Honte à moi

4 février 2023

Je projetais, depuis des lunes, de lire Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez.

Je m’y suis mise. Mais la traversée m’a été laborieuse. J’ai fait plusieurs pauses pour finalement le refermer définitivement à la page 323.

C’est un univers dans lequel je ne réussis pas à pénétrer malgré toute ma bonne volonté.

C’est un chef-d’oeuvre universellement célébrée. Mais je n’ai pas les clés pour le pénétrer et l’apprécier.

En lisant cette réflexion, je comprends un peu mon inaptitude à apprécier cet ouvrage. Je n’ai pas d’affinité ni avec le «réalisme magique», ni avec la violence, ni avec la cruauté.

«Le problème avec Cent ans de solitude, c’est que c’est une œuvre qui fait peur. Les personnages aux noms qui sèment la confusion (…) l’abondance de détails et l’ampleur de la brique font en sorte que plusieurs lecteurs laissent tomber après quelques pages ou ne tentent même pas de plonger dans ce roman. Évidemment, passer à côté de ce roman est une terrible erreur. L’œuvre raconte l’histoire de la famille Buendia et ses malheurs qui s’accumulent sur sept générations. Les membres de la communauté sont confrontés pendant cent ans aux visiteurs, aux guerres civiles, aux caprices de la météo et à leur propre famille. À leur destin, donc. Il faut voir que Cent ans de solitude n’est pas réellement l’histoire d’une famille, mais bien l’histoire de la Colombie. Toutes les plaies qui s’abattent sur le clan Buendia sont en fait des tuiles sur la tête du pays. La corruption du gouvernement, les guerres civiles causées par des idéologies différentes, le climat qui ruine les récoltes, l’inceste, l’armée qui règle les grèves par la force et même l’agressivité et l’impulsivité du peuple lui-même sont des problèmes auxquels font face les Buendia et la Colombie en général. Les Buendia sont une métaphore d’un peuple confiné dans le pessimisme à cause de tous les problèmes qui s’accumulent dus aux facteurs extérieurs, certes, mais aussi à cause de lui-même. Il s’agit d’un éternel recommencement voué à l’échec. D’ailleurs, les personnages reçoivent toujours le nom de leurs ancêtres (par exemple, plus d’une vingtaine de personnages (…) se nomment Aureliano) pour montrer que la Colombie tente toujours, tant bien que mal, de se relever d’elle-même, génération après génération. (…) En plus d’être une histoire exceptionnellement bien écrite, Garcia Marquez a utilisé un style propre à lui, le réalisme magique, pour nous présenter son récit. Le narrateur nous raconte sporadiquement des événements surnaturels avec une neutralité qui nous fait douter de leur véracité. Les personnages eux-mêmes n’ont pas réellement d’hésitation à croire à la magie. Cette façon d’écrire ajoute un voile onirique très apprécié. Elle adoucit même certains passages plus durs. Cent ans de solitude fait peur, mais c’est une œuvre qui mérite d’être dégustée doucement. Il faut prendre son temps pour bien dénouer tout ce qu’elle contient. (…)»

J’ai pris mon temps mais je n’y suis pas parvenu.

Source:

MARQUEZ, Gabriel Garcia / Cent ans de solitude / Traduit de l’espagnol par Claude et Carmen Durand / Paris, Éditions du Seuil, 1970,437 pages

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