8 mars 2024
Thomas Stringer, fils «de parents fransaskois et franco-manitobain (…)», présentement professeur au Mexique, fait écho à l’article de Jean-François Lisée, L’identité antiquébécoise, en nous rappelant ce qu’a été la francophobie historique dans l’Ouest canadien.
Ce rappel rejoint des éléments traités dans l’ouvrage de Réal Bélanger en cours de lecture : Henri Bourassa : le fascinant destin d’un homme libre, ouvrage dans lequel la défense de la cause francophone dans l’Ouest canadien est largement documentée.
Selon Lisée,
«Pour de nombreux Québécois dits «de souche», la réalité de la discrimination en tant que minorité a émergé récemment, principalement en raison des changements démographiques qui touchent l’île de Montréal. (…)».
Thomas Stringer nous rappelle que
«les Canadiens français hors Québec vivent cette réalité depuis les débuts de la Confédération.»
Il précise que
«Avant l’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, le français bénéficiait de peu de protections à l’échelle du pays. Dans les provinces où l’anglais dominait, les francophones étaient victimes de discrimination sociale et systémique. L’Ouest canadien, en particulier, a longtemps été le théâtre d’une francophobie persistante. (…)»
Stringer mentionne
Qu’«un Ku Klux Klan ouvertement francophobe a connu une certaine popularité au Canada. Son influence en Alberta et en Saskatchewan dans les années 1920 et 1930 était telle qu’elle a conduit à l’élection de ses membres au Parlement canadien. (…)»
Il rappelle que
«jusqu’aux années 1940, le gouvernement manitobain envoyait des inspecteurs pour s’assurer que le français n’était pas utilisé comme langue d’enseignement dans les communautés francophones. (…).»
Il est émouvant de lire le témoignage de Thomas Stinger :
«En tant qu’enfant de parents fransaskois et franco-manitobain qui se sont exilés au Québec pour que je puisse vivre en français, lire que de jeunes francophones à Montréal sont victimes de discrimination et de mépris ravive en moi une douleur profonde. Si nous voulons promouvoir une vision du Québec qui encourage la diversité et le vivre-ensemble, nous devons dénoncer toute forme de discrimination. L’histoire des francophones à l’extérieur du Québec devrait nous rappeler que la minorité francophone au Canada n’a pas été, et ne sera jamais complètement à l’abri de préjudice.»
Une fois encore s’exposer et être exposé à la perspective historique se révèle d’une importance insuffisamment encouragée, valorisée.
Source :
STRINGER, Thomas / Que retenir de la francophobie historique dans l’Ouest canadien? / Le Devoir / Section Éditorial / 1er mars 2024
LISÉE, Jean-François / L’identité anti-québécoise / Le Devoir / Section Idées / 24 février 2024
BÉLANGER, Réal / Henri Bourassa : le fascinant destin d’un homme libre / Presses de l’université Laval / Québec / 2013