Enfin, on parle de l’essentiel

15 septembre 2023

«Les rentrées scolaires se ressemblent toutes. On dirait que chacun se donne le mot pour demander à l’école de régler tous ses problèmes. Ici, on réclame des toilettes mixtes, ailleurs de porter l’abaya ou encore de pouvoir s’y faire désigner comme un «être non binaire». L’école a toujours été convoitée par les idéologues. C’est plus que jamais le cas aujourd’hui. On pourrait même dire qu’elle est devenue le déversoir de tous nos fantasmes. Pour ne pas dire le cimetière de ces promesses que nos dirigeants peinent à concrétiser et que, faute de mieux, ils refilent à l’école. Or, toutes ces revendications concernent-elles véritablement l’école?»

Voilà enfin une question majeure que Christian Rioux pose et qui m’incite à vous recommander la lecture de son texte: Une certaine idée de l’école

«Il aura fallu des décennies pour laïciser les écoles québécoises et en extraire l’enseignement du catéchisme» rappelle-t-il. « Mais avons-nous fait tout cela pour remplacer la religion par un nouveau catéchisme écologiste, féministe, woke, trans, LGBT ou quoi encore ? Non seulement l’école devrait se tenir loin de toutes ces idéologies, mais elle devrait «rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas», (…) Voilà ce qui devrait nous inspirer en cette rentrée scolaire. En d’autres mots, les sujets controversés qui font l’objet de polémiques normales dans une société n’ont guère leur place à l’école, qui devrait être considérée comme un sanctuaire à l’abri des modes intellectuelles et idéologiques.»

«(…) les professeurs ont donc le devoir de mettre leurs convictions de côté, de même que leurs problèmes d’identité qui ne concernent pas l’école.»

«Les enseignants ne sont pas des travailleurs sociaux. Ils n’ont pour mission ni de réaliser l’égalité sur Terre ni de soigner la Terre entière, mais d’instruire au mieux nos enfants en les traitant de la manière la plus égalitaire possible. Pour cela, une certaine indifférenciation, un certain détachement, une certaine position de surplomb sont nécessaires.»

«Quant à l’élève, il doit laisser à la porte de l’école non seulement ses croyances religieuses, mais une grande partie de ce qu’on nomme aujourd’hui pompeusement son «identité». Car l’école est justement ce lieu qui doit lui permettre de se libérer de lui-même pour mieux se comprendre par la suite et surtout comprendre le monde. Loin du nombrilisme et des petits problèmes individuels, l’école devrait être le lieu du détachement de soi et de l’ouverture, deux attitudes nécessaires pour se rendre disponible au savoir.»

De semblables réflexions sont nécessaires pour recentrer le rôle essentiel de l’école dans la société et pour éviter de la noyer dans les tourbillons idéologiques et individualistes qui l’assaillent.

Puissent les autorités éducatives avoir le courage et la force de bien enraciner l’école pour ne pas succomber aux charmes de toutes les sirènes et fléchir à toutes les secousses et turbulences.

Source:

RIOUX, Christian / Une certaine idée de l’école / Le Devoir / Section Actualités / 15 septembre 2023

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