Léo-Pol Morin, une réflexion qui n’a pas vieillie

8 octobre 2016

« Je veux espérer que les journalistes de la musique renonceront à leur culte de l’ignorance et à leur parti prix afin de mieux servir le public. Je veux aussi espérer que le public sortira de l’amusement auquel il a été habitué et qu’il se décidera à rechercher la signification de l’art ».  C’est Léo-Pol Morin, pianiste et compositeur québécois, co-fondateur de la revue Le Nigog qui s’exprimait ainsi en avril 1918.

Près de 100 ans plus tard, son espoir s’est-il matérialisé ?

Un tel questionnement est né de la lecture de cette réflexion soumise aux visiteurs de l’exposition Pour valoriser les arts au Québec : La revue Le Nigog, 1918, exposition récemment présentée au Centre d’exposition de l’université de Montréal.

Le Nigog ?  À l’origine, le « nigog » était un instrument de pêche (harpon) amérindien.

«Le Nigog est reconnu comme l’une des revues culturelles les plus marquantes de son époque. Elle a été fondée à Montréal en 1918 par trois intellectuels, l’architecte de formation Fernand Préfontaine (1888-1949), le pianiste Léo-Pol Morin (1892-1941) et le romancier et archiviste Robert LaRoque de Roquebrune (1889-1978). Le mensuel ne sera publié que pendant un an.

La revue Le Nigog est consacrée autant aux débats artistiques qu’à l’éducation d’un public soucieux de se former en matière d’art. Une trentaine de collaborateurs participant à cette aventure trouvent au sein de la revue un espace de discussion ouvert et multidisciplinaire (musique, littérature, arts visuels et architecture).

Voici en quels termes Marie-Andrée Beaudet définit cette publication:

«Première revue moderniste à voir le jour au Québec, Le Nigog s’impose à la fois comme un vaste programme esthétique (primauté accordée à la forme et culte de l’Art) et un violent manifeste visant les adeptes du régionalisme comme tous les “repaires de vieilleries” qui dominaient alors la scène culturelle. Par là, Le Nigog marque d’une pierre rouge la longue querelle littéraire qui opposa aux élites régionalistes ceux qu’on appelait par dérision les “retour d’Europe” ou les “exotistes”. Le titre même de la revue, emprunté au vocabulaire amérindien et désignant un “instrument à darder le poisson et particulièrement le saumon”, outre la recherche du mot rare, évoque l’attaque, le combat.»  Le nigog

Il y a là, me semble-t-il, un univers à découvrir et à fréquenter, une perspective historique à explorer.

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Références :

Le Nigog (Réimpression à l’identique des 12 numéros, de janvier à décembre 1918) / Lux éditeur, Collection : Mémoire des Amériques, 422 pages / Parution en Amérique du Nord : 1 août 2003.

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En écho au nom de la revue  :

 Bronze de Louis-Philippe HébertLe pêcheur à la nigogue.  bronze du sculpteur Louis-Philippe Hébert / Façade de l’Hôtel du Parlement – Assemblée nationale du Québec :  Mémoire de bronze.

Légende de l’oeuvre :

Surplombant le bassin de la fontaine des Abénaquis, Le pêcheur à la nigogue représente un Amérindien dont les pieds trempent dans une eau ruisselante. Il s’apprête à harponner un poisson avec sa nigogue, une sorte de harpon.

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