Du théâtre à la lecture et de la lecture au théâtre

2 juin 2023

C’est un autre projet de théâtre,  La traversée du siècle, qui me motive à lire les romans de Michel Tremblay, dont Les chroniques du Plateau Mont-Royal. J’ai fréquenté les pièces de théâtre de cet auteur mais pas ses romans. La lecture de la langue parlée me faisait hésiter. J’ai vaincu cette résistance et j’ai plongé dans La grosse femme d’à côté est enceinte.

La quantité de personnages qui y défilent m’a incitée à en établir une liste afin de m’y retrouver dans la filiation. Les différentes scènes constituent une fresque sociale impressionnante dans laquelle les hommes ne sont pas reluisants.

   Le chemin du roman vers le théâtre, article de François Jardon-Gomez, Le Devoir

Le hasard a voulu que je lise parallèlement La grosse femme d’à côté est enceinte et Refus global et autres écrits : Essais Paul-Émile Borduas. Les deux univers traités s’éclairent l’un l’autre: le manque de liberté et la soif de liberté.

Dans la présente édition de La grosse femme d’à côté est enceinte, quelques pages, signées Alain Pontaut, sont consacrées à la mise en contexte de ce roman de 1978, paru après l’écriture de douze pièces de théâtre qui ont permis à Michel Tremblay

«d’explorer de différentes façons un univers dont les personnages appartiennent au quartier montréalais où il a passé son enfance.» (p. 7)

«Un monde spécifique, aussi marqué par «la grande noirceur» que débordant de vitalité, aussi irrésistible dans son humour et sa spontanéité, son âme propre que quelque part déstructuré dans la pensée, bilinguisé dans le langage, (…) Un univers aliéné et décontracté, dépourvu et grouillant, morcelé et porteur de continuité, au reste minutieusement ressuscité et profondément transposé.» (p. 78)

«(…) à la retentissante surprise produite par Les belles sœurs en 1968, s’ajoute dix ans plus tard la surprise aussi vive et aussi réjouissante, de découvrir le même monde exprimé entièrement différemment. Le même climat, d’un univers à l’autre, mais le changement de ton est complet.  (…)» (p. 8)

«(…) on chercherait en vain dans les manuels d’histoire, les journaux, les documents socio-politiques, tableau plus fidèle et complet que celui qu’en donne La grosse femme d’à côté est enceinte.» (p. 9)

«Et c’est parce que le roman ne prétend pas un instant à la reconstitution historique mais à l’observation humaine, qu’il va d’un seul coup beaucoup plus loin dans le témoignage sur un milieu et sur un temps que toute la documentation des spécialistes. » (p. 9)

La grosse femme d’à côté est enceinte marque le début des Chroniques du Plateau-Mont-Royal qui comptent six titres:

La Grosse Femme d’à côté est enceinte
Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges
La Duchesse et le Roturier
Des nouvelles d’Édouard
Le Premier Quartier de la lune
Un objet de beauté

Je poursuivrai la lecture de ces romans pour me préparer au spectacle  La traversée du siècle, spectacle fleuve réalisé par Alice Ronfard en collaboration avec André Brassard.

Alice Ronfard confie:

«La valeur de ce projet n’est pas dans la mise en scène. Elle est dans la parole, dans le texte, dans notre désir de dire ces mots importants. Tremblay, c’est notre mythologie…»

Et Alex Bergeron d’ajouter :

«Lorsque je lis du Tremblay, j’ai l’impression de me faire raconter mon histoire, celle de mes grands-parents, de mes parents. Tremblay, c’est mon héritage. Il parle de l’émancipation de la société en entier, notamment celle des femmes, des homosexuels. Il aborde le poids de la religion sur un peuple.»

Je reçois et perçois ce projet théâtral comme une synthèse d’une réalité sociale dans un contexte donné. J’espère qu’en m’y préparant par la lecture j’en absorberai mieux la substance.

Source:

TREMBLAY Michel / Chroniques du Plateau-Mont-Royal: La grosse femme d’à côté est enceinte / Édition Bibliothèque québécoise / Collection littérature / 1990 / 303 pages

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