Henri Bourassa, quelle stature? (suite 4)

25 mars 2024

Chapitre 9  Les désillusions amères (1911-1912 (pp. 371-400)

En 1913, Bourassa termine son parcours politique à l’assemblée législative du Québec, mais il ne cesse de s’impliquer dans les grands dossiers fédéraux.

«Après les élections fédérales du 21 septembre 1911, Henri Bourassa peut aspirer à ce que le mouvement nationaliste dont il est le mentor trouve sur la scène fédérale canadienne un bel aboutissement,» (p. 361)

mais il n’en sera rien.

La question de la marine militaire demeure un grand débat qui le mobilise.

Puis, il y aura la question scolaire du Keewatin (p. 384 et suivantes) qui finira par être un échec pour les minorités. À la suite des longs débats à Ottawa, Bourassa s’expliquera publiquement avec véhémence et passion à Montréal le 9 mars 1909. (p. 393)

Il déclarera, entre autres:

«La confédération est une belle oeuvre (…) Si la confédération canadienne doit être maintenue, il faut que la mentalité étroite qui se manifeste de plus en plus dans les provinces anglaises et à l’endroit des minorités, disparaisse et qu’on revienne à l’esprit initial de l’alliance.» (p. 394)

«(…) le Canada anglais s’éloigne dangereusement des idéaux de 1867.» (p. 396)

«La réalité s’avère brutale en ces mois de mars et d’avril 1912. (…) La Vergne avoue (…) que la défaite du Keewatin «fut le commencement de la débandade nationaliste et de la rancune (..) du peuple canadien français écoeuré de tant de duperie et de cynisme». Bourassa le sait plus que tout autre. Et il s’en désole profondément.» (p. 398)

Chapitre 10  Le retour de la question navale: un implacable combat (1912-1913) (pp. 401-438)

En avril 1912, Bourassa annonce son départ de l’Assemblée législative de Québec et quelques jours plus tard, entreprend un voyage de 10 semaines en Europe.

Dès son retour, c’est le premier congrès de la langue française qui se tient à Québec du 24 au 30 juin. Il y intervient le 28 juin sur le thème: La langue française et l’avenir de notre race.

L’événement est de taille; on y reçoit de 8 à 10 milles délégués.

Mais un choc se produit:

«Le 25 juin, le lendemain de l’ouverture du congrès, la circulaire d’inscription no 17 (connue sous le nom de règlement 17), émise par le ministère de l’Éducation de l’Ontario, entérine la politique du 13 avril (…)»: la disparition des écoles bilingues, anglaises et françaises, de la province. (p. 405)

Dans ce même chapitre, Réal Bélanger traite très longuement de la question navale qui passionne Bourassa.

Après des débats houleux et même acrimonieux, sur la loi navale? C‘est le Sénat qui met le clou dans ce long débat le 29 mai 1913.  Bourassa s’en réjouit.

 Alors, Bourassa publie dans Le Devoir 14 éditoriaux dans lesquels il fait «le point sur son action politique et sur celle de son mouvement nationaliste.»: «Le nationalisme et les partis

«Des pages instructives à plusieurs égards pour qui désire en connaître davantage sur ce groupe de pression et sur la culture politique de l’époque.» (p. 436)

Chapitre 11   Propager l’espoir et le conservatisme social (1913) (pp. 439-458)

C’est dans ce chapitre que l’on démontre le conservatisme de Bourassa, particulièrement à l’égard de la femme.

 «L’une des preuves les plus concrètes du conservatisme de Bourassa demeure sa position sur la place des femmes dans la société.» (p. 439)

Dans des éditoriaux de mars et avril 1913, «il aborde particulièrement le droit de vote des femmes et le féminisme. (p. 439)

Réal Bélanger cite de longs propos tenus par Bourassa dans Le Devoir du 31 mars et des 23 et 26 avril 1913. (pp. 441-443)

«Il ne faut pas en douter; ces (…) articles témoignent de la pensée profonde de Bourassa sur le féminisme et le droit de vote des femmes. Quelques mots la résume: une condamnation en bloc. (…) Franchement conservateur et ultramontain(…) Chez lui, une image de la femme figée dans le temps qu’il refuse de transformer et d’améliorer. Prisonnière d’une conception d’elle qui rejette son émancipation. En résumé, la femme est un complément apaisant, inspirant, gentil, noble et digne à l’homme, «[son] égal[e]» néanmoins et « à maints égards [sa] supérieur[e]», à qui, toutefois, elle doit une «soumission volontaire» (p. 444)

«La lecture de ces éditoriaux montre donc un homme profondément agacé par les revendications féministes, particulièrement celles touchant au droit de vote. (…) l’ultramontain de toujours se rebiffe et gronde. (…) il ne peut en visager en outre, que la femme canadienne française catholique puisse se faire valoir dans un milieu politique aux intérêts si vils, aux comportements si répréhensibles, (…)» (p. 444)

 À la suite d’un séjour dans l’Ouest canadien, Bourassa signe de nombreux textes dans Le Devoir dont l’auteur reproduit des extraits percutants:

 «La différence des conditions économiques, de l’Est et de l’ouest constitue […] un danger national. (…) à ceux qui seraient tenté de croire que j’exagère lorsque je parle de l’Ouest et de l’Est du Canada comme de deux pays distincts, je ne pus que conseiller […] [que] s’ils ne viennent pas à la conclusion que le maintien de l’unité nationale est le problème le plus grave et le plus impérieux qui s’impose à l’attention des gouvernants et du peuple du Canada, je leur donne rendez-vous à vingt ans d’ici.» (p. 456)

Bourassa est aussi préoccupé par l’immigration. Le 28 juillet 1913 il publie un éditorial intitulé : Le péril de l’immigration. Il écrit:

«Si elle [politique] est maintenue est mainenue intacte, [elle] brisera tout simplement le pays». (p. 456)

 «Par sa politique à courte vue il [Bourassa] estime donc que «le gouvernement fédéral semble s’être donné pour objets ultimes la dénationalisation du peuple canadien, la dislocation des forces économiques du pays, et la rupture de la Confédération canadienne aux bénéfices des états-Unis.» (p. 456)

«Pour contrer ces problèmes et éviter d’aboutir à la séparation de l’ouest, Bourassa consacre (…) cinq éditoriaux au solutions (…) sous un thème: «Comment assurer l’unité canadienne?» (p. 456)

Bourassa termine sa série d’articles sur l’Ouest en formulant une conclusion précédée de trois questions»:

«L’Ouest sera-t-il américain ou anglo-français?»
«Si rien n’est fait, il sera américain ou du moins séparé] de l’est, avant cinquante ans.» (p. 457)

«Y a-t-il un patriotisme canadien?»
«Non».

«Le Canada ou l’Empire. Lequel est la patrie?»
«(…) Bourassa choisit le Canada.»

Conclusion générale de cet exposé sur l’Ouest:

«Le Canada sera nationaliste ou il cessera d’être.» (p. 458)

Lire de telles pages plus de 110 ans plus tard offre un miroir des plus pédagogique qui fournit des images que nous regardons peu et pourtant, qui pourraient nourrir notre réflexion.


Source:

BÉLANGER, Réal / Henri Bourassa: Le fascinant destin d’un homme libre / Les Presses de l’Université Laval / Québec / 2013 / 541 Pages

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