17 décembre 2024
Si on se compare à de très nombreuses sociétés actuellement, je nous considère extrêmement chanceux. Mais je ne suis pas sûre que nous l’apprécions suffisamment. Mais sommes-nous heureux? Plus heureux qu’au début du 3e millénaire?
Un portrait du Québec des 25 dernières années nous est proposé dans l’article de Isabelle Paré dans Le Devoir du 14 décembre : des constats impressionnants, oui, des inquiétudes aussi.
«Les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec le démontrent : les 25 dernières années ont refaçonné la vie des Québécois. Et pour le mieux, affirment plusieurs experts.»
«En 25 ans, sur le plan social, le Québec a entre autres vu naître l’aide médicale à mourir, l’accès élargi aux garderies à 5 $ (…), la Loi sur l’équité salariale, la légalisation du cannabis, la reconnaissance du mariage gai et de l’homoparentalité, sans compter l’ajout de l’identité de genre aux droits enchâssés dans la Charte des droits et libertés de la personne.
En ce qui concerne les chiffres, le taux de chômage a reculé de moitié et les Québécois, qui ont désormais la plus longue espérance de vie au Canada, détiennent le plus fort pouvoir d’achat au pays depuis la pandémie. (…)»
«(…) aujourd’hui, on est plus productifs que l’Ontario [depuis quatre ans], on a un meilleur taux de diplomation postsecondaire et le taux de participation des femmes au marché du travail est l’un des plus élevés au monde.»
«les Québécois ont gagné quatre ans en espérance de vie, selon l’Institut national de santé publique du Québec, et sont parmi les Terriens qui vivent le plus longtemps.»
«(…) la société québécoise brille maintenant parmi les nations détenant le plus haut indice de bonheur au monde, affirme Jean-Philippe Warren.»
L’«indice de bonheur», il faudrait le circonscrire.
«(…) le Québec accuse aujourd’hui le plus bas indice de fécondité jamais enregistré en 20 ans.»
«(…) la population du Québec a connu en 2023 sa plus forte croissance en 25 ans avec l’ajout net de 217 600 habitants, surtout des immigrants. (…)»
«(…) plusieurs régions du Québec qui se vidaient à vitesse grand V en 2000 affichent désormais un solde positif en ce qui concerne leur population, (…)»
«(…) La société québécoise, qu’on disait si frileuse, est en train de réussir à intégrer les immigrants en région», (…).
«Plus instruits, en meilleure santé, plus riches, plus heureux ? Tout serait-il plus rose qu’il y a 25 ans sous le ciel du Québec? Pas tout à fait.»
«(…) l’évolution de l’espérance de vie s’essouffle depuis 2019 ; elle essuie même un recul chez les personnes de moins de 50 ans. (…)»
«Beaucoup moins de jeunes meurent sur les routes ou par suicide, mais les surdoses liées aux opioïdes et à d’autres drogues ont fauché la vie de plus de 830 Québécois de 2023 à juin 2024, et sont maintenant au coeur du ressac de l’espérance de vie observé chez les jeunes.»
«Si l’indice du bonheur a augmenté chez les plus âgés, il est en net repli chez les jeunes, (…)»
«En 2000, on prédisait que les millénariaux allaient vivre plus vieux que les générations précédentes, mais les menaces comme l’obésité, la sédentarité et les opioïdes nous rendent un peu moins optimistes qu’alors, (…)»
«(…) le sociologue Gérard Bouchard, de l’Université du Québec à Chicoutimi, sent quant à lui la société québécoise plus fragilisée que jamais. «Pendant longtemps, l’imaginaire collectif a été guidé par la Révolution tranquille, puis après ce fut par le modèle québécois. Maintenant, c’est quoi ? C’est le vide, on n’a pas remplacé l’imaginaire collectif. On se cherche», croit-il.»
Le bonheur et l’indice du bonheur, ce n’est pas à confondre. Le premier se comptabilise moins facilement que le second.
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SOURCE:
PARÉ, Isabelle / Des québécois plus heureux? / Le Devoir / Section: Perspectives / 14 décembre 2024