24 décembre 2020
En se référant à l’une des grandes oeuvres théâtrales de Shakespeare: Le roi Lear, le professeur de littérature anglaise à l’Université du Québec à Chicoutimi, Mustapha Fahmi, développe une très intéressante réflexion sur l’interrogation suivante: « De quoi avons-nous besoin? »
Au termes d’une confrontation avec ses filles, le roi déclare: « Ne résonnez pas le besoin ».
« Selon Lear, on ne peut pas raisonner ou calculer le besoin, pour une raison fort simple : si les humains devaient se limiter uniquement aux choses dont ils ont besoin, leur vie ressemblerait à celle des animaux », commente le professeur qui énumère les besoins communs.
« Qu’est-ce qui nous distingue des animaux ? (…) ce qui nous distingue des animaux, ce sont les choses dont nous n’avons pas besoin. »
Et le professeur pose des questions concrètes que l’on entend souvent eu égard aux arts, entre autres.
« Le principe du besoin est un argument fragile. »
Le professeur croit que
« c’est en transcendant les limites de nos besoins humains les plus élémentaires que nous parvenons à révéler le meilleur de nous-mêmes. »
C’est au XVIIe siècle que Shakespeare pose la question du besoin dans une grande oeuvre théâtrale. Quatre siècles plus tard, elle demeure tout aussi interpelante. Elle fait encore débat de société. C’est dire son importance et son envergure. Elle mérite d’être réfléchie par chacun d’entre nous. Cette interrogation est d’une acuité tout à fait particulière en ces temps de contraintes et de bouleversements mondiaux.
Source :
De quoi avons-nous besoin? Mustapha Fahmi, Le Devoir, 24 décembre 2020