfugiés.

Ainsi vagabonde mon esprit pendant que le soleil me réchauffe le corps et l’âme même si je ne suis pas sur une plage et que je suis seule.

Quand j’entends les personnes à qui l’on demande de «rester à la maison» et qui ne le font pas, parce qu’elles se disent «en pleine forme», j’ai envie de leur répliquer: Bravo! Mais c’est pour la garder cette «bonne forme» que l’on nous demande d’agir ainsi. La «bonne forme» ne se maintient pas envers et contre tout. Combien de gens «en « bonne forme» sont subitement frappés sans en être avertis? Puisque nous sommes avertis de la menace, pourquoi s’y exposer? La pandémie embrase l’humanité et personne n’est immunisé à cent pour cent. La «bonne forme», ça protège mais ça ne garantit rien. Ça dure jusqu’à ce que les choses changent subitement. C’est comme refuser de respecter un feu rouge: c’est sans conséquence jusqu’au jour…

La témérité n’est pas toujours payante. Qu’il est difficile de changer nos habitudes même lorsqu’on y est fortement invité et qu’on nous en explique les raisons.

À l’instar de Stéphane Laporte, on me partageait cette réflexion: «heureusement que nous sommes au printemps au lieu d’en novembre». La nature exulte progressivement. Elle nous invite à nous rapprocher d’elle, à communier avec elle, à prendre le temps et le plaisir de l’admirer.

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