17 mai 2023
Un autre beau texte qui devrait culpabiliser notre indifférence. C’est ainsi que je reçois ce témoignage de Patrick Moreau sur La maison Garneau, lieu de mémoire.
Tous les articles sur notre patrimoine à la dérive, parce que victime de notre indifférence, m’attristent, me désolent. Comment expliquer un tel détachement envers notre filiation? Nous ne sommes pourtant pas les fruits de générations spontanées. Ce que nous sommes, ce que nous allons devenir sont indissociables de ce qui a été. Merci à ceux qui nous le rappellent et que nous devrions soutenir.
Patrick Moreau raconte de façon touchante sa fréquentation de la Maison Garneau où a vécu le premier historien du Québec, François-Xavier Garneau.
« La maison Garneau conserve entre autres la bibliothèque de son célèbre locataire, et je me souviens d’avoir, lors de ma visite, noté les titres de quelques-uns des ouvrages qu’elle contenait. Avoir ainsi accès aux lectures d’un intellectuel du passé, c’est un peu comme entrer en conversation avec lui; c’est aussi, en dépit des décennies et même des siècles qui nous en séparent, communier à travers quelques lectures communes: Virgile, Plutarque, Bossuet. »
Patrick Moreau plaide en ces termes:
« (…) contrairement au ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, je crois qu’il est de la responsabilité (…) de l’État de préserver le patrimoine du Québec et des Québécois, patrimoine qui ne peut être abandonné ni à la charge de municipalités,
(…) ni à celle de mécènes qui assument ainsi (…) une charge qui devrait être collective et publique. L’achat par l’État de cette maison Garneau permettrait d’en faire un lieu ouvert au public où l’on cultiverait la mémoire de l’un des premiers historiens du Québec. »
Malgré notre devise, Je me souviens, Patrick Moreau nous rappelle
qu’il n’existe aujourd’hui aucune édition courante de sa monumentale Histoire du Canada. D’un point de vue éditorial comme historiographique, cela ressemble fort à une aberration. Ou à une amnésie programmée. »
« On publie plus de 6000 livres chaque année au Québec, mais on ne préserve, en les rééditant, qu’une poignée d’auteurs anciens. (…) Mais que l’œuvre majeure de François-Xavier Garneau (comme celle de plusieurs autres écrivains importants) ne soit pas régulièrement rééditée, cela pèse sur la culture québécoise comme une inconsciente et déprimante contrariété (…) Quelle autre censure est pire que l’indifférence? »
Source:
MOREAU, Patrick / La maison Garneau, lieu de mémoire / Le Devoir / Section Idées / 17 mai 2023