Le bilinguisme canadien

5 octobre 2024

Patrick Moreau, dans Le Devoir du 4 octobre, nous propose sa lecture du bilinguisme de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon qui, ostensiblement, n’est autre que celui du Premier ministre:

«(…) le français, langue officielle, ne vaut pas plus qu’une autre langue du patchwork identitaire canadien».

En fait, Mary Simon est bilingue, mais elle ne parle pas Français. Elle parle anglais et Inuktitut. C’est la démonstration du bilinguisme trudeauiste père et fils.

«En 2021, le gouvernement Trudeau a sciemment choisi de nommer au poste de gouverneur général une personne qui ne parlait pas français. (…) Il s’est évidemment prévalu du contexte de ce que l’on appelle la «réconciliation» avec les Autochtones pour faire passer cette entorse à la loi, en mettant en avant les origines en partie inuites de Mary Simon. C’était habile, car il devenait délicat pour les Canadiens francophones de critiquer ce choix sans passer pour de vilains colonisateurs opposés à cette «réconciliation».

«Comment ne pas voir dans cette nomination gouvernementale une instrumentalisation des Autochtones afin de remettre frontalement en question le bilinguisme canadien instauré depuis 1969 par la Loi sur les langues officielles? L’identité biculturelle du Canada a en effet toujours été incompatible avec le multiculturalisme promu à peu près au même moment (à partir de 1970) par Pierre Elliott Trudeau et le Parti libéral du Canada.»

«Le Canada n’a accepté le bilinguisme que comme un pis-aller temporaire destiné à calmer les velléités québécoises. Aux yeux de bien des Canadiens, il est temps désormais de mettre fin à ce faux-semblant et de mettre au pas également ces Canadiens français du Québec, minorité parmi d’autres qui a le culot de se prendre pour une majorité.»

«(…) les Canadiens (…) se cachent aujourd’hui derrière le prétexte de la réconciliation» pour faire avancer leurs propres revendications nationales en faveur d’un Canada unilingue et où la seule culture englobante serait anglaise.»

«Le choix de Mary Simon était donc stratégique.

Patrick Moreau cite des propos de la gouverneure générale et observe qu’elle «ne mentionne évidemment que le français est l’une des deux langues officielles du Canada.»

«Dans cet avenir dont Mme Simon est le héraut, le bilinguisme canadien consistera à parler anglais plus une autre langue du grand patchwork identitaire qui domine d’un océan à l’autre: (…)». Déjà, des Autochtones revendiquent le droit de postuler pour des emplois bilingues de la fonction publique fédérale s’ils parlent leur langue ancestrale ainsi que l’une des deux langues officielles (…)».

Patrick Moreau conclut:

«Les Québécois ont évidemment tout à perdre avec le triomphe de cet impérialisme. Mais les Autochtones, de leur côté, n’ont pas grand-chose à y gagner. Tout comme nous, ils devront se plier à cette anglo-conformité qui ne dit pas son nom et qui semble invisible même aux yeux de ceux qui en sont, comme Mary Simon, les plus insignes promoteurs.»

Cette analyse, cette lucidité est précieuse à lire, à partager et à promouvoir. Pour se respecter, il vaudrait mieux ne pas succomber aux sirènes de la séduction.

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Source:

MOREAU, Patrick / Ce que nous dit le bilinguisme de Mary Simon / Le Devoir / Section Idées / 4 octobre 2024

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