Le silence

7 juillet 2024

On annonce dans Le Devoir du 6 juillet, dans la section Perspectives, une série de huit articles sur le silence. Quelle belle idée en ces temps où le bruit nous agresse de plus en plus.

«Le silence est devenu monnaie rare. Le bruit partout nous mène.»

Le silence est «un baume pour nos corps et nos esprits en ces temps tapageurs, un bien commun à chérir et à protéger»

C’est Monique Durand qui signe le premier article de cette série: Le silence ou la conscience rêveuse du monde. Elle parcourt des territoires et traque le silence avec une belle sensibilité et des références éloquentes.

«J’ai marché, couru, volé, navigué, sur terre, sur mer et dans les airs, qua-drillé quelques bouts du monde, à sa recherche. L’ai parfois effleuré, touché, tenu dans mes mains comme un fruit rare et chatoyant. Lui, le silence, «que l’on entend quand rien ne se fait entendre». (Paul Valéry)

«Le silence ne se voit pas, il s’étend tout au loin, et cependant il est près de vous, si près que vous le sentez comme votre propre corps.» (Max Picard)

«Proche et lointain, il se déploie comme un paysage.»

«Les scientifiques distinguent généralement trois catégories de paysages sonores. La biophonie, (…). la géophonie, (…). Enfin, l’anthropophonie, (…)».

«L’anthropophonie moderne est, aujourd’hui, en train de donner le coup de grâce au silence naturel, écrit Jérôme Sueur, (…). Le bruit humain s’impose et fait disparaître des millions d’années d’évolution et de diversification sonore.» Nos oreilles sont assiégées en permanence. Tout doit être rempli de quelque chose, (…)».

L’expert ajoute:

«Le bruit harasse le corps, (…) causant baisses de concentration, diminution de la vigilance, réductions de l’apprentissage et perturbations du sommeil.»

«Il est essentiel, (…) de considérer le bruit comme un problème de santé publique.»

«Un problème à traiter telle une pollution.»

«Le silence n’est pas simple absence de bruit, mais condition du recueillement, de la rêverie; il est le lieu intime d’où la parole émerge.»

«Le silence nous dépouille, il nous “simplifie”, écrit Sylvie Germain, il nous éclaire furtivement de l’intérieur».

«Il existe tant d’autres silences que ceux de la nature. (…)»

«(…) La véritable musique (…) est le silence et les notes ne font qu’encadrer ce silence.» (Miles Davis) (…)».

«Le silence des uns n’est pas le silence des autres, prétend l’échoacousticien Jérôme Sueur. Notre positionnement auditif dépend de notre physiologie, de notre psychologie et de notre vécu.»

«(…) Aux vues du spécialiste, l’état de silence ne se rencontrerait que si nous sommes en paix avec nous-mêmes. (…) Le silence serait-il l’aptitude d’une âme tranquille? (…)»

«Attention, le silence n’est pas que sublime ou apaisant. Il peut être lourd, méprisant, destructeur. Ou le symptôme d’un malaise, d’une tyrannie, d’un traumatisme. (…)»

«Le silence, c’est quand je suis assis sur la lande et que, pour tout bruit, j’entends battre  mon coeur.»!

par.

Que de silences à expérimenter!
Que de silences à écouter!
Que de pensées à réfléchir!
Un beau et riche texte à lire!


Source:

DURAND, Monique / Le silence ou la conscience rêveuse du monde / Le Devoir / Section Perspectives / 6 juillet 2024

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