7 avril 2020
Le confinement, oui, c’est un brusque coup de frein donné à notre rythme de vie au quotidien. Une fois qu’on y consent, qu’on l’intègre et qu’on s’y adapte, il peut nous permettre de redécouvrir des zones lointaines de notre vie, de tisser des liens de près ou de loin entre hier et aujourd’hui.
C’est ainsi que le confinement m’a ramenée vers mes jeunes années pendant lesquelles j’ai vécu une certaine forme de très long confinement. De l’âge de cinq à 20 ans, mon milieu de vie était celui d’un internat. Pendant une bonne période, il était interdit de mettre le pied hors du territoire de l’institution. Pas question d’aller marcher sur le trottoir public qui bordait la propriété. C’était un confinement, non? C’était un interdit à long terme. C’était un isolement physique, psychologique et social qui ne se requestionnait pas.
Le confinement d’aujourd’hui est motivé et justifié. Peut-on consciemment ne pas consentir à sauver des vies parce que l’on se sent frustré?
Je me rends compte que si le confinement présent ne m’accable pas démesurément, si j’y consens sans agressivité, c’est peut-être parce que j’en ai déjà fait l’expérience (sous une autre forme bien sûr), parce que j’y ai été entraînée de façon précoce, parce que j’ai expérimenté l’apprivoisement de mon univers intérieur car, à l’époque, le monde extérieur ne pouvait être que rêvé… Presque toute ma jeunesse a baigné dans ce climat de confinement. ça ne peut être sans traces… négatives et positives… Mais la prise de conscience d’un tel lien qui associe des réalités individuelles et collectives fort lointaines aide sans doute à s’adapter aujourd’hui.
Nous sommes forcés de passer brusquement de l’agitation tous azimuts à un face à face avec nous-mêmes. C’est un grand choc, un grand défi à relever. C’est un virage à 180 degrés qui ne se fait pas sans cris et sans douleurs. On taille des plantes pour revitaliser leur croissance. Alors…! Cette taille, c’est la vie qui s’en charge présentement…