Le Code Québec

16 octobre 2019

Après avoir entendu Jean-Marc Léger sur Ici Radio Canada dans le cadre des Grands entretiens, j’ai abordé la lecture de son ouvrage Le code Québec: les sept différences qui font de nous un peuple unique au monde. Y ayant trouvé un grand intérêt, je désire en partager quelques-uns des éléments fondateurs dont les traits identitaires des québécois tels que définis et étayés par les auteurs.

Dès le premier chapitre, on nous soumet 12 paradoxes québécois, paradoxes dégagés d’une longue pratique des sondages et que les auteurs articulent ainsi:

    • «Pourquoi sommes-nous si heureux, mais critiquons-nous autant?
    • Pourquoi aimons-nous tant discuter, mais évitons-nous les vrais débats?
    • Pourquoi sommes-nous si préoccupés d’environnement, mais de si grands pollueurs?
    • Pourquoi sommes-nous plus croyants que les Canadiens anglais, mais moins pratiquants?
    • Pourquoi donnons-nous moins aux organismes de charité ou faisons-nous moins de bénévolat, alors qu’on se dit solidaires et de gauche?
    • Pourquoi sommes-nous si attachés à la langue française, alors que nous la maîtrisons parfois avec difficulté?
    • Pourquoi sommes-nous si mal à l’aise face aux immigrants, mais si accueillants envers les touristes?
    • Pourquoi aimons-nous tant dépenser, alors que nous sommes parmi les Canadiens les moins endettés?
    • Pourquoi sommes-nous si créatifs, mais repliés sur nous-mêmes?
    • Pourquoi avons-nous une alimentation si sucrée, mais sommes-nous plus nombreux à nous imposer des restrictions alimentaires?
    • Pourquoi avons-nous un taux de décrochage scolaire si élevé, alors que Montréal est la plus grande ville universitaire au Canada?
    • Pourquoi sommes-nous si avides de grands projets, mais si prompts à les démolir et à les abandonner?» (pp. 18-19)

Tenter de répondre à ces interrogations constitue un exercice d’introspection qui ne manque pas d’intérêt. Mais les réponses des auteurs, consignées dans les dix chapitres de l’ouvrage, sont passionnantes et susceptibles d’alimenter les échanges et discussions. 

Et la mise au jeu est faite avec cette autre interrogation:

«D’un point de vue culturel, vous sentez-vous plus près de la France, du Canada Anglais ou des États-Unis?» (p. 23)

Les auteurs nous invitent à répondre à cette question avant de communiquer leurs observations que voici:

«Environ le tiers des Québécois se disent plus près de la culture française, le tiers plus près de la culture anglaise et un dernier tiers plus près de la culture américaine. ‹L’homo quebecensis› du XXIe siècle se rattache aux trois grandes cultures fondatrices. La prédominance de l’une ne signifie pas pour autant l’absence de l’autre, bien au contraire. Le Québec, c’est la fusion originale de ces trois cultures.» (p. 23) Ceux «qui se disent plus près de la culture française le sont particulièrement dans le domaine de la langue, de la culture et de l’affectif.» (p. 24) Ceux qui se disent plus près de la culture anglaise le sont particulièrement dans le domaine des «coutumes et institutions politiques anglaises.» (p. 24) Ceux qui se disent plus près de la culture américaine sont ceux dont «la façon de rêver l’avenir, de parler, d’agir, de consommer, et de faire des affaires est calquée sur le mode de vie américain.» (p. 24) «L’identité est un jeu de miroirs. C’est en se comparant que l’on trouve sa véritable identité. C’est aussi en nous regardant sous tous les angles que nous avons découvert le code source de la différence québécoise.» (p. 38)

C’est au Chapitre 3 (pp. 37-43) que le coeur de l’ouvrage se déploie et que la méthodologie de travail est exposée.  Forts de ces outils, les auteurs se disent «en mesure de prouver scientifiquement qu’il existe véritablement sept groupes de mots expliquant la différence entre les Franco-Québécois et les Anglo-Canadiens. Chacun de ces sept groupes de mots correspond à un trait distinctif de la personnalité de base du Québec francophone. Ces sept caractéristiques forment le code génétique de la différence québécoise. Elles expliquent nos motivations les plus profondes, nos émotions les plus fortes, mais aussi nos angoisses les plus sournoises ou nos comportements les plus divergents et qui nous différencient du reste du Canada. Cette typologie en sept groupes est à la base de ce livre et nous permet d’affirmer que les principales différences entre le Québec francophone et le Canada anglophone peuvent s’expliquer en fonction de ces sept facteurs. Cela donne un éclairage nouveau sur le Québec d’aujourd’hui.» (p. 42) C’est dans les chapitres suivants que sont présentés, expliqués et illustrés les sept traits identitaires qui font du Québec un peuple unique au monde.

Le premier trait identitaire présenté dit «le plus important de tous»: heureux

«Les Québécois sont de bons vivants qui privilégient le plaisir avant tout.» (p. 46) «(…) ce qui distingue le plus le Québec francophone du reste du Canada, c’est cette volonté de vivre intensément le moment présent. (…) Les Québécois francophones sont des Français… heureux!» (p. 61)
(Chapitre 4, pp. 45-71)

 Le deuxième trait identitaire: consensuel

«La majorité des Québécois préfèrent trouver un consensus (…) La recherche du consensus fait partie de l’ADN des Québécois et les distingue du reste du Canada.» (p. 76)
(Chapitre 5, pp. 73-89)

 Le troisième trait identitaire: détaché

«Les Québécois passent souvent pour des indécis, incapables de prendre une décision ferme et tranchante.» (p. 92) «Les Québécois sont le peuple du milieu à la recherche permanente du consensus. S’il y avait un parti du peut-être au Québec, il gagnerait assurément toutes les élections. Pierre Vadeboncoeur, (…) affirme: ‹On préfère subir l’histoire en s’y adaptant, plutôt que de la créer.›» (p. 93)
(Chapitre 6, pp. 91-111)

 Le quatrième trait identitaire: victime

«Si nous sommes aujourd’hui trop souvent des victimes, c’est que nous n’avons jamais été collectivement responsables de notre destin, du régime français au Canada d’aujourd’hui» (p. 119) écrit Éric Bédard qui en explique les tenants et aboutissants.
(Chapitre 6, pp. 113-135)

 Le cinquième trait identitaire: villageois

«(…) le Québécois est fier de l’endroit d’où il vient, peu importe où il est rendu.» (p.166) «Les Québécois sont de véritables villageois qui s’identifient davantage à leur ville ou village et à leur région qu’à leur province ou à leur pays.» (p. 139) «Le village a été longtemps à la base de la survie du peuple québécois. Il lui a permis de résister à un territoire hostile, à la rudesse du climat et à l’assimilation anglaise. Le village a aussi conditionné les Québécois à une culture d‘entraide, de solidarité et de partage. Le village a été le frein, mais le village a aussi été la solution.» (p. 161)
(Chapitre 8, pp. 137-172)

Le sixième trait identitaire: créatif

«Il y a quatre facteurs majeurs et significatifs (…)( qui différencient les Québécois francophones du reste du Canada. Les Franco-Québécois s’estiment plus créatifs (…), ont davantage de projets (…), sont plus patenteux› (…) (…) et » (…) et font surtout, davantage confiance à leur instinct (…). Les Québécois ne sont pas seulement créatifs, mais aussi instinctifs, ingénieux et débrouillards.» (p. 189) «Notre réussite repose sur un mélange de créativité à la française» (…) sur le «Team-spirit anglo-saxon» et sur la «redoutable efficacité américaine. (…) Le génie créatif québécois, c’est le mélange des genres qui nous permet de réussir à transformer une idée brillante en succès commercial.» (p. 189)

 J’aime bien ces deux citations inspirantes:

«L’échec n’est pas l’opposé du succès; c’est la première pierre du succès» a dit Arianna Huffington. (p. 187)

 «Le succès, c’est se promener d’échec en échec tout en restant motivé» a dit Winston Churchill. (p. 188)
(Chapitre 9, pp. 173-197)

Le Septième trait identitaire: fier.

«Les Québécois sont des être fiers. Fiers de leur joie de vivre, fiers de leur ouverture, fiers de leur capacité d’adaptation, fiers de leurs racines, fiers de leur créativité et fiers de leurs réussites.» (p. 209) «Il y a une aspiration très forte à la réussite chez les Québécois francophones.» (p. 202) «la fierté, condition sine qua none de survie d’une collectivité» disait Alice Parizeau. (p. 209) «Et c’est parce que nous sommes fiers de nos réussites que nous sommes fondamentalement heureux. Notre bonheur est communicatif et se nourrit de lui-même. Le Québec, c’est la vie, la liberté et la poursuite du bonheur.» (p. 222)
(Chapitre 10, pp. 199-218)

Le Code Québec documente généreusement ces traits identitaires par de nombreux exemples et tableaux. Un très riche matériel à consulter pour nourrir la réflexion, la compréhension et les échanges.

—-

Jean-Marc Léger et al. / Le Code Québec: Les sept différences qui font de nous un peuple unique au monde / Montréal -Québec: Les Éditions de l’Homme, 2016 / 240 pages

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *