Mission accomplie!

1er octobre 2023

«L’avenir ne m’appartient pas, le passé non plus. Je suis une passeuse, une passante émue par l’oubli.» (Josée Blanchette)

«On a besoin de la transmission, de savoir que ça va aller dans les bonnes main. (…)» (Josée Blanchette)

Tout au long d’une vie, dans le but d’apprendre, de se construire, de se développer, de se réaliser et de s’épanouir on accumule et s’entoure d’outils de référence auxquels on s’alimente et s’attache.

Mais l’heure vient de considérer tout ce bagage si précieux comme pouvant servir à de plus jeunes citoyens empruntant des voies équivalentes.

C’est ainsi qu’au cours de la dernière année j’ai entrepris des opérations de transmission de certains de mes biens vers des organismes qui pourront en faire profiter la communauté.

J’ai donc donné au  Garage à musique le violon de mon enfance.

J’ai donné à la Maison d’Haïti, des caisses de partitions musicales pour les jeunes.

J’ai donné à la Fédération des parlementaires du Québec, Cultures à partager, un grand nombre de documents en imprimé et en braille dont des collections de revues.

J’ai donné aux Services québécois du livre adapté SQLA plus de 837 partitions de musique en braille, documents majoritairement non commerciaux qui avaient été produits individuellement sur commande pour des besoins d’études et d’activités professionnelles. Les dés sont jetés pour mettre à la disposition des musiciens aveugles tout ce que j’avais accumulé pendant ma carrière d’étudiante, de professeure et de musicienne.

J’ai cherché ces lieux d’accueil (pas si faciles à repérer) et j’ai posé ces gestes animée par le désir de transmission et de continuité. J’étais incapable de consentir à ce que tout ce qui m’avait été si précieux, ce qui avait été acquis très laborieusement  se retrouve au pilonnage après mon départ.

Je remercie de très précieux collaborateur et collaboratrices qui ont efficacement et magnifiquement soutenu la préparation de ces divers dons.

Je remercie les organismes d’accueil qui prolongeront la mission de transmission.

Il y a tant à créer, pourquoi jeter et se priver de ce qui a été si difficilement acquis et qui peut encore servir? C’est un grand détachement qui se veut une transmission. Je le poursuis, confiante que d’autres individus s’en nourriront.

Nous sommes riches de tout ce que les générations précédentes nous ont légué et appris. Pourquoi ne pas faire de même?

Se mettre à jour, adhérer aux nouvelles technologies n’est pas synonymes de détruire.

La prétention de tout réinventer nous guette mais le mûrissement devrait nous rendre plus conscients, plus modestes et aussi plus reconnaissants et responsables.

Source:

BLANCHETTE, Josée / Notre patrimoine laminé / Le Devoir / Section Zeitgeist / 29 septembre 2023

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