Un an déjà

21 novembre 2018

Lors de la cérémonie funéraire de Paul Simard qui a eu lieu à Saint-Lambert le dimanche 26 novembre 2017 en présence de sa famille, de ses amies et de ses proches, j’ai tenu à ajouter ma parole à celles de ses intimes pour témoigner  de la générosité et de l’engagement de Paul. Voici donc le texte qu’il m’était important de communiquer et que, aujourd’hui, je trouve pertinent de redire. Un tel engagement, un tel altruisme rarement tambouriné contribue au mieux-être de notre société et est porteur d’espoir.

Signet recto avec photo de Paul Simard et de sa maison de Marieville et verso avec le texte de Borges : Les justes

Hommage à Paul,

C’est en mars 1997, à l’église de Saint-Lambert, que je rencontrais Paul pour la première fois. Les funérailles de Madame Luce Pomerat (une proche amie de Paul) se terminaient. Paul se présente alors à moi en me disant qu’il savait que Luce faisait de la lecture pour moi et qu’il serait disposé à faire de même. J’ai été touchée par cette offre, mais je n’ai pas osé donner suite. Quelle ne fut pas ma surprise, quelques mois plus tard, de recevoir un appel de Paul pour me réitérer son offre en précisant, avec trop de modestie, qu’il ne savait pas s’il serait apte à satisfaire mes besoins. Nous avons alors convenu d’une première rencontre. Nous étions à l’automne 1997 et ces séances hebdomadaires de lecture et de documentation ont eu lieu régulièrement jusqu’à Noël 2016. C’est le déclin de la santé de Paul qui a mis un terme à cette exceptionnelle collaboration de près de 20 ans.

Je vous remercie de me permettre de témoigner de l’extraordinaire altruisme de Paul, de son engagement, de sa disponibilité, de sa persévérance, de sa discrétion dans le dépouillement de mes documents personnels, de sa patience et de son sens de l’humour, efficace pour calmer mes urgences, désamorcer mes exaspérations et mes intolérances.

Vous comprenez l’infinie reconnaissance que j’éprouve envers Paul. Sans sa collaboration, non seulement ma vie aurait été beaucoup plus compliquée, mais de multiples projets n’auraient pu s’épanouir. Je remercie la vie d’avoir mis sur ma route une personne d’une telle qualité.

J’entendrai toujours sa belle voix profonde, son rire communicatif, ses passionnants commentaires de grand lecteur, ainsi que ses taquineries perspicaces.

Au-delà de la douloureuse perte, Paul nous lègue le témoignage de la générosité  et de la grandeur d’âme dont est capable l’être humain.

Merci, Paul, vous m’avez beaucoup donné et beaucoup appris. Vous m’avez permis et aider à tendre vers le plus et vers le mieux, à faire reculer mes limites.

Lorsque je m’inquiète du sens de ma vie, j’ai pour modèle votre générosité, votre ouverture et votre présence à l’autre.

Nicole Trudeau
Saint-Lambert
Le 26 novembre 2017

Légende de l’image

Paul Simard 1944-2017
Image du signet remis lors de ses funérailles.
Côté recto : sa photo et la photo de sa maison à Marieville
Côté verso : le texte Les justes de Jorge Luis Borges

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Texte :  Les justes de Jorge Luis Borges

LES JUSTES

UN HOMME QUI CULTIVE SON JARDIN, COMME LE  VOULAIT VOLTAIRE.
CELUI QUI EST RECONNAISSANT QUE SUR LA TERRE IL Y AIT DE LA MUSIQUE.
CELUI QUI DÉCOUVRE AVEC PLAISIR UNE ÉTYMOLOGIE.
DEUX EMPLOYÉS QUI DANS UN CAFÉ DU SUD JOUENT UN SILENCIEUX JEU D’ÉCHECS.
LE CÉRAMISTE QUI PRÉMÉDITE UNE COULEUR ET UNE FORME.
UN TYPOGRAPHEQUI COMPOSE BIEN CETTE PAGE, QUI PEUT-ÊTRE NE LUI PLAÎT PAS.
UNE FEMME ET UN HOMME QUI LISENT LES TERCETS FINAUX D’UN CERTAIN CHANT.
CELUI QUI CARESSE UN  ANIMAL ENDORMI.
CELUI QUI JUSTIFIE OU VEUT JUSTIFIER UN MAL QU’ON LUI A FAIT.
CELUI QUI EST RECONNAISSANT QUE SUR TERRE IL Y AIT UN STEVENSON.
CELUI QUI PRÉFÈRE QUE LES AUTRES AIENT RAISON.
CES PERSONNES, QUI S’IGNORENT, SONT EN TRAIN DE SAUVER LE MONDE.

 JORGE LUIS BORGES

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