«Je jette l’éponge»

5 mai 2024

Une déclaration choc!

«Ceci sera peut-être mon dernier texte sur l’interculturalisme. Je commence à être tanné d’écrire inutilement sur ce sujet et je soupçonne que bien des gens sont tannés de me lire. (…)»

C’est ainsi que commence l’article de Gérard Bouchard dans le Devoir  du 4 mai 2024, article intitulé: Un problème à l’horizon.

Je reçois le mot «tanné», deux fois plutôt qu’une sous sa plume dans une même phrase, comme un sentiment de désespérance, sentiment confirmé en fin d’article par ce geste-cri:

«Je jette l’éponge».

Tellement triste à entendre de la part d’un intellectuel qui a consacré sa vie à observer, à étudier, à éclairer, à conseiller, à informer, à sensibiliser sa société.

Son «dernier effort» en est un de rappel que je qualifierais d’avertissement, même s’il s’en défend.

«C’est l’histoire des immigrants pauvres que les pays européens ont «accueillis» chez eux à partir des années 1960 environ, ordinairement en provenance de leurs anciennes colonies. (…) »

Gérard Bouchard décrit ces réalités européennes et tourne le miroir vers le Québec pour nous montrer et nous dire qu’il s’agit d’«un scénario dont des morceaux sont maintenant en place chez nous».

Il rappelle qu’

«il y a chez nous en ce moment plus d’un demi-million d’immigrants dans les limbes (…) et que nous avons accueillis pour les employer à des tâches qui restent vacantes tantôt à cause de la pénurie de main-d’oeuvre, tantôt parce qu’elles nous répugnent. Jusqu’ici, ça va bien, (…)

C’est la partie agréable du scénario. Quelle sera la suivante ? Il faudrait être bien naïfs pour s’imaginer que les choses vont en rester là. Un jour, il faudra bien s’en occuper sérieusement (…), c’est-à-dire: les traiter comme les autres Québécois en leur reconnaissant les mêmes droits, la même considération. Ce ne sera peut-être pas aussi aisé qu’on le croit. (…) Et puis, il faudra bien les intégrer à notre culture, à notre mode de vie, à ce qu’est le Québec avec ses douceurs, mais aussi ses peurs, ses angoisses. Sommes-nous préparés à cela? Non.»

Gérard Bouchard s’est intensément investi dans cette oeuvre qui n’a pas aboutie. Voilà pourquoi il «jette l’éponge.»

Source:

BOUCHARD, Gérard / Un problème à l’horizon / Le Devoir / Section Idées / 4 mai 2024

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