Elle a fait le tour du monde

Elle a fait le tour du monde

10 juillet 2024

Dès les premières phrases de l’introduction de Je ferai le tour du monde de Alexandra Szacka, l’auteure me prend la main avec émotion pour refaire avec  moi son parcours depuis son départ de Varsovie en 1968 jusqu’à son installation à Lucca en 2022. Je n’hésite pas à la suivre car le récit est déjà poignant et il le demeurera.

Alexandra Szascka a mené une impressionnante carrière de journaliste à travers le monde. Elle en retrace des expériences saisissantes. Certains passages m’ont particulièrement touchée. Celui de la naissance de sa fille Catherine atteinte d’une très grave malformation du foie. (Chapitre 2). Celui de son séjour au Mexique et de la petite Simone qu’elle a eu envie d’adopter. (Chapitre 3) Celui de son reportage au Honduras alors que son fils n’avait que trois mois et qu’elle était en plein processus d’allaitement. (chapitre 3) Celui où elle aide une dissidente chinoise à sortir de Chine. Elle l’accueille dans son foyer. (Chapitre 4). Celui où elle convainc sa mère de retourner sur les lieux de sa prime jeunesse en Ouzbékistan. (chapitre 9) Etc.

Presque dans chaque chapitre, l’auteure se révèle une femme qui a besoin de venir à l’aide de gens en détresse. Elle explique la provenance de ce besoin de venir au secours des autres.

«Élevée par des parents survivants de l’Holocauste, j’étais, depuis l’enfance, bercée par des récits glorifiant l’aide, le partage, la responsabilité personnelle face au drame d’autrui, même quand il s’agissait d’un inconnu. Pour l’écrasante majorité des juifs polonais qui n’ont pas péri pendant l’occupation nazie, la survie aurait été impossible sans l’aide de leurs concitoyens de confession catholique. Ces histoires ont fortement marqué mon imagination. Depuis toute petite, j’étais consciente que de venir en aide à celui qui est dans le besoin est parfois une question de vie ou de mort. Il faut être à la hauteur. Un humain digne de ce nom doit être en mesure de relever le défi quand le destin met sur sa route une personne qui a besoin d’aide. «Qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière» peut-on lire dans le Talmud (dans le Coran aussi d’ailleurs). Cette devise m’habite depuis toujours. (…)».l; (p. 115)

Elle prend sa retraite en 2020.

«C’est une décision déchirante, car ce métier est une drogue, et il est difficile de s’en passer. (…). La passion de l’actualité, surtout de l’actualité internationale, est pour moi plus forte que tout. (…). (p. 318)

Les auditeurs de Radio-Canada ont toujours l’occasion de l’entendre sur les ondes en 2024.

«Pourquoi continuer à raconter, pourquoi chercher à comprendre? Parce que la compréhension reste le dernier rempart contre le fanatisme, la haine, les injustices.» (p. 319)

Le témoignage de Alexandra Szacka se termine sur cette réflexion:

«C’est en pensant aux 1668 journalistes assassinés ou morts à travers le monde dans l’exercice de leurs fonctions au cours des vingt dernières années (…) que je termine ce livre. Ils ont payé de leur vie en faisant simplement leur travail, en cherchant la vérité.» (p. 319)

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Source:

Szacka, Alexadra / Je ferai le tour du monde / Boréal / Montréal / 2023 / 319 pages

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