7 janvier 2018
Sixième billet : Quelle réalité?
Quelle réalité?, pages 105 à 123
«Dans notre rapport aux autres, nous devons également apprendre à changer d’altitude. Abandonner l’idée d’une réalité unique, pour pouvoir construire nos relations en fonction du ressenti de chacun. Comprendre la communication comme un partage d’expériences et non comme un échange d’informations. (…)». (p. 105)
«(…) nous ne sommes aucunement ce que les autres imaginent en nous voyant et l’inverse est tout aussi vrai. Nous sommes uniquement le résultat du chemin que nous avons parcouru jusqu’à maintenant, la conséquence de toutes les expériences et conditionnements, peurs et espoirs, joies et peines que nous avons vécues. Nous ne pouvons donc pas être différents de ce que nous sommes, ni nous comporter autrement que nous le faisons à cet instant. C’est donc cela, tout cela, qu’il faut permettre à l’autre de découvrir, et découvrir en l’autre, si nous voulons construire une relation.» (p. 108)
«Je vous propose de vous entraîner à appliquer trois règles de base avec votre entourage:
– Parler de votre propre ressenti plutôt que de ce que dit votre interlocuteur;
– Partager des expériences au lieu de transmettre des informations;
– Réaliser qu’il y a autant de réalités différentes que d’individus.» (p. 116)
«C’est une règle d’or lorsqu’on discute avec quelqu’un: ne parlez pas de l’autre et ne jugez pas davantage son comportement, mais exprimez plutôt ce qu’il provoque en vous, ce que vous ressentez vous-mêmes vis-à-vis de son attitude. Partez de l’idée que ce n’est pas le partenaire qui commet une faute, c’est vous qui ne comprenez pas pourquoi il fait quelque chose de cette façon. Ce n‘est pas lui qui vous dérange, mais vous qui percevez négativement un de ses comportements. En espérant qu’il fasse de même.» (pp. 116-117)
«Beaucoup de problèmes relationnels proviennent d’une définition erronnée de la communication. On croit qu’on communique dès lors qu’on transmet des faits. Transmettre des faits ne relève pas de la communication mais de l’information. On communique véritablement quant on partage des expériences personnelles, pas quand on transmet des informations. Cela implique de partager ce que nous avons vécu dans notre passé, pour introduire une dimension personnelle et donc émotionnelle.» (p. 119)
«Quand vous parlez à quelqu’un, rendez-vous bien compte que les mots que vous prononcez correspondent, lorsqu’ils sortent de votre bouche, à une image, une émotion ou une représentation que vous pensez être très claires et univoques dans votre esprit. Du côté de votre interlocuteur, il n’en sera pas de même. Les mots arriveront soit sur un terrain vierge où ils devront être décodés, puis interprétés, soit sur un terrain familier, où ils seront tout de suite associés à des images, émotions ou représentations personnelles, qui peuvent se révéler différentes des vôtres. Une idée ou un ressenti qui passe dans notre conscience sera traduit en mots (première déformation) pour être communiqué à notre vis-à-vis (deuxième déformation). Ce dernier comprendra les mots comme il peut (troisième déformation) pour les retraduire en idées ou ressentis (quatrième déformation) qui seront interprétés en fonction de son propre vécu (cinquième déformation). Pensez à quelque chose. Mettez des mots dessus et prononcez-les à haute voix. Il est déjà peu probable que ce que vous allez dire corresponde exactement à votre idée de départ. Imaginez maintenant que quelqu’un entende ces mots, qu’il les passe au filtre de ce qu’il est d’accord de comprendre, qu’il essaie de les intégrer en fonction de son propre vécu, pour ensuite se créer une représentation mentale de ce que vous avez voulu dire. Croyez-vous qu’il est possible de vous comprendre? Bien sûr que non! Mais le pire est que chacun est persuadé du contraire. Des mots, des phrases ont certes été perçus, mais leur sens n’a pas été identique pour l’émetteur et pour le récepteur. Le sens sémantique parfois, mais le sens émotionnel rarement, puisque la représentation mentale qui en découle ne pourra pas être la même.» (pp. 119-120)
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PICCARD, Bertrand, Changer d’altitude Quelques solutions pour mieux vivre sa vie, Stock, Paris, 2014, 301 pages.