2 février 2024
Sans être une lectrice quotidienne du Devoir, je le parcours fréquemment sur INTERNET dans une version accessible préparée par l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA) sur bibliocaeb.
Ce sont généralement les sections Culture, Idées et Perspectives dans lesquelles je m’attarde et que je commente dans des billets d’humeur sur mon blogue.
Ainsi, dans l’édition du Devoir du 27 janvier, trois articles m’ont particulièrement intéressée:
La fatigue existentielle d’un écrivain hors norme
Se faire une cabane de pensée avec Pierre Vadeboncoeur
Faites-nous rêver un peu Monsieur Legault,
LA FATIGUE EXISTENTIELLE D’UN ÉCRIVAIN HORS NORME article signé André Lavoie.
Cet écrivain, c’est Hubert Aquin (1929-1977)
«(…) Figure marquante de la littérature québécoise (…) mais aussi un incontournable des milieux culturels et militants du Québec des années 1960 et 1970. Car en plus d’être cinéaste, scénariste, essayiste, rédacteur en chef, éditeur et producteur, il a revêtu avec panache les habits de l’indépendantiste révolutionnaire. À ses risques et périls. (…)».
«Ce diplômé en philosophie s’est vite démarqué grâce à sa plume exceptionnelle, à ses talents multiples et à sa combativité foudroyante (arme à la main, s’il le faut), d’abord et avant tout pour l’accession du Québec au concert des nations. (…) Aquin constate, à regret l’ambivalence de ses compatriotes à l’égard de l’indépendance.»
Commentant PREMIER ÉPISODE publié en 1965.
«Jean Éthier-Blais saluait l’arrivée providentielle du premier grand écrivain québécois. «Dieu merci», disait-il en conclusion de son article dithyrambique» dans Le Devoir.»
«C’était un homme de la Renaissance. (…) Il avait une vision à la fois politique, esthétique, sociale, tout en aimant le sport et la culture populaire.» «Avec Hubert Aquin, on peut lire tout le XXe siècle, (…).»
SE FAIRE UNE CABANE DE PENSÉE AVEC PIERRE VADEBONCOEUR article Signé Étienne Beaulieu.
Avant de présenter et de commenter LES DEUX MONDES de Pierre Vadeboncoeur (1978), Étienne Beaulieu, professeur, auteur, et éditeur nous fait un portrait du climat social observé en classe et hors de la classe.
«Ce qui se déroule dans les classes et dans les consciences depuis l’arrivée du cellulaire est une catastrophe à grande échelle, qui a broyé l’attention individuelle et collective dans le tordeur de l’économie de l’attention. Ce temps jadis flottant et libre pour le surgissement de l’inattendu ou pour la contemplation du lent travelling de la rêverie appartient désormais aux braconniers numériques, qui ont emprisonné dans leurs algorithmes notre capacité de concentration et de méditation.»
En 1978
«l’essayiste Pierre Vadeboncoeur avait observé, de manière prophétique, dans son livre majeur LES DEUX ROYAUMES, que «l’époque moderne a vu un radical déplacement de l’attention».
Étienne Beaulieu développe cette réflexion et parcourt l’œuvre de Vadeboncoeur avec une grande maîtrise.
FAITES-NOUS RÊVER UN PEU MONSIEUR LEGAULT
C’est Gérard Bouchard qui formule cette demande. Son texte s’articule autour de questions et de réponses.
«Qu’est-ce qu’un idéal collectif ? C’est d’abord un projet d’envergure ou un ensemble de projets intégrés mis en avant par un groupe ou une classe sociale, mais dont les retombées profitent à l’ensemble d’une société. Il y a donc coïncidence entre les intérêts d’un groupe et ceux de l’ensemble. Un autre trait tient dans le fait que plusieurs sphères de la société sont touchées simultanément. Par ailleurs, le rêve collectif est propulsé par des valeurs ou idéaux partagés, ce qui crée des aspirations, des attentes communes et des conditions favorables au consensus. Enfin, même s’il échoue, il crée une solidarité dont la mémoire s’enrichit et confère de la dignité à une société. Et il peut renaître un jour.»
«On relève dans le passé québécois au moins trois épisodes de ce genre. Premièrement, le mouvement patriote, qui a culminé dans les rébellions de 1837-1838, un mouvement axé sur la décolonisation (indépendance, liberté, démocratie, égalité). Deuxièmement, le programme de la survivance, fondé sur la défense de la nationalité et cimenté par la religion catholique. Troisièmement, la Révolution tranquille, portée par un large éventail de valeurs allant de la démocratisation à la laïcité au relèvement social des francophones et à l’ouverture au monde. (…)».
«Où en sommes-nous aujourd’hui? Nous vivons encore, pour une part, sur l’héritage de la Révolution tranquille (…) Les temps ont beaucoup changés, (…) On entend parfois des appels à une autre Révolution tranquille. Mais il y a peu de chances qu’un épisode semblable se reproduise. Il y manque les ressorts qui agissaient dans les années 1960, (…)»
«Comment penser l’avenir du Québec? L’état (…)» (…) pourrait faire les premiers pas. Mais il lui faudrait mettre de la cohérence dans ses politiques, les articuler à des idées claires, structurantes, obéissant à un éclairage, à une direction. (…)… Pour le moment, on aimerait seulement qu’il nous dise où il va, qu’il nous montre la logique qui commande ses décisions.»
Gérard Bouchard termine son article par de nombreuses critiques du Gouvernement Legault.
Ces trois articles constituent un instantané De la qualité du contenu du Devoir. Ils nourrissent l’esprit et enrichissent la réflexion. Ils vont au-delà de l’anecdote quotidienne. Et Le Devoir nous alimente assez souvent de la sorte.
Merci à l’INCA ne nous fournir ces textes dépouillés d’artifices visuelles qui alourdissent et souvent perturbent la lecture de ceux qui ne peuvent accéder directement à l’imprimé.
Sources:
LAVOIE, André / La fatigue existentielle d’un écrivain hors norme / Le Devoir / Section Culture / série faut-il relire? / 27 janvier 2024
BEAULIEU, Étienne / Se faire une cabane de pensée avec Pierre Vadeboncoeur / Le Devoir / Section Le devoir de littérature / 27 janvier 2024
BOUCHARD, Gérard / Faites-nous rêver, Monsieur Legault / Le Devoir / Section Idées / 27 janvier 2024