La convention du sourire

16  décembre 2018

Ces jours derniers, lors d’un repas de la période pré-Noël, des photos ont été prises pour marquer l’événement. Quoi de plus normal? Quoi de plus sympathique d’autant que les photos sont acheminées à toutes les personnes présentes.

On me fait remarquer que je suis l’une des rares personnes à ne pas sourire sur ces photos, à avoir un air plutôt soucieux. Une faute? Pas nécessairement. Une fausse note, certainement.

Mais, est-ce que le sourire est nécessairement l’expression du bonheur? Est-ce que l’air soucieux dit la détresse et le malheur? Ce qui est sûr, c’est que le sourire embelli et ce qui est beau est un baume.

Ce qui vient de me faire sourire, en lien avec cette anecdote,  c’est la lecture d’une page de Dany Laferrière que je reproduis ci-après. Les coïncidences ou croisements, même les plus simples, fournissent matière à réflexion.

«L’art de ne pas sourire à la caméra

Je ne sais pas quand toute cette manipulation a commencé mais dès qu’on se retrouve devant l’objectif d’un photographe amateur ou professionnel, la première chose qu’il vous demande, c’est de sourire. Ce qui fait que les humains sont toujours en train de sourire sur les photos comme si la vie ici n’était qu’une vaste opération de propagande destinée à faire croire à des gens d’une planète voisine que ceux de la Terre sont heureux de leur sort. Je remarque que l’on commence à se rebeller contre une telle pratique qu’à l’approche de la soixantaine, quand on comprend finalement que le nombre de sourires qu’un être normal possède dans son carquois est limité. Il y aura pour chacun de nous un dernier sourire à la caméra. Faites donc savoir pendant qu’il est encore temps que vous avez tenu le pari difficile de faire une photo sans sourire. » p. 113.

Dans le cas rapporté ci-haut, j’ai, de toute évidence, remporté le pari mais je m’abstiens de vous en fournir la preuve. Il faut me croire sur parole et surtout croire la parole des témoins.

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LAFERRIÈRE, Dany, L’art presque perdu de ne rien faire. Montréal: Boréal, 2011.

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