J’applaudis Odile Tremblay

27 août 2022

Oui, j’applaudis Odile Tremblay qui signe, dans Le Devoir du 27 août 2022, un si lucide article : La langue blessée.

Le titre me fait mal et je me désole que ce constat ne mobilise pas davantage les citoyens, y compris le milieu éducatif.

Facile d’accuser (cela déresponsabilise), mais

«(…) chacun porte sa part de responsabilité dans la débâcle en cours. Dont bien des Québécois des générations montantes, qui adoptent le franglais sans s’en sentir penauds. Aussi leurs aînés qui n’ont pas su les guider mieux que ça.»

Opinion que je partage depuis toujours.

Odile Tremblay ne parle pas des médias, et pourtant, la radio et la télévision projettent de plus en plus cette «Langue blessée» non seulement dans sa structure mais aussi dans sa diction.

«Et tant de gouvernements successifs, (…) ont fait le lit de ses déboires (…) sans bousculer le peuple, sans prendre de vraies mesures pour améliorer la qualité de la langue collective, sans l’enseigner avec rigueur.(…)».

«Qui, au sommet, a valorisé la transmission de savoirs, misé sur la responsabilité commune ou cherché à attiser la curiosité intellectuelle? Le problème grondait depuis longtemps dans les écoles. Il fallait faire passer les enfants, cancres et alphabètes y compris, sinon les parents protestaient et le ministère de l’Éducation se faisait taper sur les doigts. Niveler par le bas a son prix. On le voit bien. Puisqu’on le paie.»

Dur à entendre, mais tellement vrai. Ayant été enseignante, je n’ai pas été soutenue dans mes gestes pour que le français soit respecté dans les cours autres que ceux de français. Il n’y a qu’à fréquenter INTERNET pour observer la dérive.

«(…) au fil des décennies, on s’est cru tout permis. Et que je t’envoie valser les règles de la syntaxe. Et que j’expédie aux oubliettes les mots de vocabulaire trop pointus. Pas de ça chez nous! On a notre parlure. Ouste! Mais la richesse du français international nous appartient aussi. (…).»

«parce qu’on ne promeut pas l’apprentissage du français planétaire, un grand nombre de Québécois s’en sont détournés. On aurait dû s’inscrire fièrement à l’intérieur de la francophonie, pour mieux pousser Paris à contrer son anglomanie. Peu à peu, on s’est laissés dériver, (…). La France a mal à sa langue, mais ce n’est pas une raison pour abdiquer ici. (…) arc-boutés au ROC anglophone, nous pouvions faire beaucoup mieux que ça, sans rejeter uniquement la faute sur les autres.»

«N’allons pas reprocher aux jeunes de maîtriser la langue de Shakespeare, devenue celle des communications internationales. C’est le dédain affiché à l’égard du français qui fait mal. Il est devenu ici une langue floue, qui fait perdre l’envie de se battre pour elle et que plusieurs délaissent. Le Québec n’a pas cherché à hausser le niveau linguistique collectif. Les nouveaux arrivants en rient. Ça nous insulte. (…) (…) Mais on s’est laissés aller. Relevons-nous!»

Je n’ai jamais compris pourquoi il faut mépriser ou abandonner notre langue pour en apprendre et pratiquer une ou plusieurs autres.

Avoir honte de notre langue, n’est-ce pas un peu avoir honte de soi-même?


SOURCE :

TREMBLAY, Odile / Une langue blessée  / Le Devoir / Section Culture / 27 août 2022

Envoyer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *