Inventer la vie après la COVID-19

24 mai 2020

Inventer la vie après la COVID-19 est le titre d’un très intéressant article d’ Alexandre Klein publié dans Le Devoir du 23 mai 2020 à la section  Le devoir de philosophie.

«(…) la guérison n’est pas un retour à l’innocence, mais l’occasion de changer les normes sociales», écrit le philosophe et médecin français Georges Canguilhem. Et c’est sa pensée qui est exposée dans cet article.

La réflexion est d’autant pertinente que le discours ambiant et pressant clame

«qu’il est grand temps que les choses reviennent à la normale. Pourtant, si une chose est certaine dans cette situation des plus inédites, c’est que ce ne sera pas le cas. (…) la vie après cette crise ne sera jamais la même que celle avant l’arrivée du virus.»

Difficile à entendre. Difficile à assimiler. Exigeant à envisager.

«La guérison, d’un individu comme d’une population, n’est jamais un retour à la situation précédant la maladie. C’est l’une des grandes leçons de la pensée (…) de Georges Canguilhem (1904-1995) et une leçon dont nous devrions profiter pour préparer les luttes mondiales à venir, (…).»

«Guérir c’est se donner de nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes. (…) guérir ne revient jamais à reprendre sa vie d’avant, mais consiste bien à commencer une nouvelle vie, une vie selon de nouvelles normes, marquée par l’expérience passée (…). Et cela vaut tant pour le monde biologique que pour le monde social.»

Canguilhem dit encore:

«Est sain, (…) l’individu qui a la capacité d’instaurer de nouvelles normes vitales dans des situations inattendues, autrement dit de s’adapter à son environnement et à ses conditions changeantes.»

«La société est-elle aussi capable d’instituer de nouvelles normes. Simplement, ces changements de normes sociales ne peuvent venir que des individus qui, en valorisant collectivement de nouvelles normes, les font advenir comme nouvelle normalité sociale.»

«Ainsi, si la nouvelle attitude vitale qui caractérise notre existence à l’heure du coronavirus est porteuse, au-delà du drame humain et sanitaire que constitue cette pandémie, de valeurs positives (…), il ne tient qu’à nous de les conserver pour la nouvelle vie qui sera la nôtre une fois la sortie de crise engagée. La vie après le coronavirus ne sera en effet pas la vie d’avant, elle s’écrira nécessairement d’après la pandémie, en regard de cette expérience mondialisée inédite. Autant, donc, saisir l’occasion d’inventer une nouvelle vie qui inscrive dans la durée des nouvelles valeurs qui furent les nôtres au cours des dernières semaines (…).»

Cet article, une source de réflexion, de réalisme, d’audace et de courage pour la suite de la vie tant pour les individus que pour les collectivités.

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