3 février 2018
Une amie était sur la liste d’urgence d’une très importante chirurgie cardiaque: le remplacement de l’aorte.
La veille de la chirurgie, elle est hospitalisée et préparée. Le lendemain matin, elle est amenée au bloc opératoire à 7 :15 où se retrouve toute l’équipe d’intervention. Puis, subitement, on leur apprend que l’intervention est annulée parce qu’il manque de personnel aux soins intensifs. Elle est remontée à sa chambre dans l’attente de solutions qui ne viennent pas puisque, à l’heure du midi, elle reçoit son congé de l’hôpital.
Je suis abasourdie par une telle réalité.
Comme si ce n’était pas suffisant d’être malade et qu’il faille affubler le patient des effets négatifs des problèmes administratifs et organisationnels.
Je connais peu, pour ne pas dire pas du tout, le mode de fonctionnement des hôpitaux au-delà de ce que l’on en dit dans les médias. Mais un système qui impose de pareilles expériences, très certainement angoissantes, à des patients me paraît totalement aberrant.
Des questions surgissent :
On dit que du temps supplémentaire est imposé au personnel hospitalier. Pourquoi imposé?
Est-ce que cette règle existe dans d’autres types d’institutions ou d’entreprises?
Comment se fait-il que la gestion du personnel ne puisse mieux planifier ses ressources?
Et les conséquences?
– Un bloc opératoire qui ne sera pas utilisé à ses fins premières;
– Une équipe de médecins et de nursing paralysée, donc non productive;
– Un patient, en urgence, non traité, qui devra revivre les stress et les angoisses préopératoires;
cela n’a tout simplement pas de sens dans une société comme la nôtre où l’on vient d’investir des sommes gigantesques pour mettre en place des institutions de la plus haute compétence et efficacité. Pourtant, il semble, qu’au nivau de la gestion des ressources humaines, nous soyons aux antipodes de la compétence et de l’efficacité.
De toute évidence, il y a un divorce entre les concepteurs de règles, règlements et politiques, d’une part, et le milieu de vie professionnel, d’autre part.
Et si les concepteurs de lois, de politiques, de règlements, de directives, etc., devaient, périodiquement, non seulement aller sur le terrain pour observer la vie et la pratique réelle, mais surtout vivre les tâches qu’ils promulguent et imposent, leur sensibilité et leur compréhension du réel seraient autres et éclaireraient leurs réflexions et leurs décisions.
Quelqu’un aura-t-il un jour la lucidité, la modestie et le courage de valoriser le jumelage du conçu et du vécu?