18 juin 2017
La fête des pères a beau être un marqueur du temps à vocation de plus en plus commerciale, on peut en faire un marqueur du temps profondément affectif.
Comme à la fête des mères, le mois dernier, je suis seule avec mes parents à la table des souvenirs familiaux. Pourquoi ne pas inviter les autres pour partager et célébrer la mémoire de nos père et mère? Probablement parce que la relation à chacun de nos parents est unique, même à l’intérieur d’une même fratrie.
Lorsqu’on ne peut plus les toucher, les embrasser, leur parler, les gâter, les écouter, on peut au moins communiquer avec nos parents dans le silence et l’intimité, par la pensée et les émotions, sans interférences.
Même si les circonstances de la vie ont fait en sorte que j’ai vécu toute mon enfance et ma jeunesse en marge de ma famille (internat scolaire oblige), l’amour et la générosité de mes parents ont transcendé cet éloignement imposé. J’ai beaucoup reçu d’eux et je leur en suis infiniment reconnaissante.
Je garde de mon père, entre autres, l’image et le souvenir d’un poète du regard, d’un contemplatif, d’un amoureux du beau : de la nature et de l’art, d’un être capable et désireux de partager, de verbaliser ce qu’il voyait et ressentait. Il a toujours conservé et pratiqué l’expression de cet émerveillement dont je cueillais les éclats et goutais les plaisirs.
Homme d’une grande intelligence et d’une sensibilité vibrante, il s’est développé au fil des jours, des rencontres et des réflexions, sans le bagage scolaire qui nous a été accessible. Il animait à table des échanges et des discussions stimulantes et passionnantes. Ainsi, a toujours régnée à la maison une grande valorisation de l’éducation sans toutefois en faire un dicta. Peut-on s’étonner que les quatre enfants aient fait un parcours universitaire?
L’amour et le besoin de l’art qui m’ont toujours habitée sont en lien, j’en suis sûre, avec cette immense sensibilité et riche imagination de mon père. Il en a été le modèle et l’inspirateur.
Lorsque je suis devant un tableau au musée (ou ailleurs) à me concentrer sur la description qu’on me fait, je revis (inconsciemment) la présence de mon père qui racontait avec émerveillement ce qu’il voyait et imaginait. C’est un legs inestimable que mon père m’a transmis et qui n’a de cesse d’habiter et de nourrir ma vie.
Papa, reste à mes côtés, guide-moi vers ceux et celles qui continueront de me communiquer ta flamme qui a sans doute nourri ta vie. Ta petite fille est architecte; tâche de l‘inspirer.
Pour te célébrer, grand amoureux de fleurs que tu as toujours été, je viens de me procurer ma première orchidée. Aurais-je « le pouce fleuri » comme tu l’as toujours eu? Regarde-la et souris-moi!