4 octobre 2021
On parle, on rêve d’une vie «comme avant». Mais, curieusement, je n’y ai jamais cru.
Je crois qu’on oublie que, même au sein de notre propre vie personnelle sans histoire, toutes les expériences vécues influencent et modifient notre façon de penser, de ressentir, de réagir. Les mêmes gestes, posés à plusieurs années d’intervalles, nous ne les vivons pas de la même manière; l’expérience accumulée les colore.
Aller au théâtre, au concert, à un spectacle avant la pandémie et le faire après une privation imposée pendant plus de 18 mois, cela ne se vit pas de la même façon. Il y a, par exemple, la joie jaillit du manque, mais il y a aussi une certaine conscience du risque qui peut perdurer, il y a peut-être également une prise de conscience de la responsabilité individuelle, et il y a enfin l’acceptation nécessaire des contraintes qui demeurent. On pose le même geste qu’avant, mais pas dans le même état d‘esprit.
Dans ce sens, j’ai été impressionné par le commentaire de Yannick Nézet-Séguin qui disait que ce ne sera pas comme avant, mais que ce sera mieux qu’avant. Et moi, d’ajouter: il n’en tiendra qu’à nous d’accepter d’apprendre ce que la pandémie nous enseigne.
Nous n’aimons pas être dérangés, bousculés, contrariés. La vie ne nous demande pourtant jamais notre avis. Elle nous met au défi de nous adapter, d’être résilients et créatifs. La vision de Nézet-Séguin, dynamique et plein d’espoir, devrait nous inspirer. Les individus gâtés et les sociétés privilégiées ont tendance à se sentir victimes et à gémir. Pourtant ce sont les individus gâtés et les sociétés privilégiées qui disposent des moyens de se réinventer.
Réagissons positivement au lieu de subir passivement et négativement; ce que Nézet-Séguin exprime avec tellement plus de subtilité.