9 janvier 2018
Huitième billet : À quoi servent les crises?
À quoi servent les crises?, pages 181 à 200
«Dans le cours des vents de la vie, nous avons toujours la possibilité de décider à quelle altitude nous désirons vivre la suite de notre existence. mais le faisons-nous vraiment? Avons-nous des raisons de changer quelque chose à nos habitudes si nous n’y sommes pas contraints? Dans ce contexte, les turbulences peuvent aussi bien nous détruire que nous obliger à évoluer. À nous de nous demander chaque fois que notre univers bascule quelle est la nouvelle ressource que la crise nous oblige à développer.» (p. 181)
«La crise déborde nos défenses, nous pousse hors de nos habitudes, et nous coupe dans un premier temps de nos ressources intérieures. Des solutions existent à un autre niveau, mais nous n’y avons pas encore accès. La plupart du temps, (.) notre but est moins de faire évoluer la situation que de la combattre. Nous avons perdu ce à quoi nous tenions et sommes omnibulés par cette perte. Nous souffrons et voulons à tout prix nous opposer à cette souffrance.» pp. 182-183)
«Une fois que nous serons ‹au fond du trou›, trois possibilités fondamentales différentes se présenteront:
1- Y rester;
2- Parvenir à retrouver l’équilibre précédemment perdu;
3- Gagner en compétences pour remonter plus haut qu’avant la crise.» (p. 183)
«En fait, la crise n’existe vraiment que dans la mesure où nous y résistons. Et elle durera aussi longtemps que nous nous accrocherons aux repères que nous avons perdus.» (p. 184)
«Le fatalisme n’est pas de mise. Si nous arrivons à changer ce qui peut l’être, n’hésitons pas à le faire, mais pour progresser, pas pour conserver le statu quo.» (p. 185)
«Notre résistance au changement est d’autant plus compréhensible que l’équilibre précédent nous comblait, mais il faut bien réaliser que c’est l’attitude de refus qui renforce notre souffrance. Cette compulsion à revenir en arrière est contraire au cours des choses. Il y a bien sûr des situations où nous devons nous battre pour survivre. (…)» (p. 185)
«Puisque lutter contre les vents est stérile, utilisons-les ou alors changeons d’altitude. Nous devons ainsi garder, lors de chaque crise, le recul nécessaire pour nous poser ces cinq questions fondamentales, l’une après l’autre, et y répondre, si possible par écrit
1- À quelle altitude me trouvais-jeprécédemment et dans quelle direction étais-je poussé?
2- Où suis-je maintenant et quelle est ma direction?
3- Dans quelle autre direction aimerais-je que ma vie m’emmène? Ou alors, mais la question est un peu plus difficile: Dans quelle direction la vie devrait-elle m’enmener?
4- Quelle altitude dois-je atteindre pour cela? En d’autre mots, quels sont les outils, les ressources, que je n’ai pas encore à ma disposition et que je devrais acquérir grâce à cette crise pour que ma vie prenne une meilleure direction?
5- Quel lest faut-il passer par-dessus bord? De quelles habitudes, croyances ou perceptions dois-je me débarrasser? Les réponses à ces questions nous montreront ce que la situation peut nous enseigner, et de quoi nous avons besoin pour évoluer, en nous-mêmes et vis-à-vis des autres. Les capacités qui nous manquent seront identifiées, et la crise deviendra le déclencheur pour les développer.» (p. 185-186)
«Chez les grecs anciens, le mot ‹krisis› signifiait la ‹décision›. N’est-ce pas réconfortant de comprendre la crise comme une décision à prendre plutôt que comme une longue lamentation?» (p. 187)
«(…) la ressource la plus importante à développer (…) est l’acceptation. L’acceptation que la situation est irréversible, irrémédiable; qu’il faudra s’en accommoder pour la suite de sa vie; (…) réaliser (…) que l’existence a peut-être un sens caché et que la quête de compréhension supérieure devrait faire partie de notre nouvelle vie. Les situations que nous ne pouvons pas changer ont le pouvoir de nous faire changer. C’est pourquoi les grandes crises devraient déboucher sur un changement d’altitude philosophique ou spirituelle. L’acceptation est un outil qui nous ouvre les portes de l’avenir, la rumination nous enferme dans le passé. Et le passé peut être tellement culpabilisant, tellement frustrant (…)» (pp. 197-198)
«Accompagnons donc la souffrance en lui accordant la place qu’elle demande. C’est la seule façon de la faire diminuer. (…) Il faut en effet éviter à tout prix une projection de cette souffrance actuelle dans le futur où elle risquerait (…) de devenir permanente. Si le présent fait mal, l’avenir ne doi pas être associé à cette douleur. Les chinois le disent bien : ‹Tu ne peux pas empêcher les oiseaux de malheur de voler, mais tu peux les empêcher de faire leur nid dans tes cheveux›». (p. 199)
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PICCARD, Bertrand, Changer d’altitude Quelques solutions pour mieux vivre sa vie, Stock, Paris, 2014, 301 pages.